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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 27

  • Ma vidéothèque idéale : Raging Bull (Martin Scorsese)

    Martin Scorsese ne voulait pas le réaliser malgré l’insistance de Robert de Niro. L’acteur de Taxi driver avait aimé la biographie du boxeur Jack LaMotta et comptait sur Scorsese pour en tourner l’adaptation. On sait que la vie personnelle du réalisateur était très chaotique à la fin des années 70 (drogue, dépression, maladie) et que l’insuccès de New York New York (1977) aggrava son état. Le scénario de Raging Bull connut plusieurs remaniements, notamment par Paul Schrader, déjà scénariste de Taxi driver, qui ajouta des éléments plus crus au personnage principal. Celui qui est aujourd’hui un réalisateur prestigieux et un grand passeur du patrimoine cinématographique, ressemblait à une rock-star déchue, minée par ses angoisses. Scorsese s’épuisa dans la réalisation de Raging Bull, n’en fut pas récompensé (bide au box-office américain) mais le film ne reflète aucunement les déraillements de son créateur. Le regarder aujourd’hui est un immense plaisir. Il y eut plus tard Les affranchis ou Casino mais celui-là, quel chef-d’œuvre !

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  • Burning (Lee Chang-Dong)

    « Notre palme » proclame Télérama à propos de Burning, dénonçant ainsi le niveau consensuel et sans doute un peu faible de la compétition cannoise en 2018. En un autre temps, il est probable que ce film coréen exigeant aurait remporté la récompense car il « coche » toutes les cases du film d’auteur. Il avance à un rythme lent sur une durée de 2H28. Il ne se résume pas un genre clairement défini (thriller, drame, comédie) mais en combine plusieurs. Lui-même adaptation d’une nouvelle d'Haruki Murakami, il exhibe des références littéraires (Faulkner, Fitzgerald) ainsi que cinématographiques prestigieuses (Antonioni, Hitchcock). Il résulte un film étrange, souvent hermétique, plein de fulgurances poétiques. On pourra toujours reprocher au réalisateur coréen sa sophistication mais pour peu qu’on accepte d’embarquer dans le rythme lent de Burning, on en ressortira réjoui comme ce fut mon cas !

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  • Blackkkklansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan (Spike Lee)

    Spike Lee a adapté au cinéma l’histoire vraie de Ron Stallworth, officier de police noir ayant infiltré le Ku Klux Klan en vue de combattre ses exactions racistes. L’histoire de Ron (John David Washington) se déroule à la fin des années 70 à Colorado Springs (Colorado). Il séduit au téléphone ses interlocuteurs du Klan, dont leur leader David Duke (Topher Grace) mais ce sera son collègue Flip Zimmerman (Adam Driver), blanc et juif, qui assurera l’infiltration physique de l’ « Organisation », comme ses membres l’appellent.

    Disons-le, cette intrigue est drôle et la première heure du film baigne dans une atmosphère de comédie antithétique du racisme omniprésent. Voir Ron Stallworth débiter au téléphone des horreurs avec les gens du Klan, découvrir à quel point ces types sont bêtes et méchants, notamment Felix (Jasper Paakkonen) et Ivanhoe (Paul Walter Hauser), crée une complicité effective entre le spectateur et les infiltrés. Mais le rythme est assez mou et Spike Lee a du mal à fluidifier l’ensemble d’autant qu’il faut aussi décrire l’autre côté : la frange militante noire, incarnée par la leader étudiante Patrice (Laura Harrier) que Ron tente de séduire.

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  • Ma vidéothèque idéale : La Party (Blake Edwards)

    C’est en revoyant récemment La Party pour la troisième (quatrième ?) fois que je me rends compte que je connais mal la filmographie de Blake Edwards. Diamants sur canapé avec Audrey Hepburn (bien) et puis Victor Victoria et Opération jupons (bof bof dans mes souvenirs). Il y a cette série des Panthères roses, Boire et déboires, S.O.B, Elle, Le jour du vin et des roses… tant de films que je ne connais pas et qui donnent envie de mieux connaître ce spécialiste de la comédie hollywoodienne. De cette riche filmographie, La Party (1968) est cet incroyable objet comique qui me revient quand il faut citer une comédie, une vraie, qui fait rire.

    L’histoire est connue des cinéphiles. Hrundi V. Bakshi (Peter Sellers) est un comédien indien engagé sur le tournage d’un remake de Gunga Din. Il multiplie les maladresses au point de torpiller la production du film. Le producteur C.S. Divot (Gavin McLeod) contacte le patron des studios, M. Clutterbuck, afin que Bakshi soit radié d’Hollywood. Clutterbuck inscrit sans faire exprès le nom de l’acteur sur une liste d’invités à une réception qu’il donne chez lui. A l’image de ce que Bakshi a causé sur le tournage, il entraînera la fête dans une suite de catastrophes hilarantes.

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  • Quelques chroniques de l’été 2018

    Quand la paresse estivale concentre trois critiques de films en un article… ce n’est pas la température de l’océan atlantique qui a refroidi mon enthousiasme de spectateur, juste le niveau des films vus : de bons moments de cinéma mais pas grandioses. L’énergie manque pour pondre un article par film, la rentrée est dure !

    Under the silver lake de David Robert Mitchell

    Je ne connaissais pas ce réalisateur, n’ayant pas vu It follows, son précédent film, qui a l’air diablement sympathique. Au bout d’une demi-heure d’Under the silver lake, le mot qui me vient à l’esprit est « profusion ». Cette quête d’une blonde disparue (Riley Keough) par un jeune branleur (Andrew Garfield) sur les collines d’Hollywood, est pleine à ras-bord de savants mouvements de caméra, de scènes excentriques et de références cinématographiques. Celles que j’ai vues mais il y en a sans doute d’autres : Body double (De Palma) pour ses multiples filatures voyeuses, Le grand sommeil (Hawks) pour son intrigue de détective embrouillée, un peu The long goodbye (Altman) pour l’ambiance déphasée très 70s, David Lynch pour ses excès de bizarrerie mais sans le côté cauchemardesque d’Inland Empire ou de Mulholland drive. Il y a aussi des références musicales comme Nirvana ou REM – je ne me souvenais plus de l’album Monster ! – et puis des comics. Ajoutons qu’un serial-killer de chiens sévit dans le quartier, une star de TV a disparu et une femme-hibou inspire un fanzine terrifiant à un dessinateur paranoïaque. Ça part dans tous les sens et pas toujours bien !

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  • Dogman (Matteo Garrone)

    De quoi Matteo Garrone est-il le cinéaste ? Si je me fie à mes souvenirs de Gomorra et de Reality – je n’ai pas vu Tale of tales -, je dirais de l’envers misérable de l’Italie, de ce qu’est devenu une partie de ce pays après la prospérité économique. Pourquoi ne le classe-t-on pas parmi les grands réalisateurs contemporains ? Parce que Gomorra vaut surtout pour ses décors glauques de banlieue napolitaine et que Reality épouse la médiocrité de son personnage principal, obsédé par la télé-réalité, sans en faire grand-chose. Dogman part d’un décor sinistre, celui d’une station balnéaire paupérisée, et de personnages sans envergure (un toiletteur pour chien, un caïd, quelques commerçants rackettés par le voyou en question) mais il affiche une soif de cinéma sans commune mesure avec les films précités.

    Il y a un art du plan large dans ce film qui magnifie le décor de béton défraichi. Bien qu’habitée, cette ville ressemble aux villes fantômes du Far West, abandonnées dès lors que le filon de la mine du coin a été épuisé. La référence au western se justifie par l’intrigue. Marcello (Marcello Fonte), le petit toiletteur pour chiens qui arrondit ses fins de mois en dealant un peu de coke, est sous l’emprise de Simo (Edoardo Pesce), minable caïd local qui terrorise les commerçants. Un bandit terrorise les citoyens ordinaires qui se demandent comment s’en débarrasser. On a vu ça dans le western hollywoodien et le spaghetti. Mais il n’y a pas de bounty killer comme Clint Eastwood, juste Marcello, homme ordinaire écrasé par les plans grandioses de la ville en déclin.

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