Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

anne hathaway

  • Armaggedon time (James Gray)

    L’ « Armaggedon time » biblique invoqué par le candidat Ronald Reagan désigne le moment décisif du combat entre Bien et Mal. En 1980, le futur président se voyait comme le chevalier victorieux du Bien contre la décadence de l’Amérique. Mais pour le jeune Paul Graff (Banks Repeta), incarnation de James Gray adolescent, se jouait une lutte sourde pour ne pas devenir le rejeton de ce pays-là. Un pays assez féroce et raciste pour que son copain Johnny (Jaylin Webb), seul afro-américain de sa classe, soit sans cesse ramené à sa couleur de peau et à un rôle trop facile de fauteur de trouble. James Gray invoque sa jeunesse mais ne se complait nullement dans la nostalgie. L’émotion affleure plusieurs fois mais l’intime est toujours rattrapé par le politique et par l’Histoire qui se fait. Ici c’est Graff au lieu de Gray et le cinéaste n’oublie pas de citer le nom de ses grands-parents Greyzerstein qui ont fui les pogroms tsaristes pour se réfugier en Amérique. Sachant qui on est et d’où on vient, on reste sur ses gardes.

    Lire la suite

  • Dark Waters (Todd Haynes)

    A mes yeux de cinéphile, Todd Haynes a le privilège de faire partie d’une caste dorée, celle des quelques réalisateurs américains qu’on peut qualifier sans rougir d’auteurs. Un auteur marquant à côté de quelques autres de sa génération (Paul Thomas Anderson, les frères Coen, Jarmush, Wes Anderson, Tarantino, Van Sant). Sa filmographie se distingue par sa sophistication esthétique et son sens de la reconstitution, évidents dans des films comme Carol, Loin du paradis ou Le musée des merveilles. J’avais été touché aussi par Velvet Goldmine, déclaration d’amour au glam rock de David Bowie et Roxy Music.

    D’un point de vue thématique, Haynes est un cinéaste des identités multiples et contradictoires, ses personnages ont plusieurs visages comme Bob Dylan dans I’m not there (incarné par cinq acteurs différents) et des déchirements comme Carol, à la fois épouse modèle et lesbienne. Haynes est un auteur typiquement américain en ce qu’il utilise des images fortement reconnaissables et stéréotypées de son pays (l’Amérique des années 50 par exemple) pour mieux en explorer les failles et les tourments. Dark Waters a été considéré à sa sortie comme un film insolite dans son œuvre. C’est un film dossier basé sur des faits réels mais qui reste fidèle à ses préoccupations. Rob Bilott, incarné par le toujours bon Mark Ruffalo, est un personnage typiquement « haynesien ». Cet homme devait suivre un destin déjà écrit avant de dévier de sa trajectoire.

    Lire la suite