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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 7

  • Babylon (Damien Chazelle)

    1926. Hollywood était encore une périphérie couverte de vergers. Grâce aux terrains bon marché et au climat agréable, les studios de cinéma avaient commencé à s’installer dès les années 10. Babylon débute dans ce décor désert, quand Manny (Diego Calva) doit convoyer un éléphant vers une villa où se tient une fête géante. L’éléphant chie abondamment et quelques minutes plus tard c’est une actrice éméchée qui pisse sur son amant. Damien Chazelle nous décrit un cinéma hollywoodien entre stade anal et jouissance juvénile. La musique pulse et les gens baisent furieusement dans une ambiance monstrueuse. La caméra ne cesse de chavirer entre les corps qui se chevauchent. 5 ans avant, le comique Roscoe « Fatty » Arbuckle était accusé de viol sur une jeune femme et la presse se déchaînait contre la décadence du milieu du cinéma. Il y a dans ce début de film un hommage à cet Hollywood gonflé de libido d’avant le code Hays, ce code moral imposé au cinéma à partir des années 30. Chazelle tente de produire une atmosphère à la Fellini, alternance sans fin de jouissances et de gueules de bois. La photographie de son film n’a pas le grain ensoleillé mais plutôt des teintes poussiéreuses qui lui donne un air malsain. Avec ses défécations et sécrétions multiples, Babylon est une vision bestiale d’Hollywood qui avale et régurgite.

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  • Venez voir (Jonas Trueba)

    Chronique tardive d’une œuvre singulière et quelque peu frustrante. Venez voir dure à peine 1H05 et se termine de manière aussi brusque qu’inattendue. Le réalisateur du très beau Eva en août a réalisé un film minimaliste certes mais qui décante semaine après semaine. On a accolé l’étiquette de film « rohmérien » à cette histoire de deux couples d’intellectuels séparés par le covid. Il y a un peu de Rohmer dans cette association de contraires qui conversent et philosophent : Elena et Daniel (Itsatso Arana / Vito Sanz) sont restés en ville tandis que Susana et Guillermo (Irene Escolar / Francesco Carril) ont profité de la crise pour s’éloigner de Madrid et vivre à la campagne. Comme l’éloignement géographique et le covid ont séparé les amis de longue date, Venez voir est une forme de cri du cœur pour se retrouver.

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  • Armaggedon time (James Gray)

    L’ « Armaggedon time » biblique invoqué par le candidat Ronald Reagan désigne le moment décisif du combat entre Bien et Mal. En 1980, le futur président se voyait comme le chevalier victorieux du Bien contre la décadence de l’Amérique. Mais pour le jeune Paul Graff (Banks Repeta), incarnation de James Gray adolescent, se jouait une lutte sourde pour ne pas devenir le rejeton de ce pays-là. Un pays assez féroce et raciste pour que son copain Johnny (Jaylin Webb), seul afro-américain de sa classe, soit sans cesse ramené à sa couleur de peau et à un rôle trop facile de fauteur de trouble. James Gray invoque sa jeunesse mais ne se complait nullement dans la nostalgie. L’émotion affleure plusieurs fois mais l’intime est toujours rattrapé par le politique et par l’Histoire qui se fait. Ici c’est Graff au lieu de Gray et le cinéaste n’oublie pas de citer le nom de ses grands-parents Greyzerstein qui ont fui les pogroms tsaristes pour se réfugier en Amérique. Sachant qui on est et d’où on vient, on reste sur ses gardes.

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  • Les Amandiers (Valeria Bruni-Tedeschi)

    Je m’attendais à mieux. La bande-annonce, les très bonnes critiques de la presse, ont joué sur mes attentes. Mais « l’affaire Bennacer » a depuis terni l’image du film. On parle aujourd’hui des accusations de viols à l’encontre de l’acteur principal et de la possible omerta de l’équipe de production. Pas de commentaires, on verra comment cette affaire aboutira. Je m’attendais à mieux et j’ai été déçu. Il était question pour Valeria Bruni-Tedeschi de raconter de manière fictionnelle son expérience du Centre dramatique national à Nanterre, parmi douze jeunes comédiens, sous l’égide de Patrice Chéreau. Cela se passait dans les années 80 (1986 pour la réalisatrice), il y avait le sida certes mais une gigantesque envie de vivre. On le ressent dès la séquence des auditions, quand Stella (Nadia Tereszkiewicz) évoque sa jeunesse qui risque de filer si elle ne devient pas comédienne. Parler d’envie de vivre, de ressentir, d’aimer, de baiser quand on est jeune, c’est légitime mais le film s’appelle Les Amandiers et l’ignorant que je suis aurait aimé comprendre en quoi ce lieu était unique, en quoi la vision de Patrice Chéreau (Louis Garrel) et celle de son acolyte (Micha Lescot) étaient novatrices pour le théâtre.

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  • La Conspiration du Caire (Tarik Saleh)

    Pour des raisons commerciales louables, ceux qui ont choisi le nom français du dernier film de Tarik Saleh ont privilégié sa dimension d’intrigue politique, son côté « film d’espionnage ». Allez voir une conspiration cairote, c’est plus prometteur que l’histoire d’un Boy from Heaven (Garçon venant du Paradis) qui est le titre international et la traduction littérale du titre en arabe. Cette histoire de titre reflète les lectures qu’on peut faire de ce film réellement captivant. Boy from Heaven est l’histoire initiatique d’Adam, fils de pêcheur qui va perdre son innocence et ses illusions en entrant à l’université d’Al-Azhar. La Conspiration du Caire est aussi le récit des luttes de pouvoir au sein de cette grande université islamique, entre l’institution religieuse et l’Etat égyptien.

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  • Netflix : Blonde (Andrew Dominik)

    Après avoir visionné les 2H46 de Blonde, il m’a fallu revoir Certains l’aiment chaud, comme si la comédie délicieuse de Wilder pouvait servir d’antidote à la Marilyn d’Andrew Dominik. Était-ce vraiment ça Marilyn Monroe ? Était-ce sa vie ? Le film est une adaptation du roman éponyme de Joyce Carol Oates et on sait que l’écrivaine américaine a fictionnalisé la star américaine, ce qu’on voit à l’écran ne correspondant pas toujours à la réalité. Mais le scénario a pris un parti pris radical : la vie de Marilyn Monroe n’aura été qu’une suite de traumatismes qui ne pouvaient aboutir qu’à cette fin tragique, overdose médicamenteuse, que tout le monde a retenu.

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