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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 11

  • Nomadland (Chloé Zhao)

    Les motifs du nomade, du vagabond traversant les Etats-Unis, tout cela nous ramène à Kerouac, à Sur la route, aux Clochards célestes et aux pionniers aussi. Des gens jeunes ont tout quitté pour trouver la terre promise ou un endroit où vivre provisoirement. Le territoire est immense, sans limite, la frontière est sans cesse repoussée. Je me souviens de Sal Paradise le héros de Kerouac qui ne peut jamais se fixer quelque part, un jour une récolte avec des migrants mexicains, un autre jour retrouvant des amis vagabonds. La route devient un but en soi, surtout ne jamais se fixer quelque part. Les nomades de Chloé Zhao sont à l’intersection entre ce mythe très américain et quelque chose de beaucoup plus sombre, la dépression économique. Contrairement aux hobos mythiques et jeunes qui peuplent cet imaginaire, les personnages de Nomadland sont des gens âgés ou proches de la retraite. On comprend qu’ils sont d’un poids négligeable pour le système économique qui les utilise de manière intermittente.

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  • La Nuée (Just Philippot)

    Après avoir vu Les Oiseaux d’Hitchcock, on peut avoir peur des nuées de volatiles. Après Les Dents de la mer, on n’aime plus trop nager en eau profonde. Et après La Nuée, craindra-t-on les sauterelles ? J’aimerais dire du premier film de Just Philippot qu’il fait partie de cette prestigieuse lignée de films et que ses insectes m’ont terrifié mais je ne suis pas si enthousiaste que cela. Peut-on observer que pour une fois une production française aura fait sa place dans le genre de l’horreur ? La Nuée est un film qui gagne en intensité à mesure qu’il avance, on peut même admettre qu’il réussit à être inquiétant. Et pourtant…

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  • Promising young woman (Emerald Fennell)

    On se voudrait spectateur d’une comédie cynique, un very bad truc de plus, un délire plein d’humour noir mais ce n’est pas vraiment le cas. Même si elle en emprunte la forme et les décors, l’histoire de Cassandra « Cassie » Thomas (Carey Mulligan), fille désabusée de la classe moyenne américaine, ne provoquera pas de grands éclats de rire. Le dialogue est émaillé de lignes drôles, l’ensemble est grinçant mais c’est à du drame auquel on a affaire. Cassie a abandonné ses études de médecine suite au viol collectif de Nina Fischer, une amie d’enfance morte depuis. Désespérant ses parents, elle végète dans un boulot de serveuse. La nuit, elle se déguise en fille facile et feint d’être saoule pour aimanter les mâles et les humilier.

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  • Cinéclub : La Religieuse (Jacques Rivette)

    « J’oubliais de vous dire que je vis mon père et ma mère, que je n’épargnai rien pour les toucher, et que je les trouvai inflexibles. Ce fut un M. l’abbé Blin, docteur de Sorbonne, qui m’exhorta, et M. l’évêque d’Alep qui me donna l’habit. Cette cérémonie n’est pas gaie par elle-même ; ce jour-là elle fut des plus tristes. Quoique les religieuses s’empressassent autour de moi pour me soutenir, vingt fois je sentis mes genoux se dérober, et je me vis prête à tomber sur les marches de l’autel. Je n’entendais rien, je ne voyais rien, j’étais stupide ; on me menait, et j’allais ; on m’interrogeait, et l’on répondait pour moi. Cependant cette cruelle cérémonie prit fin ; tout le monde se retira, et je restai au milieu du troupeau auquel on venait de m’associer. Mes compagnes m’ont entourée ; elles m’embrassent, et se disent : « Mais voyez donc, ma sœur, comme elle est belle ! comme ce voile noir relève la blancheur de son teint ! comme ce bandeau lui sied ! comme il lui arrondit le visage ! comme il étend ses joues ! comme cet habit fait valoir sa taille et ses bras !… » Je les écoutais à peine ; j’étais désolée. »

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  • Songbird (Andrew Mason)

    Voici une série B américaine qui nous parle d’un futur très proche et déjà familier. Le monde est confiné depuis quatre ans, sous la menace du Covid-23 qui fait bien plus de morts que le virus d’aujourd’hui. Les personnes contaminées sont envoyées de force en quarantaine dans des camps. Un film de plus dans ce registre post-apocalyptique qui a produit bien des œuvres cultes ou de solides divertissements. Parmi ces derniers, on pense par exemple à Seven sisters de Tommy Wirkola, qui évoque un monde surpeuplé dans lequel on interdit aux couples d’avoir plus d’un enfant et on se débarrasse de la progéniture en surplus. On voit que les menaces sanitaires, écologiques ou technologiques sont omniprésentes dans l’imaginaire collectif. La société capitaliste guette avec angoisse son propre effondrement et ses possibilités de survie.

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  • Ma vidéothèque idéale : Votez McKay (Michael Ritchie)

    2022 approche et la France va plonger dans la frénésie d’une campagne présidentielle. Avec leur lot de reportages et de débats de plateau, les élections dans une démocratie moderne sont un objet à ce point télévisuel qu’on compte sur les doigts d’une main les œuvres cinématographiques sur la conquête électorale. On en trouve moins que de films sur l’exercice du pouvoir mais on en trouve quelques-uns : je pense à la Conquête (Xavier Durringer), Les marches du pouvoir (George Clooney), Bob Roberts (Tim Robbins) ou Primary colors (Mike Nichols). Ce sont des fictions assez réussies, on peut leur préférer l’exercice documentaire, comme 1974, Une partie de campagne sur l’élection de Valéry Giscard d’Estaing. Et puis, il y a ce film de 1972 porté par Robert Redford, The candidate, Votez McKay en version française, qui conjugue les qualités du documentaire et de la fiction et qui est sans doute le plus convaincant dans le domaine. C’est le seul que je connaisse de Michael Ritchie, réalisateur dans les années 70-80, de bonne réputation si on jette un coup d’œil à sa filmographie.

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