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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 12

  • Eva en août (Jonas Trueba)

    Contrairement à Delphine, l’héroïne du Rayon vert de Rohmer, l’Eva de Jonas Trueba (Itsaso Arana) décide en cet été 2018 de se fixer quelque part. Alors que la première ne cesse de changer de destination de vacances, la seconde reste à Madrid pendant la première quinzaine d’août. Installée dans un appartement prêté par un ami, Eva assistera aux fêtes populaires, aux célébrations de San Caetano, San Lorenzo et de la Vierge de Paloma. Le rapprochement entre Rohmer et Trueba est évident : les deux héroïnes solitaires cherchent quelque chose de l’ordre de l’épiphanie. Leurs quêtes invoquent le surnaturel, un mystérieux rayon vert pour l’une, la lune et les astres pour l’autre. Néanmoins, le film de Rohmer est dans mes souvenirs plus terre-à-terre, Delphine est une velléitaire cherchant dans la rencontre estivale un bonheur qui la fuit. Eva est cette virgen de agosto (titre original), cette vierge d’août décidée à enfanter quelque chose.

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  • Cinéclub : Poetry (Lee Chang-dong)

    Chercher un sens à donner à un monde incompréhensible, c’est ce que j’avais noté dans ma critique de Burning, le dernier film du coréen Lee Chang-dong. A y repenser, malgré ses beautés innombrables, ce film trop sophistiqué avait gardé pour moi un côté hermétique. Il m’avait perdu dans ses méandres autant qu’il perdait son « héros ». Poetry, film de 2010, est à l’image du fleuve qui coule en son début, son récit est plus fluide mais il porte le même besoin de trouver un sens au monde. Ce besoin se fait d’autant plus prégnant que l’eau charrie le cadavre d’une adolescente suicidée. Comment peut-on mourir à cet âge-là ?

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  • Cinéclub : L’ange de la vengeance (Abel Ferrara)

    L’Abel Ferrara que je connais très imparfaitement est ce cinéaste new yorkais fréquentant les festivals au bras d’Asia Argento ou Béatrice Dalle, révéré pour The King of New York, Bad Lieutenant ou Nos funérailles. Ce n’est pas usurpé : Bad Lieutenant me procure à chaque vision une dose de stupéfaction, merci Harvey Keitel. La drogue, la noirceur, la rédemption, l’imagerie catholique, d’accord mais Ferrara c’est presque une trentaine de films depuis 1976. Son premier long métrage est un film X (9 Lives of a wet pussy), son deuxième (The driller killer) est considéré comme un mélange de comédie et de slasher movie. Le troisième est cet Ange de la vengeance, petit objet fascinant d’1H17 qui synthétise parfaitement le côté impur de ce cinéaste à mi-chemin entre série B violente, réalisme et flashs esthétiques.

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  • Cinéclub: Elmer Gantry, le charlatan (Richard Brooks)

    Quand passent certains reportages TV sur la pratique religieuse des Américains, on est parfois médusé devant les manifestations de la foi évangélique. Certains mélanges assumés de mysticisme outrancier, de moralisme et de business laissent pantois. Pendant la campagne présidentielle, on a par exemple assisté à la prière débridée (et ridicule) de la pastoresse de Donald Trump, dame devenue richissime grâce à ses conseils spirituels… Elmer Gantry le charlatan, film de 1960 et adaptation du roman de Sinclair Lewis parle de ces phénomènes très populaires aux Etats-Unis, déjà à l’époque de la Prohibition. C’est au cours d’une de ses tournées qu’Elmer Gantry (Burt Lancaster), représentant en commerce, rejoint le mouvement religieux de Sister Sharon Falconer (Jean Simmons) dont il tombe amoureux. On parle ici de mouvements revivalistes : des prédicateurs auto-proclamés sillonnent l’Amérique rurale pour convertir en masse et condamner les vices de l’époque (alcool, fornication… athéisme).

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  • Cinéclub: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)

    L’enthousiasme récent que suscite Requiem pour un massacre, film soviétique sorti en 1985, peut se mesurer à la très belle matière publiée en bonus de l’édition DVD Potemkine. Après les interviews du réalisateur et de l’acteur principal Aleksei Kravchenko, on écoute dévotement les analyses de Gaspar Noé, Bertrand Mandico mais surtout celle de Nicolas Boukhrief qui fut un des rares critiques à le célébrer lors de sa sortie en France. Boukhrief met le manque de reconnaissance du film sur le compte de son caractère potentiellement propagandiste pour les critiques français. Il n’a pas tort. Bloqué par les autorités, Klimov a attendu plus de sept ans avant de lancer son projet. Le gouvernement biélorusse a donné son aval pour qu’il serve à célébrer les 40 ans de la victoire soviétique sur les nazis.

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  • Cinéclub : Le professeur (Valerio Zurlini)

    Jamais Rimini, station balnéaire sur l’Adriatique, n’a paru si triste. Est-ce là que les italiens vont bronzer tous les étés ? Les premières images sont mornes et venteuses, la mer est agitée, les feux de l’été sont loin quand le professeur Daniele Dominici (Alain Delon) arrive en ville. Certes il n’y a pas le vide des perspectives et le temps qui se dilate comme chez Antonioni mais l’atmosphère est proche, chargée de lassitude et d’ennui. Dominici prend son poste d’enseignant en littérature pour quelques mois dans un lycée, sans entrain ni envie. Il pourrait de désintéresser de son métier s’il n’y avait dans sa classe Vanina (Sonia Petrovna), dont il ressent le désarroi et la sensibilité blessée.

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