John Huston
Nomadland (Chloé Zhao)
Les motifs du nomade, du vagabond traversant les Etats-Unis, tout cela nous ramène à Kerouac, à Sur la route, aux Clochards célestes et aux pionniers aussi. Des gens jeunes ont tout quitté pour trouver la terre promise ou un endroit où vivre provisoirement. Le territoire est immense, sans limite, la frontière est sans cesse repoussée. Je me souviens de Sal Paradise le héros de Kerouac qui ne peut jamais se fixer quelque part, un jour une récolte avec des migrants mexicains, un autre jour retrouvant des amis vagabonds. La route devient un but en soi, surtout ne jamais se fixer quelque part. Les nomades de Chloé Zhao sont à l’intersection entre ce mythe très américain et quelque chose de beaucoup plus sombre, la dépression économique. Contrairement aux hobos mythiques et jeunes qui peuplent cet imaginaire, les personnages de Nomadland sont des gens âgés ou proches de la retraite. On comprend qu’ils sont d’un poids négligeable pour le système économique qui les utilise de manière intermittente.