En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Pour certains, Asako 1 & 2 ne sera qu’une bluette transformée en film d’auteur par la magie de quelques références cinéphiles. Le Monde n’hésite pas à qualifier le film de chef-d’œuvre et à le placer dans la lignée de Vertigo ou de L’avventura parce qu’il joue des figures du dédoublement et de la disparition d’un personnage. Oui c’est bien une bluette en apparence et ça porte les signes du film à l’eau de rose mais c’est tout simplement délicieux !
2018 a été une année de cinéma riche et diverse. Il est difficile de classer par ordre des films qui ont généré des plaisirs très différents. Plaisir visuel. Plaisir du récit. Plaisir de sentir un film pertinent, sincère, en phase avec l’actualité. Plaisir régressif aussi.
On entre dans le club par un escalier de fer, perché au-dessus d’une cour de briques sinistre et déserte. On se faufile par une fenêtre des toilettes, on évite les gardiens et puis on rejoint les coulisses et la scène dans un plan-séquence de toute beauté. Les décibels fusent, un groupe chante l’ennui et la frustration de la jeunesse. L’histoire du rock a souvent pris ce type de chemin. Les futurs punks, les Clash, Pistols ou Damned passant par derrière pour assister au premier concert des Ramones au Roundhouse de Londres en 1976. L’histoire se répète à Leningrad en 1980, derrière le Rideau de fer donc. Les jeunes gens ont droit d’écouter mais sagement assis et la direction du club fait en sorte que les paroles ne heurtent pas la bonne morale socialiste. La jeunesse a envie de bouger mais on la canalise, on l’empêche, on la réprime.
Ryusuke Hamaguchi l’a d’abord baptisé Brides, en hommage au Husbands de Cassavetes puis ce film de 5h20 est devenu Happy Hour quand il a été présenté dans divers festivals. Il a été distribué en France sous le titre Senses et en trois films différents, comme une série. Le récit est chapitré en 5 parties correspondant aux cinq sens. Dans l’ordre, cela correspond à Toucher, Ecouter, Voir, Sentir et Goûter. C’est un programme invitant le spectateur à ouvrir ses sens, à saisir les sentiments qui traversent ses personnages au fur et à mesure qu’eux-mêmes se révèlent à soi et aux autres. Exceptionnel par sa longueur, Senses l’est aussi par sa tonalité, sa science de la mise en scène, sa densité. Il fait partie des meilleures expériences de cinéma de l’année 2018 (disons-le :le top du cinéma récent).
Senses est centré sur quatre femmes trentenaires vivant à Kobe. Elles forment un groupe d’amies suffisamment fidèles pour partager leurs états d’âme et un peu de leur intimité. Akari (Sachie Tanaka), infirmière, revendique une sincérité absolue dans ses relations. Sakurako (Hazuki Kikuchi) est le modèle de la femme au foyer affrontant les frustrations de ce type de vie. Fumi (Maiko Mihara), travaillant dans un centre culturel, semble la plus introvertie du groupe. Jun (Rira Kawamura) est celle qui fait le lien entre toutes, par sa personnalité extravertie. Ce qui va arriver à Jun mènera chacune à l’introspection et à une remise en cause existentielle.
Billy Moore (Joe Cole), jeune boxeur anglais, se fait arrêter en Thaïlande pour détention de drogue. Il découvre la prison et sa violence, étape sur le chemin d’une rédemption personnelle. La trame narrative est très classique et l’intérêt du film réside dans sa plongée « physique » dans un monde carcéral vécu comme un enfer par le jeune héros.
Il nous sera dit le strict minimum, presque rien sur le passé et la vie personnelle de ce jeune anglais. Les premières minutes sont sans dialogue signifiant. Le film de Jean-Stéphane Sauvaire, réalisateur de Johnny Mad dog (2008), nous plonge dans les sensations d’un personnage en manque visible de drogue et d’adrénaline sportive. La caméra portée, les gros plans sur sa peau nous font partager sa tension, sa violence intérieure confrontée à celle de l’extérieur. La bande-son, les bruits et la musique en nappes sonores l’enveloppent comme s’il était happé dans un pandémonium. Le spectateur partage le désarroi du jeune homme qui ne comprend pas les paroles de ses congénères. A quelques exceptions, les paroles des prisonniers ne sont pas traduites. L’enjeu est très simple pour Billy : survivre.
On en finit plus de dire du mal des comédies françaises et ceci à juste titre. Poussives, bâclées, mal écrites, pas drôles voire carrément indigentes, de nombreuses horreurs sont produites chaque année et font tout de même le plein de spectateurs. Le genre est à la fois florissant commercialement (Alad’2, Taxi 5, Pattaya) et désastreux d’un point artistique. Ce qu’il y a de moins nul tient de la recette (bons mots, bons comédiens) comme la série La Vérité si je mens ou d’une certaine habileté narrative comme les films de Nakache et Toledano (Le sens de la fête : pas mal).