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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie

  • Les fantômes (Jonathan Millet)

    Belle métaphore que ces fantômes du titre. Jonathan Millet, dont c’est le premier film de fiction après avoir œuvré dans le documentaire, nous parle de ces gens qui aujourd’hui errent dans le monde comme s’ils étaient morts. Hamid (Adam Bessa), syrien réfugié en France, est de ceux-là. Victime comme des milliers de compatriotes d’exactions, de tortures, il est le produit d’une tragédie déjà oubliée. Il a connu la prison de Saidnaya, près de Damas, dont on dit que 30,000 personnes y ont perdu la vie dans les années 2010. En Occident plus personne de parle de la Syrie de Bachar al-Assad, d’autres conflits sont là. Dans ce silence, Hamid est un des fantômes de cette guerre atroce menée par le dictateur, qui a produit aussi bien des victimes que des bourreaux. Jonathan Millet donne une force documentaire au portrait des uns (Hamid, sa mère, Yara) tout en esquissant le portrait des autres.

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  • Cinéclub : Un vrai crime d’amour (Luigi Comencini)

    Une romance prolétaire qui se transforme en mélodrame. Peut-être que cette ébauche de résumé n’est pas tentante à propos d’Un vrai crime d’amour mais précisons qu’il s’agit d’un film de Luigi Comencini datant de 1974 et qu’il vaut largement la peine d’être vu. Quand on évoque Comencini, on cite L’argent de la vieille (1976), excellente comédie avec Alberto Sordi, Casanova un adolescent à Venise (1969), tiré des mémoires de Casanova ou encore L’Incompris (1966), considéré comme un modèle de mélodrame. Sa riche filmographie se caractérise par son éclectisme, une œuvre comme Un vrai crime d’amour en est la preuve.

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  • Borgo (Stéphane Demoustier)

    Une prison, où qu’elle soit en France, est censée ressembler à une autre prison. La République impose des règles uniformes de détention sur le territoire. Mais quand Mélissa (Hafsia Herzi), surveillante pénitentiaire venue du continent, prend son poste à la maison d’arrêt d’Ajaccio, les choses sont différentes. Il y a un fonctionnement spécifique, en « régime ouvert », qui fait que les détenus, tous corses dans cette section particulière, peuvent circuler à leur guise et négocier certaines conditions de fonctionnement. Malfrats ou nationalistes de clans rivaux, vivant la trêve de la violence entre les murs, ils sont davantage chez eux que les gardiens qui les surveillent. Les scènes du quotidien, filmées dans un style réaliste très sobre, nous font sentir par les regards, les paroles échangées, les sous-entendus, qu’ici dominent des codes spécifiques à la Corse. L’île est petite, les murs poreux : tout ce qui est fait de bien ou de mal dans la prison peut entraîner des conséquences en dehors. Il est donc posé dès le début du film la nécessité de s’adapter à ce pays pour pouvoir y durer. Borgo sera donc pour Mélissa et sa famille l’histoire d’une intégration, voire d’une assimilation problématique.

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  • Cinéclub: Entre les murs (Laurent Cantet)

    A la frontière entre fiction (personnages fictifs, dialogues écrits) et documentaire (comédiens non professionnels, filmage idoine), le film produit un effet de réel assez fort et édifiant pour qu’on en tire une vision de l’institution qu’il met en scène : l’école en France dans les années 2000, représentée par le collège parisien Françoise Dolto.

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  • Civil War (Alex Garland)

    A propos des Etats-Unis, on parle régulièrement de guerre culturelle ou de pré-guerre civile exacerbées par deux camps politiques, « progressistes » et « ultra-conservateurs » qui s’affrontent par discours interposés. Mais l’image d’une vraie guerre civile qui fait des morts a été rendue possible par Donald Trump et ses partisans lors de l’assaut du Capitole de janvier 2021. Ce qui était dans les têtes est devenu un réel violent, diffusé en direct par les télévisions du monde entier. Alors qu’on aurait encore du mal à imaginer une guerre civile massive dans un pays européen, Civil War présente une situation immédiatement familière. On peut parler de dystopie tout en considérant que le futur cauchemardesque décrit par Alex Garland est déjà inscrit dans le présent d’un pays qui compte des centaines de groupes paramilitaires armés et des millions d’armes en circulation. Un pays qui a souvent exporté la violence hors de ses frontières, jusqu’à provoquer des catastrophes, comme en Irak.

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  • La Zone d’intérêt (Jonathan Glazer)

    C’est par la nausée que se conclue ce film assez sidérant du britannique Jonathan Glazer. Les dernières images montrent un Rudolf Höss (Christian Friedel), commandant du camp d’Auschwitz plié par des vomissements. Si le spectateur normal en partage la sensation, sonné par ce qu’il vient de voir, il ne s’identifie nullement à ce « manager » SS stressé par le fait de devoir exterminer rapidement des centaines de milliers de gens. Par son dispositif filmique fait de caméras fixes mais s’interdisant les gros plans et les travellings, le réalisateur instaure pour le spectateur un principe de distance inhibant à priori l’identification. Je dis à priori car les images de la famille Höss installée dans un pavillon confortable en bordure des infrastructures d’extermination seront particulièrement familières à tout spectateur vivant une vie matérielle occidentale. Il ne s’agit d’ailleurs pas que du confort d’une belle maison avec grand jardin. Le scénario multiplie les moments banals d’une vie de famille, terriblement familiers pour tous. Rudolf et Hedwig Höss (Sandra Huller) s’inquiètent pour la santé et l’éducation de leurs enfants. Ils se font évidemment du souci pour leur propre réussite sociale et leur bonheur alors que le mari est soumis à une forte pression de sa hiérarchie. Ils sont si loin et si proches de nous par leurs préoccupations que ça en est déstabilisant et c’est bien le but recherché dès l’entame. Ce sont des gens ordinaires proches de nous par le mode de vie.

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