John Huston
90’s (Jonah Hill)
Quand je recherche dans mes souvenirs de cinéma le thème des ados skaters, c’est tout de suite Larry Clark qui vient. Je retiens Gus Van Sant et son Paranoid park (2007), mais c’est l’imaginaire malsain de Kids, Ken Park, Wassup rockers ou The smell of us qui prime. Clark ne cache pas sa fascination pour les adolescents, pour leur violence et leur sexualité présumée débridées. Sur fond de pellicule granuleuse, il caresse leurs corps, les fantasme souvent à la limite du dégoutant. Quand 90s commence, j’ai craint que Jonah Hill ne copie cette esthétique. L’image est pâle et granuleuse, la bande son combine rock et hip hop, le décor est celui des rues de Los Angeles, les « héros » des adolescents skaters désœuvrés… comme dans Kids. Mais le regard de l’acteur-réalisateur Hill, dont c’est le premier film, est dénué d’outrances. Son registre est d’une part nostalgique puisqu’il semble avoir puisé dans ses propres souvenirs d’enfance. Il est d’autre part empreint de tendresse et de pudeur. On dirait même que son expérience d’acteur de comédies adolescentes (SuperGrave, Sans Sarah rien ne va : pas mal malgré les titres idiots) où il jouait souvent le petit gros de service, lui a servi à trouver la bonne écriture pour parler de cet âge ingrat.