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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie

  • Les graines du figuier sauvage (Mohammad Rasoulof)

    Mohammad Rasoulof est sous surveillance des autorités iraniennes depuis 2010. Sa situation s’est dégradée lors du festival de Cannes 2024, quand le régime des Mollahs l’a condamné à 8 ans de prison pour « collusion contre la sécurité nationale ». Il était inévitable que le cinéaste quitte le territoire clandestinement. On imagine un de ces gardiens de la Révolution, soutien de la théocratie et censeur de profession, découvrir horrifié les 2H48 des graines du figuier sauvage. « Traître », « agent de l’extérieur », « mensonges »… ce qui est montré à l’écran ne peut être qu’insupportable pour un pion de ce pouvoir. Même si le film utilise abondamment le registre métaphorique, il ne se cache derrière aucun symbole hermétique ou aucune ambiguïté pour dénoncer la dictature et pour en appeler à son renversement.

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  • Emilia Perez (Jacques Audiard)

    Emilia Perez est un film original. Voilà, c’est dit, on ne peut pas le nier. L’acceptation à minima du film tel qu’il est, passe par l’adhésion du spectateur à un projet d’écriture tout à fait original. Il s’agit pour un réalisateur français et son scénariste (Thomas Bidegain) de proposer une légende mexicaine, celle de la transformation aussi bien physique que morale d’un narcotrafiquant ultra-violent en une femme dévouée et sainte. Avec l’aide de l’avocate qui l’a aidée à changer de vie (Zoe Saldana), Emilia (Karla Sofia Gascon) rachète les péchés de son ancienne existence en devenant femme puis en exhumant les victimes des barons de la drogue. C’est une histoire sainte et tragique comme un pays de tradition catholique marqué par la violence peut en produire. L’insolite réside dans l’histoire, dans le brassage des genres, mais l’argument de l’originalité s’épuise et ne se suffit pas à lui-même. Pendant la majorité du film, je me répétais que c’était du jamais vu comme une méthode Coué car je n’étais pas vraiment convaincu par ce que je voyais.

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  • Les fantômes (Jonathan Millet)

    Belle métaphore que ces fantômes du titre. Jonathan Millet, dont c’est le premier film de fiction après avoir œuvré dans le documentaire, nous parle de ces gens qui aujourd’hui errent dans le monde comme s’ils étaient morts. Hamid (Adam Bessa), syrien réfugié en France, est de ceux-là. Victime comme des milliers de compatriotes d’exactions, de tortures, il est le produit d’une tragédie déjà oubliée. Il a connu la prison de Saidnaya, près de Damas, dont on dit que 30,000 personnes y ont perdu la vie dans les années 2010. En Occident plus personne de parle de la Syrie de Bachar al-Assad, d’autres conflits sont là. Dans ce silence, Hamid est un des fantômes de cette guerre atroce menée par le dictateur, qui a produit aussi bien des victimes que des bourreaux. Jonathan Millet donne une force documentaire au portrait des uns (Hamid, sa mère, Yara) tout en esquissant le portrait des autres.

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  • Cinéclub : Un vrai crime d’amour (Luigi Comencini)

    Une romance prolétaire qui se transforme en mélodrame. Peut-être que cette ébauche de résumé n’est pas tentante à propos d’Un vrai crime d’amour mais précisons qu’il s’agit d’un film de Luigi Comencini datant de 1974 et qu’il vaut largement la peine d’être vu. Quand on évoque Comencini, on cite L’argent de la vieille (1976), excellente comédie avec Alberto Sordi, Casanova un adolescent à Venise (1969), tiré des mémoires de Casanova ou encore L’Incompris (1966), considéré comme un modèle de mélodrame. Sa riche filmographie se caractérise par son éclectisme, une œuvre comme Un vrai crime d’amour en est la preuve.

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  • Borgo (Stéphane Demoustier)

    Une prison, où qu’elle soit en France, est censée ressembler à une autre prison. La République impose des règles uniformes de détention sur le territoire. Mais quand Mélissa (Hafsia Herzi), surveillante pénitentiaire venue du continent, prend son poste à la maison d’arrêt d’Ajaccio, les choses sont différentes. Il y a un fonctionnement spécifique, en « régime ouvert », qui fait que les détenus, tous corses dans cette section particulière, peuvent circuler à leur guise et négocier certaines conditions de fonctionnement. Malfrats ou nationalistes de clans rivaux, vivant la trêve de la violence entre les murs, ils sont davantage chez eux que les gardiens qui les surveillent. Les scènes du quotidien, filmées dans un style réaliste très sobre, nous font sentir par les regards, les paroles échangées, les sous-entendus, qu’ici dominent des codes spécifiques à la Corse. L’île est petite, les murs poreux : tout ce qui est fait de bien ou de mal dans la prison peut entraîner des conséquences en dehors. Il est donc posé dès le début du film la nécessité de s’adapter à ce pays pour pouvoir y durer. Borgo sera donc pour Mélissa et sa famille l’histoire d’une intégration, voire d’une assimilation problématique.

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  • Cinéclub: Entre les murs (Laurent Cantet)

    A la frontière entre fiction (personnages fictifs, dialogues écrits) et documentaire (comédiens non professionnels, filmage idoine), le film produit un effet de réel assez fort et édifiant pour qu’on en tire une vision de l’institution qu’il met en scène : l’école en France dans les années 2000, représentée par le collège parisien Françoise Dolto.

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