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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 5

  • Disco boy (Giacomo Abbruzzese)

    Qui n’a jamais cherché et ressenti, sur une piste de danse, cette sensation de fusion avec le monde ? Fusion, symbiose, sentiment océanique, plénitude : emporté par la pulsation, on se fond dans la masse des danseurs. Dans Disco boy, la bande-son est fondamentale et colle à cette recherche de ne faire qu’un avec l’univers. Qu’on l’appelle techno ou électro, elle a été composée par le français Vitalic, artiste de référence dans la musique électronique. Ses pulsations et nappes synthétiques accompagnent tantôt les moments de rêverie, tantôt les séquences plus physiques du film, quand les personnages ne sont plus que des corps en quête d’unité avec le monde.

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  • Le capitaine Volkonogov s’est échappé (Natasha Merkulova, Aleksey Chupov)

    On doit à ce duo de réalisateurs russes qu’on ne connaissait pas un moment exceptionnel de cinéma. Le titre et l’affiche font penser à un film d’action déjanté, une sorte de Mad Max communiste mais s’il fallait qualifier cette œuvre, on parlerait de course poursuite mystique sur fond historique. L’affiche française rouge sang le rappelle : « 1938. Staline purge ses propres rangs. » Fedor Volkonogov, interprété par l’excellent Youri Borissov (Compartiment n°6), est un capitaine du NKVD, les services de sécurité intérieurs. Il est un des rouages du système de persécution soviétique pendant les grandes purges de 1936-1938. Emprisonnements, tortures, exécutions de masse, déportations : il n’arrête pas, peu importe que les gens soient innocents ou coupables. Pour parler un peu d’Histoire, c’est l’époque où le NKVD est repris en main par Nikolaï Iejov, avec la bénédiction de Staline, et la machine s’emballe au point de causer 750,000 exécutions. Pour se dédouaner de tous ces massacres, Staline se débarrassera de Iejov et on comprend que le film débute justement au moment où les bourreaux, dont Volkonogov, sont devenus trop gênants. 14000 tchékistes seront éliminés.

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  • About Kim Sohee (July Jung)

    Ce n’est pas la première fois que le cinéma coréen utilise le thème du suicide adolescent et en fait le révélateur d’une société profondément malade. Dans Poetry, le suicide d’une lycéenne révélait à une vieille dame excentrique la cruauté du monde social. Le film de Lee Chang-dong prenait des chemins plus détournés et un peu plus subtiles que le film de July Jung pour évoquer cette société prompte à étouffer les affaires qui perturbent son apparente harmonie. Divisée en deux parties, About Kim Sohee est une œuvre démonstrative et linéaire dans son récit. En résumé, c’est l’histoire d’une lycéenne, Kim Sohee (Kim Si-eun) ayant décroché un stage chez un sous-traitant de Korea Telecom, qui se retrouve broyée par son travail. Son suicide amène une inspectrice de police obstinée (Doona Bae) à enquêter sur le système corrompu des stages qui gangrène le pays.

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  • Toute la beauté et le sang versé (Laura Poitras)

    D’où vient ce titre qu’on croirait extrait d’un poème ? Le spectateur attendra les derniers moments de ce documentaire pour en comprendre l’origine. Entretemps, le film de Laura Poitras aura brassé et embrassé plusieurs thématiques qui loin d’éparpiller son propos en décuplent sa force. La beauté et le sang versé se réfèrent à tant de choses dans la vie de la photographe Nan Goldin : la beauté de l’engagement collectif contre le fléau des opioïdes et le sang des 500000 américains morts d’overdose, la beauté de ce monde marginal, intime, gay, lesbien, sexuel, nocturne que sa photographie a révélé et le sang qu’ils ont payé dans les années SIDA, la beauté d’une sœur aînée et aimée et le malheur qu’elle a subi. Il n’est pas évident de faire cohabiter autant de lignes narratives dans un film d’1H57 et peut-être que certains spectateurs y verront un manque de cohérence mais j’ai été ému par cette autobiographie qui sans cesse part de l’intime pour se projeter dans le combat collectif.

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  • La femme de Tchaïkovski (Kirill Serebrennikov)

    On ne peut que reconnaître le sens esthétique et la sophistication visuelle du cinéma de Kirill Serebrennikov. Aidé de son directeur de la photographie Vladislav Opelyants, il sait créer des atmosphères oniriques, fiévreuses et anxiogènes. Qu’on pense à Leto et ses rockers, à la fièvre de Petrov et son dessinateur de BD ou à cette femme de Tchaïkovski, le mariage de l’Art et du social provoque de furieuses convulsions, des débordements esthétiques allant jusqu’à produire des effets clips qu’on peut trouver gratuits et maniérés. Jusqu’à présent, ce cinéma éblouit par sa virtuosité mais produit peu d’émotions et La femme de Tchaïkovski demeure dans cette lignée.

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  • Babylon (Damien Chazelle)

    1926. Hollywood était encore une périphérie couverte de vergers. Grâce aux terrains bon marché et au climat agréable, les studios de cinéma avaient commencé à s’installer dès les années 10. Babylon débute dans ce décor désert, quand Manny (Diego Calva) doit convoyer un éléphant vers une villa où se tient une fête géante. L’éléphant chie abondamment et quelques minutes plus tard c’est une actrice éméchée qui pisse sur son amant. Damien Chazelle nous décrit un cinéma hollywoodien entre stade anal et jouissance juvénile. La musique pulse et les gens baisent furieusement dans une ambiance monstrueuse. La caméra ne cesse de chavirer entre les corps qui se chevauchent. 5 ans avant, le comique Roscoe « Fatty » Arbuckle était accusé de viol sur une jeune femme et la presse se déchaînait contre la décadence du milieu du cinéma. Il y a dans ce début de film un hommage à cet Hollywood gonflé de libido d’avant le code Hays, ce code moral imposé au cinéma à partir des années 30. Chazelle tente de produire une atmosphère à la Fellini, alternance sans fin de jouissances et de gueules de bois. La photographie de son film n’a pas le grain ensoleillé mais plutôt des teintes poussiéreuses qui lui donne un air malsain. Avec ses défécations et sécrétions multiples, Babylon est une vision bestiale d’Hollywood qui avale et régurgite.

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