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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 7

  • Netflix : Athena (Romain Gavras)

    C’est la première production Netflix que je chronique dans ce blog. Je ne le fais hélas pas par enthousiasme, bien au contraire. La plateforme VOD a un savoir-faire incontestable, c’est son habileté publicitaire. Dès qu’elle sort une nouveauté, on le sait et on a envie de voir. N’étant pas un fan de séries, davantage un cinéphile, je suis peu sensible à son ergonomie colorée et à sa séduction algorithmique. Je suis vieux jeu, de tendance à me précipiter sur la liste des « classiques ». Mais interpelé par une bande-annonce de style « guerre civile », j’ai opté pour Athena, réalisation de Romain Gavras, « fils de » dont Le monde est à toi m’avait bien plu.

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  • As bestas (Rodrigo Sorogoyen)

    Vu en salle au milieu de l’été, ce drame âpre reste en mémoire. Il est avec La nuit du 12 l’un des plus beaux prétextes à retourner au cinéma cette année. Avant d’y aller sur la foi d’excellentes critiques et d’une bande-annonce très sombre, le film m’interrogeait sur son identité et son degré de violence : un drame familial ? Un film social ? Un thriller rural ? Et puis les premières images évoquent une terre peu montrée sur grand écran : la Galice, région rurale à la pointe nord-ouest de l’Espagne. Olga (Marina Fois) et Antoine (Denis Menochet) s’y sont installés comme néo-campagnards, attirés par la beauté de ces paysages boisés et vallonnés. Leur fille restée en France, le scénario nous laisse deviner qu’ils avaient de bons métiers, des amis mais que le charme d’une vie plus proche de la nature, à cultiver bio, à restaurer des masures, les a convaincus de s’installer.

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  • La nuit du 12 (Dominik Moll)

    Encore un film de flics, c’est une tradition dans le cinéma français. Celui-ci est inspiré du récit 18.3 — Une année à la PJ de Pauline Guéna. Comme un mélange de L’affaire SK1 (2014 – Frédéric Tellier) et de L.627 (1992 – Bertrand Tavernier), il narre la tentative de résolution d’un meurtre par la PJ de Grenoble tout en décrivant un certain quotidien policier. Le scénario raconte comment une équipe d’enquêteurs tente d’élucider l’assassinat sordide d’une jeune femme sur plus de 3 ans, la frustration qui s’accumule, les fausses pistes, le temps qui passe. Les nombreuses scènes de commissariat décrivent aussi un état d’esprit policier, des réflexes d’enquête, une routine de procédures et de soucis matériels et personnels. On se plaint de la photocopieuse qui ne fonctionne pas mais c’est à petite touche, on ne nous sert pas de discours syndical sur le manque de moyens, ce n’est pas le sujet.

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  • Elvis (Baz Luhrmann)

    Tout simplement Elvis, sans le nom de famille dans le titre, comme pour dire son affection. Pour le réalisateur Baz Luhrmann, le chanteur mythique de la culture populaire a tellement aimé la scène et le public qu’il était légitime de lui rendre cet amour. En 2H39 donc le cinéaste australien livre un portrait positif et généreux de l’idole, de son éclosion jusqu’à sa mort. Elvis est dépeint comme un être bon et innocent, détruit par la cupidité de son agent le Colonel Parker. Derrière l’artiste solaire sur scène, joliment incarné par un Austin Butler à la face angélique, magouille une grosse limace doucereuse, habilement jouée par Tom Hanks. Le film est donc marqué par la dualité entre deux corps qui se complètent plus qu’ils ne s’affrontent : le corps juvénile et débordant d’énergie du performer, le corps lent et boursouflé du businessman.

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  • Cinéclub : Redacted (Brian De Palma)

    Décrit à sa sortie en 2007 comme un brûlot contre la Guerre du Golfe, Redacted a sans doute bénéficié de la mansuétude de la critique française. Hélas pour ceux qui aiment l’œuvre de De Palma, cela fait depuis plus de 20 ans (depuis Snake eyes ?) que le cinéaste a perdu de son lustre. Servi par des acteurs inconnus, assez démonstratif, Redacted tente à la fois la description objective d’une réalité écœurante et la mise à nu du concept de vérité dans nos sociétés gavées d’images. Le titre signifie « caviardé », expression désignant ces rapports raturés de l’armée américaine passant sous silence les bavures et exactions à l’encontre de la population irakienne. Par le biais des images, il s’agit de montrer une vérité étouffée, déformée, que personne n’a envie d’entendre : comment des soldats US en garnison à Samarra, Irak, ont violé une fille de 15 ans puis l’ont exécutée avec le reste de sa famille.

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  • Tromperie (Arnaud Desplechin)

    Les interviews à propos de Tromperie permettent à Arnaud Desplechin d’avouer sa dette envers l’écrivain américain Philip Roth. L’œuvre de Roth, que je connais très partiellement (Portnoy et son complexe, grand souvenir de lecture), est constituée d’une quarantaine de romans dans lesquels il excelle à brouiller les frontières entre réel et fiction. Desplechin l’avoue, il voulait reproduire par sa réalisation cette bascule autofictionnelle entre vie et imaginaire. Il s’est pour cela approprié Tromperie, un texte très fragmentaire publié en 1990 et composé uniquement de dialogues entre Philip, écrivain américain installé à Londres et plusieurs femmes dont sa maîtresse et son épouse. Ce serait à travers ce roman en forme d’essai que Desplechin aurait trouvé l’inspiration de Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle).

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