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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 31

  • Jusqu’à la garde (Xavier Legrand)

    Ce film, projetez-le dans les écoles, les collèges, les lycées, les facultés. Organisez des débats citoyens après. Pour ce qui est de la TV, il passera sur France 2 dans un an et pourquoi ne pas l’encadrer d’un Thema sur Arte consacré aux violences conjugales ? Ce n’est pas ironique : Jusqu’à la garde est un film instructif, au sujet peu traité par le cinéma. Je me suis creusé la cervelle pour retrouver un film qui en parle et le seul qui me soit venu est… la Couleur pourpre de Spielberg, qui date de 1985 ! Ce film m’avait marqué parce qu’en plus de subir la ségrégation raciale, le personnage incarné par Whoopi Goldberg en prenait plein la gueule par son mari. Sa vie était une litanie de souffrances et l’ami Spielberg n’avait pas lésiné sur le mélodrame. Mais cette violence-ci n’était pas centrale et s’inscrivait dans un contexte plus large d’oppression. Jusqu’à la garde est en quelque sorte une première.

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  • Wonder wheel (Woody Allen)

    Dans le parc d’attraction de Coney Island, sous les yeux de Mickey (Justin Timberlake), maître-nageur, apprenti dramaturge et narrateur, des individus malheureux rêvent à une vie meilleure. Nous sommes dans les années 50 et le parc est en crise. La famille recomposée que Woody Allen décrit sert de refuge financier et affectif pour ses personnages. Ginny (Kate Winslet) est une ancienne comédienne devenue serveuse. D’un premier mariage brisé par son infidélité, elle a eu Richie (Jack Gore), un garçon lunatique aux tendances pyromanes. L’enfant déteste son beau-père Humpty (James Belushi), un forain qui ne dédaigne pas la bouteille et cogne parfois Ginny. Humpty est veuf et a eu une fille, Carolina (Juno Temple), qu’il a toujours adoré. Carolina s’est mariée très tôt avec un gangster, qu’elle fuit en se réfugiant chez son père à Coney Island. Elle compte reprendre des études pour refaire sa vie. Tous y compris Mickey aspirent à l’amour et à la réussite matérielle. Le début du film est comme une ligne de départ pour chacun des personnages.

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  • La douleur (Emmanuel Finkiel)

    La douleur de Marguerite Duras, c’est quelque chose ! Ce livre lu il y a une dizaine d’années est d’une puissance peu commune. C’est un journal, dit-elle. Le récit se déroule à Paris dans les années 1944-1945. La fin du régime de Vichy, la Libération, le retour des prisonniers et déportés. La gestapo a arrêté son mari Robert Antelme en juin 1944. Marguerite fait des démarches à la préfecture pour avoir de ses nouvelles. Rabier, un flic collabo, lui en donne en échange d’on ne sait quoi. Antelme est déporté vers l’Allemagne. Marguerite, qui a une liaison avec Dionys Mascolo, cherche désespérément où. Elle l’attend, jusqu’à la Libération de Paris et son retour des camps. Elle l'aide à reprendre vie, à guérir (ce n'est pas dans le film).

    Elle décrit ce qui passe en elle, la tristesse, la honte, la culpabilité, en même temps que Paris se libère et que l’attente se prolonge. La douleur est un témoignage intime et historique. L’écriture de Duras porte cette douleur tout en maintenant le lecteur dans l’ambiguïté. L’esprit de Marguerite était certes confus mais toute l’époque l’était ! Je me souviens de mon expérience de lecteur surpris par la perméabilité constante entre bien et mal, entre salauds et amis. Après tout, Robert Antelme a été donné par un membre de son réseau de résistance: derrière un visage amical pouvait se cacher un traître…

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  • Three billboards, les panneaux de la vengeance (McDonagh)

    Trois panneaux publicitaires pourrissent au bord d’une route perdue dans le fin fond du Missouri. Cela fait plus de vingt ans qu’ils n’ont pas été utilisés. Mildred Hayes (Frances McDormand), habitant tout près, décide de leur redonner une utilité. Sa fille a été violée et tuée quelques mois auparavant mais le coupable n’a pas été identifié et la police n’a aucune piste sérieuse. Sur ces panneaux, elle va dénoncer l’inaction des flics et provoquer des remous dans cette petite communauté de l’Amérique profonde. Plutôt que d’ouvrir la boîte de Pandore, elle fait revivre les trois panneaux publicitaires d’Ebbing, Missouri.

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  • Cinéclub : Les hommes préfèrent les blondes (Hawks)

    Les temps ont bien changé depuis 1953. Ce qui se dit des femmes dans la comédie d’Howard Hawks ne peut plus être reproduit aujourd’hui, tant mieux. Lorelei (Marilyn Monroe) et son amie Dorothy (Jane Russell) ont bourlingué depuis leur jeunesse pauvre à Little Rock. Elles nous le chantent dès la première scène, leurs corps sublimés par de somptueuses robes rouges. Des plumes sur la tête, elles sont de chatoyants oiseaux s’égayant dans un décor en technicolor. Oui elles ont profité de leur beauté pour s’en sortir, à l’affût d’hommes riches payant leurs caprices. Lorelei va enfin épouser un milliardaire, le crétinissime Gus Edmond Jr (Tommy Noonan). Partie en croisière vers la France, elle devra ne pas céder à sa faiblesse pour les diamants et leurs propriétaires, alors que le père de son futur époux la fait espionner par un détective (Elliott Reid) qui en pince pour Dorothy !

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  • Le grand jeu (Aaron Sorkin)

    Voilà un biopic réalisé par le scénariste de Steve Jobs et de The social network. Celui-ci nous raconte comment Molly Bloom (Jessica Chastain), ex-championne de ski, est devenue une organisatrice de pokers clandestins auxquels participaient célébrités, hommes d’affaires et malfrats. Son ascension, sa chute, sa rédemption. Avant d’entrer dans les détails du film, je me pose la question : qu’a fait Molly Bloom d’exceptionnel pour qu’on lui consacre 2H20 de film hollywoodien ? A-t-elle fondé un empire économique ? A-t-elle filouté des millions d’honnêtes citoyens ? Est-elle comme le Jordan Belfort du Loup de Wall Street le symbole d’un système corrompu ? Non, les enjeux de ce grand jeu ne semblent pas se situer dans la condamnation morale ou la critique d’un système. On parle ici d’un parcours personnel exceptionnel.

    Mark Zuckerberg a fondé Facebook suite à un échec amoureux. La destinée de Steve Jobs est liée à un traumatisme originel. Ici Molly Bloom, programmée pour être une championne, se réinvente en maîtresse de jeu suite à un accident qui a brisé sa carrière de skieuse. Comment un événement fondateur engendre la réussite fulgurante de personnes intellectuellement brillantes mais solitaires. Comment les capacités stratégiques, doublées d’un sens absolu du contrôle permettent à des outsiders de devenir des winners. Mais la win a un goût amer : Sorkin fait le portrait de gens à la destinée exceptionnelle mais malheureux, sans amis. Bon, d’accord le système scénaristique est connu / rodé mais est-ce que ce sont là des raisons suffisantes pour aller voir Le grand jeu ?

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