John Huston
Priscilla (Sofia Coppola)
Dire du bien de Priscilla, est-ce un combat perdu d’avance ? Les adjectifs pleuvent comme des flèches et les critiques sont acerbes : insipide, fade, lisse, ennuyeux… On a même renommé le film d’un assassin « Priscilla, molle du désert » et c’est plutôt bien trouvé même si ça me paraît injuste. Alors que dans son électrisant Elvis, Baz Luhrmann a choisi de célébrer le chanteur en ange de la musique foudroyé par la cupidité de son manager, Sofia Coppola brosse le portrait cotonneux d’un personnage des coulisses, secondaire pourrait-on dire, celui de l’épouse, de la « femme de ». Priscilla Beaulieu a 14 ans quand elle rencontre le chanteur pendant son service militaire en Allemagne en 1958, le couple divorce en 1973 alors que le King amorce son déclin physique et personnel. Quand elle lui annonce son départ, assommé de médicaments il a tout juste la force de dire son incompréhension : comment peut-elle quitter une situation dont toute femme rêverait ? C’est bien ça le sujet : quitter le conte de fée, le rêve illusoire pour pouvoir enfin vivre une vie à soi. Passer de jeune fille rêvant du prince charmant à femme débarrassée des illusions de l’enfance.