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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 5

  • Killers of the flower moon (Martin Scorsese)

    Il n’y a plus d’adrénaline dans le cinéma de Martin Scorsese. Le dernier shoot date de 2013, de ce Loup de Wall Street gorgé de mauvais goût et férocement satirique. Après cette farce dont je ne me suis pas remis, j’ai dû capituler devant Silence (2016) puis The Irishman (2019) qui à ma grande honte m’ont tiré des bâillements d’ennui. Depuis 10 ans, il n’y a plus de bande-son rock’n’roll ni d’énergie morbide comme dans Casino (1995) mais la violence est toujours là et Scorsese a réussi à renouveler son cinéma, gardant le tragique mais troquant l’énergie animale pour quelque chose de funèbre. Les quasi 3H30 de ce Killers ont le rythme oppressant et l’ampleur d’une série documentaire effrayante, une sorte de Shoah dédié aux indiens d’Amérique. On parle ici de l’histoire véridique du peuple Osage, réfugié en Oklahoma, dont le malheur a été de découvrir du pétrole sur leurs terres. Tiré du livre enquête de David Grann, Killers raconte comment dans les années 20 ce peuple a été victime d’assassinats organisés qui ont conduit à une enquête du FBI.

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  • Le règne animal (Thomas Cailley)

    La chair qui mute, qui dégénère pour le pire, c’est un thème que j’ai découvert à travers le cinéma de Cronenberg. Dans Rage (1977), une greffe de peau échoue et crée sur le corps d’une femme accidentée un dard assoiffé de sang. Dans la Mouche (1986), le code génétique d’un scientifique fusionne avec celui d’une mouche, provoquant sa longue agonie. La science transforme les corps en un autre chose qui s’apparente au monstrueux. L’humanité pénétrée de technologie accélère la catastrophe de sa propre chute. Dans Le règne animal de Thomas Cailley, remarqué pour l’excellent les combattants (2014), le thème de la transformation est traité de manière plus terre-à-terre et moins tragique que le cinéma glacial de Cronenberg. Centré sur un noyau familial auquel on peut s’identifier facilement (un père et son fils voient leur mère se transformer en animal), il tire son succès (plus de 600,000 entrées en salle) de sa proximité avec le spectateur: nous raconter quelque chose d’inquiétant, tout en utilisant les codes du film de genre (teen-movie, fantastique), de manière positive.

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  • Les feuilles mortes (Aki Kaurismäki)

    Cela fait quatre ans que la Finlande est en tête du classement des Etats par indice du bonheur. D’après ce World Happiness Report, étude sérieuse menée sous l’égide des Nations-Unis, les Finlandais seraient les gens les plus heureux du monde. Dans les films de Kaurismäki, cela ne se voit et ne s’entend pas du tout !

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  • Le livre des solutions (Michel Gondry)

    Sommé de s’expliquer par son producteur et ses financeurs atterrés devant les premiers extraits de son film, Marc Becker (Pierre Niney) n’a d’autre choix que d’en voler les images pour fuir Paris et terminer le montage dans les Cévennes chez sa tante Denise (François Lebrun). Il emmène avec lui son assistante Sylvia (Frankie Wallach) et sa monteuse Charlotte (Blanche Gardin). Quelque chose se joue pour Marc loin de la capitale : la préservation de son intégrité artistique mais peut-être davantage, son équilibre personnel rongé par la peur de l’échec et la dépression.

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  • Yannick (Quentin Dupieux)

    On peut faire dire beaucoup de choses au cinéma de Quentin Dupieux, notamment politiques mais lui-même s’en défend : « Alors, politiquement, je ne pense rien, déjà. Il y a des artistes qui s’en chargent et qui sont parfaits. Mais, comme tout le monde, je vois les infos, je reçois tous les pépins de l’époque, ils viennent à moi. » (lire son interview sur le site Trois couleurs du réseau MK2) Effectivement, son cinéma absurde résonne de choses contemporaines, c’était très net dans Fumer fait tousser (2022), farce power-rangers habitée par l’angoisse de la fin du monde. Mais dans le temps assez court de ses long-métrages, qui durent rarement plus d’1h10, il n’est jamais question de discourir sérieusement en s’appropriant un sujet de société. Il y a toujours le goût prononcé du concept absurde, irréaliste, que le réalisateur se plaît à dérouler jusqu’au bout et qui l’emporte sur tout le reste. Son cinéma est comme un jeu nouveau proposé à des acteurs consentants, dont les spectateurs découvrent les règles au moment de la projection. Nous spectateurs sommes toujours un peu les cobayes du cinéma de Quentin Dupieux.

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  • Barbie (Greta Gerwig)

    C’est quand même problématique de chroniquer un film qui est le dérivé d’un produit célèbre du marketing américain. Certes, ce n’est pas une surprise car Mattel a supervisé et financé le film de Greta Gerwig mais on ne peut s’empêcher d’y voir un message publicitaire déguisé en production cinématographique. Si Barbie a son film et Mattel pratiquement deux heures pour défendre sa poupée stéréotypée, pourquoi Coca Cola n’aurait pas le droit de créer sa propre saga et de faire passer des messages pro-domo ? « Certes nous avons contribué à l’explosion du diabète et de l’obésité mais ce n’était pas voulu, nous sommes une marque synonyme de plaisir et de liberté depuis plus de 100 ans, il ne faut pas voir le mal partout ! » J’ai vu passer un soir une bande-annonce d’un film avec Matt Damon racontant la « passionnante » histoire de la Air Jordan de Nike, célèbre basket portée par Michael Jordan (Air, réalisé par Ben Affleck, une production Amazon Prime). C’est donc que Hollywood, désespéré de trouver des sujets, puise maintenant ses intrigues dans l’histoire des marques et des concepts marketing… est-ce que les céréales Kellogg’s auront leur grand film hollywoodien ? On a hâte de le savoir.

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