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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 23

  • Bohemian rhapsody (Bryan Singer)

    Pour les rock critics, Queen a souvent été un objet de mépris. Ils vendaient des millions de disques mais n’ont pas révolutionné le genre ou inventé un mouvement comme les Beatles, Stones, Led Zeppelin ou Clash. On s’en rend compte en regardant Bohemian rhapsody, ce groupe produisait une musique très divertissante, c’était une machine redoutable pour remplir des stades. Les concernant, ne parlons pas de politique ou de subversion, ce n’était pas dans leur ADN. Le film de Bryan Singer, qui a remporté un succès planétaire en 2018, est conforme à leur image publique. Du fun et rien qui ne dérange ou ne surprenne le spectateur. Il a été produit par Brian May et Roger Taylor, guitariste et batteur du groupe. Ces respectables messieurs n’avaient sans doute pas envie de sortir des sentiers battus. En lisant la presse, on se rend compte aussi que ce film adoubé par le groupe a une fâcheuse tendance à travestir la vérité et les faits, ce qui est plus gênant quand on se penche sur la vie personnelle de Freddie Mercury, leur chanteur.

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  • M (Yolande Zauberman)

    C’est la nuit et l’image granuleuse de la digital video donne le sentiment d’une improvisation. Un homme, Menahem, est filmé en close-up sur une plage déserte. Il livre une confession. Enfant doué chantant dans les synagogues, il a été violé par plusieurs adultes. Il souffre depuis lors et a dû quitter ses parents et sa communauté religieuse. Le documentaire continue à bord d’une voiture. Menahem engage une conversation sur sa sexualité avec un transsexuel. Le filmage en plan serré conjugué aux effets impudiques de la confession oppresse le spectateur. Où Yolande Zauberman veut-elle nous emmener?

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  • Silvio et les autres (Paolo Sorrentino)

    Parmi l'un des films à voir de l'an passé, il y a pourquoi pas le dernier opus du réalisateur d’Il divo et de La grande bellezza. Notons qu’il est sorti en France dans des conditions différentes de l’Italie. Là-bas, il a été programmé en deux films d’1H40 environ alors qu’il a été réduit ici à un unique long métrage de 2H37. On perçoit les effets de ce remontage dans son rythme particulier. La première heure est un étalage tapageur de moments festifs qui fait penser à certains passages du Loup de Wall Street de Scorsese. Puis le film adopte un rythme plus languissant et introspectif. Sorrentino a réalisé une œuvre tout en ruptures de tons, à l’image de sa bande-son éclectique, qui passe du rock 70s de Down in the street des Stooges, au morceau techno Goudron (Yacht) ou au planant It’s happening again d’Agnès Obel. Pour peu que le sujet « Berlusconi » intéresse, on ne s’ennuie pas dans ce film qui saute sans cesse d’un registre à l‘autre : l’allégorique, le satirique, le psychologique.

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  • Grâce à Dieu (François Ozon)

    Qui a reçu un semblant d’éducation chrétienne y reconnaîtra l’importance de la parole, du verbe. L’évangile selon Jean commence par le célèbre : « Au commencement était le verbe », proclamation de la parole divine comme préalable à la création du monde. Les chrétiens, par définition ceux qui ont reçu en témoignage l’existence de Dieu, sont appelés à annoncer la bonne nouvelle, à transmettre la parole divine. L’église catholique revendique cette mission auprès des hommes. Être chrétien et faire partie de l’Eglise, c’est donc passer une forme de pacte de confiance avec le clergé, recevoir la parole, la laisser guider sa conscience, accepter la confession etc. Quand une association appelée « La parole libérée » poursuit le diocèse de Lyon et un de ses représentants, le père Preynat, coupable de pédophilie, c’est que la parole divine, censée être une parole d’amour a été gravement trahie. Le dernier film de François Ozon, on le sait, repose sur des faits avérés. Le père Preynat, le Cardinal Barbarin ainsi que la psychologue de l’Eglise, Régine Maire, sont nommés, alors que les noms de famille des victimes ont été modifiés.

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  • Ma vidéothèque idéale: Full Metal Jacket (Stanley Kubrick)

    1987. J’avais 11 ans. Mon père m’avait dit “on peut aller au cinéma ensemble. Il y a un film de guerre qui passe samedi soir. » Il n’était pas cinéphile. Il savait que j’avais bien aimé le bourrin Rambo 2, j’avais aussi vu les plus classiques Un pont trop loin et Quand les aigles attaquent. Il y avait de la violence certes mais cela restait héroïque : on y tuait des méchants, des nazis... Nous allons à la séance de Full metal Jacket nous demandant ce que ce titre veut dire exactement. Deux heures plus tard, nous sortons secoués et mon père, très embarrassé, me dit : « Je crois que ce n’était pas un film de ton âge ». Il noie le poisson en disant que c’est trop outrancier. Lui comme moi avions été sidérés par ce que nous avons vu.

    A la même époque, Oliver Stone connaît le succès avec Platoon que je finis par voir aussi. Full metal Jacket est l’anti-Platoon. Même si le regard sur le conflit vietnamien n’exclut pas la violence, il y a un fond d’idéalisme chez Stone qui tente de ménager le public américain. Ce conflit était mauvais mais s’il a si mal tourné, s’il y a eu des bavures, c’est parce que les brutes comme le Sergent Barnes (Tom Béranger) l’ont emporté sur les idéalistes comme Elias (Willem Dafoe). Pris entre les deux, le soldat Chris (Charlie Sheen) a appris à survivre et à devenir un homme. La guerre y est vue comme cruelle certes mais formatrice pour un jeune. Elle permet de faire des choix moraux. La survie passe le plus souvent par une solidarité entre soldats.

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  • Les éternels (Jia Zhangke)

    Le dernier film du chinois Jia Zhangke est en apparence l’histoire d’un amour qui perdure malgré les épreuves. En 2001, Qiao (Tao Zhao) est la compagne heureuse de Bin (Fan Liao), un caïd de la province minière de Shanxi. Suite à une rixe qui tourne mal, elle fait de la prison pour lui puis à sa sortie le recherche à Fengjie, près du barrage des Trois Gorges. Mais Bin a réussi et changé de vie. En 2017, elle le retrouve dans le Shanxi. C’est un homme détruit. Les éternels est un objet de cinéma froid et cérébral. A l’émotion d’un mélodrame se substitue une vision désenchantée de la Chine et de ses habitants, emportés dans des transformations radicales.

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