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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 23

  • Ma vidéothèque idéale: Full Metal Jacket (Stanley Kubrick)

    1987. J’avais 11 ans. Mon père m’avait dit “on peut aller au cinéma ensemble. Il y a un film de guerre qui passe samedi soir. » Il n’était pas cinéphile. Il savait que j’avais bien aimé le bourrin Rambo 2, j’avais aussi vu les plus classiques Un pont trop loin et Quand les aigles attaquent. Il y avait de la violence certes mais cela restait héroïque : on y tuait des méchants, des nazis... Nous allons à la séance de Full metal Jacket nous demandant ce que ce titre veut dire exactement. Deux heures plus tard, nous sortons secoués et mon père, très embarrassé, me dit : « Je crois que ce n’était pas un film de ton âge ». Il noie le poisson en disant que c’est trop outrancier. Lui comme moi avions été sidérés par ce que nous avons vu.

    A la même époque, Oliver Stone connaît le succès avec Platoon que je finis par voir aussi. Full metal Jacket est l’anti-Platoon. Même si le regard sur le conflit vietnamien n’exclut pas la violence, il y a un fond d’idéalisme chez Stone qui tente de ménager le public américain. Ce conflit était mauvais mais s’il a si mal tourné, s’il y a eu des bavures, c’est parce que les brutes comme le Sergent Barnes (Tom Béranger) l’ont emporté sur les idéalistes comme Elias (Willem Dafoe). Pris entre les deux, le soldat Chris (Charlie Sheen) a appris à survivre et à devenir un homme. La guerre y est vue comme cruelle certes mais formatrice pour un jeune. Elle permet de faire des choix moraux. La survie passe le plus souvent par une solidarité entre soldats.

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  • Les éternels (Jia Zhangke)

    Le dernier film du chinois Jia Zhangke est en apparence l’histoire d’un amour qui perdure malgré les épreuves. En 2001, Qiao (Tao Zhao) est la compagne heureuse de Bin (Fan Liao), un caïd de la province minière de Shanxi. Suite à une rixe qui tourne mal, elle fait de la prison pour lui puis à sa sortie le recherche à Fengjie, près du barrage des Trois Gorges. Mais Bin a réussi et changé de vie. En 2017, elle le retrouve dans le Shanxi. C’est un homme détruit. Les éternels est un objet de cinéma froid et cérébral. A l’émotion d’un mélodrame se substitue une vision désenchantée de la Chine et de ses habitants, emportés dans des transformations radicales.

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  • La favorite (Yorgos Lanthimos)

    On sort de ce film à costumes et on regarde les notices historiques sur Anne Stuart, reine d’Angleterre de 1702 à 1714. Anne Stuart était une reine pieuse, anglicane convaincue. Les rumeurs de liaison lesbienne avec sa favorite Abigail Masham proviendraient du portrait très négatif que la Duchesse de Marlborough, jalouse d’être évincée, aurait fait de la souveraine. Les historiens modernes décrivent une reine différente de celle décrite dans le film, sérieusement impliquée dans les affaires de son pays. Toutefois, le fait qu’elle ait été malade une grande partie de sa vie et rendue presque obèse par dix-sept accouchements a pu corroborer l’idée sexiste d’une femme sous influence. C’est cette orientation que Lanthimos a privilégiée, prêtant le flanc aux accusations de misogynie tout en développant sa vision très pessimiste de l’humanité.

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  • Vice (Adam McKay)

    Regarder Vice et suivre les aventures de Dick Cheney, Don Rumsfled, Paul Wolfowitz, c’est se remémorer un temps récent et en même temps lointain, celui des néo-conservateurs américains qui en détruisant l’Irak de Saddam Hussein ont déstabilisé pour longtemps le Moyen-Orient. Ces faucons autour de George W. Bush ne connaissaient que le rapport de force, la realpolitik cynique, la manipulation et l’intérêt. Faire le portrait du premier d’entre eux, le vice-président Dick Cheney, c’est comme jeter un filet dans la mer et remonter des kilos d’ordures à la surface. On peut dire que le film d’Adam McKay remplit bien cette fonction : dénoncer les méfaits d’un salaud qui, paraît-il, coule des jours heureux dans le Wyoming avec son épouse. Après tout ce qu’il a accompli, on déplorera qu’il n’ait jamais été inquiété par la justice de son pays.

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  • I feel good (Kervern & Delépine)

    Le dernier film du duo Gustave Kervern et Benoît Delépine est gentil. Ce n’est pas méchant de le dire mais c’est étonnant de le constater. Avec ses bungalows et ses petites maisons, le centre Emmaüs dans lequel il se situe fait penser à un village d’enfants. Les couleurs y sont douces, le rythme est tranquille et aucune colère n’y couve. Le lieu est à l’image de Monique, sa gérante, dont Yolande Moreau livre une interprétation dépressive. Beaucoup de plans fixes illustrent une forme de statisme de l’endroit et des gens qui vivent du recyclage des produits de consommation. Sans doute faut-il y voir un reflet de la résignation qui englue les personnes qui y travaillent.

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  • Green book (Peter Farrelly)

    Au sortir de la séance, les réactions entendues paraissaient mitigées : « c’est très américain », « c’est en ligne droite et sans surprise », « il y a des passages un peu gros ». En nous projetant dans l’Amérique ségrégationniste de 1962, en nous racontant « une histoire vraie », on tente effectivement de nous édifier avec un récit très positif et optimiste. A cette époque marquée par le racisme, un italo-américain (Viggo Mortensen) et un artiste afro-américain (Mahershala Ali) ont pu nouer une amitié transcendant leurs différences. D’un côté Tony Lip, le beauf italien gras du bide et tchatcheur, de l’autre Don Shirley, pianiste raffiné et surdoué. Le blanc est le chauffeur du noir qui effectue une tournée à risque de concerts, dans le Sud des Etats-Unis.

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