Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 3

  • Barbie (Greta Gerwig)

    C’est quand même problématique de chroniquer un film qui est le dérivé d’un produit célèbre du marketing américain. Certes, ce n’est pas une surprise car Mattel a supervisé et financé le film de Greta Gerwig mais on ne peut s’empêcher d’y voir un message publicitaire déguisé en production cinématographique. Si Barbie a son film et Mattel pratiquement deux heures pour défendre sa poupée stéréotypée, pourquoi Coca Cola n’aurait pas le droit de créer sa propre saga et de faire passer des messages pro-domo ? « Certes nous avons contribué à l’explosion du diabète et de l’obésité mais ce n’était pas voulu, nous sommes une marque synonyme de plaisir et de liberté depuis plus de 100 ans, il ne faut pas voir le mal partout ! » J’ai vu passer un soir une bande-annonce d’un film avec Matt Damon racontant la « passionnante » histoire de la Air Jordan de Nike, célèbre basket portée par Michael Jordan (Air, réalisé par Ben Affleck, une production Amazon Prime). C’est donc que Hollywood, désespéré de trouver des sujets, puise maintenant ses intrigues dans l’histoire des marques et des concepts marketing… est-ce que les céréales Kellogg’s auront leur grand film hollywoodien ? On a hâte de le savoir.

    Lire la suite

  • Ma vidéothèque idéale : Les Nuits de Cabiria (Federico Fellini)

    Si on veut découvrir le « Maestro » Fellini, il faut peut-être commencer par un film plus facile que les conceptuels Huit et demi ou La Dolce vita, par exemple un film témoignant d’une forte empathie avec son personnage principal. De Fellini, je préfèrerai toujours Les Vitelloni (1953) et Les nuits de Cabiria (1958) qui m’enthousiasme à chaque vision. L’empathie en question doit beaucoup à Giulietta Masina qui a créé ce personnage original de prostituée qui se fait constamment avoir par la vie. La première séquence révèle l’essence du personnage. Cabiria gambade au bras d’un homme. Les deux corps filmés de loin miment l’amour et la romance de façon comique. La jeune femme et son amant Giorgio se tournent autour jusqu’à atteindre la rive du Tibre. Elle fait tournoyer son sac à main au-dessus de lui. On devine soudain qu’il va se passer quelque chose. Plouf ! Elle se fait balancer à l’eau par le type et manque de se noyer ! Giorgio est parti avec les sous. C’est l’histoire de sa vie qui est résumée dans cette séquence d’ouverture . Cabiria, dont on apprend qu’elle est prostituée est passée en une seconde de la félicité au malheur. Sa vie suivra donc cette alternance d’illusions et de désillusions sans qu’elle y puisse grand-chose.

    Lire la suite

  • L’île rouge (Robin Campillo)

    J’ai été d’emblée surpris par certains des choix narratifs de Robin Campillo. J’ai souvent apprécié son travail passé (120 battements par minute, Eastern boys) mais ils font que L’île rouge est une œuvre inégale, fascinante et maladroite. C’est Fantômette, héroïne célèbre de Bibliothèque rose, qui ouvre le récit, chronique de l’enfance de Thomas (Charlie Vauzelle) sur une base militaire à Madagascar. On la voit déjouer les plans de ses ennemis dans plusieurs séquences fantastiques qui contrastent avec le reste du film. Ce n’est pas que la petite justicière née en 1961 soit un choix idiot pour un enfant de 8 ans dévorant de la littérature jeunesse au début des années 70 mais sa présence a parfois tendance à nous faire sortir du récit. L’ile rouge navigue entre la description naturaliste d’un milieu replié sur lui-même, les militaires français imprégnés de colonialisme, et des séquences flottantes et esthétiques à la Claire Denis. Le mélange est détonnant, parfois envoutant, parfois stérile.

    Lire la suite

  • Disco boy (Giacomo Abbruzzese)

    Qui n’a jamais cherché et ressenti, sur une piste de danse, cette sensation de fusion avec le monde ? Fusion, symbiose, sentiment océanique, plénitude : emporté par la pulsation, on se fond dans la masse des danseurs. Dans Disco boy, la bande-son est fondamentale et colle à cette recherche de ne faire qu’un avec l’univers. Qu’on l’appelle techno ou électro, elle a été composée par le français Vitalic, artiste de référence dans la musique électronique. Ses pulsations et nappes synthétiques accompagnent tantôt les moments de rêverie, tantôt les séquences plus physiques du film, quand les personnages ne sont plus que des corps en quête d’unité avec le monde.

    Lire la suite

  • Le capitaine Volkonogov s’est échappé (Natasha Merkulova, Aleksey Chupov)

    On doit à ce duo de réalisateurs russes qu’on ne connaissait pas un moment exceptionnel de cinéma. Le titre et l’affiche font penser à un film d’action déjanté, une sorte de Mad Max communiste mais s’il fallait qualifier cette œuvre, on parlerait de course poursuite mystique sur fond historique. L’affiche française rouge sang le rappelle : « 1938. Staline purge ses propres rangs. » Fedor Volkonogov, interprété par l’excellent Youri Borissov (Compartiment n°6), est un capitaine du NKVD, les services de sécurité intérieurs. Il est un des rouages du système de persécution soviétique pendant les grandes purges de 1936-1938. Emprisonnements, tortures, exécutions de masse, déportations : il n’arrête pas, peu importe que les gens soient innocents ou coupables. Pour parler un peu d’Histoire, c’est l’époque où le NKVD est repris en main par Nikolaï Iejov, avec la bénédiction de Staline, et la machine s’emballe au point de causer 750,000 exécutions. Pour se dédouaner de tous ces massacres, Staline se débarrassera de Iejov et on comprend que le film débute justement au moment où les bourreaux, dont Volkonogov, sont devenus trop gênants. 14000 tchékistes seront éliminés.

    Lire la suite

  • About Kim Sohee (July Jung)

    Ce n’est pas la première fois que le cinéma coréen utilise le thème du suicide adolescent et en fait le révélateur d’une société profondément malade. Dans Poetry, le suicide d’une lycéenne révélait à une vieille dame excentrique la cruauté du monde social. Le film de Lee Chang-dong prenait des chemins plus détournés et un peu plus subtiles que le film de July Jung pour évoquer cette société prompte à étouffer les affaires qui perturbent son apparente harmonie. Divisée en deux parties, About Kim Sohee est une œuvre démonstrative et linéaire dans son récit. En résumé, c’est l’histoire d’une lycéenne, Kim Sohee (Kim Si-eun) ayant décroché un stage chez un sous-traitant de Korea Telecom, qui se retrouve broyée par son travail. Son suicide amène une inspectrice de police obstinée (Doona Bae) à enquêter sur le système corrompu des stages qui gangrène le pays.

    Lire la suite