John Huston
Ma vidéothèque idéale: Full Metal Jacket (Stanley Kubrick)
1987. J’avais 11 ans. Mon père m’avait dit “on peut aller au cinéma ensemble. Il y a un film de guerre qui passe samedi soir. » Il n’était pas cinéphile. Il savait que j’avais bien aimé le bourrin Rambo 2, j’avais aussi vu les plus classiques Un pont trop loin et Quand les aigles attaquent. Il y avait de la violence certes mais cela restait héroïque : on y tuait des méchants, des nazis... Nous allons à la séance de Full metal Jacket nous demandant ce que ce titre veut dire exactement. Deux heures plus tard, nous sortons secoués et mon père, très embarrassé, me dit : « Je crois que ce n’était pas un film de ton âge ». Il noie le poisson en disant que c’est trop outrancier. Lui comme moi avions été sidérés par ce que nous avons vu.
A la même époque, Oliver Stone connaît le succès avec Platoon que je finis par voir aussi. Full metal Jacket est l’anti-Platoon. Même si le regard sur le conflit vietnamien n’exclut pas la violence, il y a un fond d’idéalisme chez Stone qui tente de ménager le public américain. Ce conflit était mauvais mais s’il a si mal tourné, s’il y a eu des bavures, c’est parce que les brutes comme le Sergent Barnes (Tom Béranger) l’ont emporté sur les idéalistes comme Elias (Willem Dafoe). Pris entre les deux, le soldat Chris (Charlie Sheen) a appris à survivre et à devenir un homme. La guerre y est vue comme cruelle certes mais formatrice pour un jeune. Elle permet de faire des choix moraux. La survie passe le plus souvent par une solidarité entre soldats.