John Huston
Toute la beauté et le sang versé (Laura Poitras)
D’où vient ce titre qu’on croirait extrait d’un poème ? Le spectateur attendra les derniers moments de ce documentaire pour en comprendre l’origine. Entretemps, le film de Laura Poitras aura brassé et embrassé plusieurs thématiques qui loin d’éparpiller son propos en décuplent sa force. La beauté et le sang versé se réfèrent à tant de choses dans la vie de la photographe Nan Goldin : la beauté de l’engagement collectif contre le fléau des opioïdes et le sang des 500000 américains morts d’overdose, la beauté de ce monde marginal, intime, gay, lesbien, sexuel, nocturne que sa photographie a révélé et le sang qu’ils ont payé dans les années SIDA, la beauté d’une sœur aînée et aimée et le malheur qu’elle a subi. Il n’est pas évident de faire cohabiter autant de lignes narratives dans un film d’1H57 et peut-être que certains spectateurs y verront un manque de cohérence mais j’ai été ému par cette autobiographie qui sans cesse part de l’intime pour se projeter dans le combat collectif.