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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 23

  • Parasite (Bong Joon-ho)

    La dernière Palme d’or est une comédie ! La catégorie « comédie » rassemble tellement de films médiocres aujourd’hui qu’on en oublie qu’il peut y en avoir de très bonnes. Or Parasite en est un exemple brillant, disons-le tout de suite. On dit toujours que Bong Joon-ho jongle avec maestria avec différents genres mais la plupart de ses films ont une tonalité comique prononcée. Que ce soit Memories of murder, Mother ou The host, on se retrouve sans cesse en face de personnages qu’on aurait du mal à qualifier de héros. S’il décrit les tares de ses contemporains, il ne les accable pas de mépris ou de cynisme. Qu’ils soient pauvres ou riches, victimes ou coupables, ils sont d’abord des humains piégés par un jeu social impitoyable. Ce réalisateur n’a pas peur de souligner par le rire le ridicule ou la cruauté de la société coréenne. Bong Joon-ho dit aimer Chabrol mais il me fait beaucoup penser aux cinéastes italiens des années 60-70, les Risi, Monicelli ou Scola. Parasite et son récit d’une famille pauvre qui « parasite » une famille riche, ce serait une rencontre bouillonnante et tragicomique entre la Cérémonie de Chabrol, The servant de Losey, Théorème de Pasolini et Affreux, sales et méchants de Scola.

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  • Douleur et gloire (Pedro Almodovar)

    A l’heure de la reconnaissance – on diffuse son film Sabor à la filmoteca de Madrid – le cinéaste Salvador Mallo (Antonio Banderas) revoit les images de son enfance et croise les personnes qui ont compté dans sa vie. Grâce à Salvador, Pedro Almodovar fait son introspection douloureuse. L’homme est seul, fatigué et hypocondriaque. Des médicaments soignent ses douleurs physiques et morales. Filmé au fond de la piscine, il est littéralement au fond du trou. Il écrit un peu mais n’a plus la force de tourner.

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  • 90’s (Jonah Hill)

    Quand je recherche dans mes souvenirs de cinéma le thème des ados skaters, c’est tout de suite Larry Clark qui vient. Je retiens Gus Van Sant et son Paranoid park (2007), mais c’est l’imaginaire malsain de Kids, Ken Park, Wassup rockers ou The smell of us qui prime. Clark ne cache pas sa fascination pour les adolescents, pour leur violence et leur sexualité présumée débridées. Sur fond de pellicule granuleuse, il caresse leurs corps, les fantasme souvent à la limite du dégoutant. Quand 90s commence, j’ai craint que Jonah Hill ne copie cette esthétique. L’image est pâle et granuleuse, la bande son combine rock et hip hop, le décor est celui des rues de Los Angeles, les « héros » des adolescents skaters désœuvrés… comme dans Kids. Mais le regard de l’acteur-réalisateur Hill, dont c’est le premier film, est dénué d’outrances. Son registre est d’une part nostalgique puisqu’il semble avoir puisé dans ses propres souvenirs d’enfance. Il est d’autre part empreint de tendresse et de pudeur. On dirait même que son expérience d’acteur de comédies adolescentes (SuperGrave, Sans Sarah rien ne va : pas mal malgré les titres idiots) où il jouait souvent le petit gros de service, lui a servi à trouver la bonne écriture pour parler de cet âge ingrat.

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  • El reino (Rodrigo Sorogoyen)

    Ce qu’il y a de commun à beaucoup de films sur la corruption, c’est que plus ils avancent, plus l’étendue de celle-ci se dévoile et plus la quête du présumé héros devient une lutte pour sa propre survie. Au cinéma le « système » a toujours un temps d’avance sur les individus, qu’ils soient eux-mêmes bons ou méchants. Dans Point blank de John Boorman (1967), un tueur à gages interprété par Lee Marvin gravit les échelons d’une société criminelle pour récupérer son argent. Plus il monte, moins il y voit clair. Dans l’excellent Mort d’un pourri de Lautner (1977), le héros joué par Alain Delon cherche les responsables du meurtre de son ami député. Au bout d’une intrigue très sombre et mouvementée se révèle un système de corruption tenant la France giscardienne dans ses mailles d’intérêts. Aucune chance d’y mettre fin : le pur a beau connaître la vérité, il n’a pas le pouvoir d’arrêter la pourriture.

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  • Bohemian rhapsody (Bryan Singer)

    Pour les rock critics, Queen a souvent été un objet de mépris. Ils vendaient des millions de disques mais n’ont pas révolutionné le genre ou inventé un mouvement comme les Beatles, Stones, Led Zeppelin ou Clash. On s’en rend compte en regardant Bohemian rhapsody, ce groupe produisait une musique très divertissante, c’était une machine redoutable pour remplir des stades. Les concernant, ne parlons pas de politique ou de subversion, ce n’était pas dans leur ADN. Le film de Bryan Singer, qui a remporté un succès planétaire en 2018, est conforme à leur image publique. Du fun et rien qui ne dérange ou ne surprenne le spectateur. Il a été produit par Brian May et Roger Taylor, guitariste et batteur du groupe. Ces respectables messieurs n’avaient sans doute pas envie de sortir des sentiers battus. En lisant la presse, on se rend compte aussi que ce film adoubé par le groupe a une fâcheuse tendance à travestir la vérité et les faits, ce qui est plus gênant quand on se penche sur la vie personnelle de Freddie Mercury, leur chanteur.

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  • M (Yolande Zauberman)

    C’est la nuit et l’image granuleuse de la digital video donne le sentiment d’une improvisation. Un homme, Menahem, est filmé en close-up sur une plage déserte. Il livre une confession. Enfant doué chantant dans les synagogues, il a été violé par plusieurs adultes. Il souffre depuis lors et a dû quitter ses parents et sa communauté religieuse. Le documentaire continue à bord d’une voiture. Menahem engage une conversation sur sa sexualité avec un transsexuel. Le filmage en plan serré conjugué aux effets impudiques de la confession oppresse le spectateur. Où Yolande Zauberman veut-elle nous emmener?

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