Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 22

  • Cinéclub : Les proies (Don Siegel)

    C’est un film reconnu dans la carrière de Clint Eastwood. Sa compagnie Malpaso l’a produit en 1971, avec Don Siegel comme réalisateur. On en a entendu parler à nouveau en 2017 quand, pour certains, Sofia Coppola, a eu l’idée malheureuse d’en faire un remake. La fille de Francis Ford s’est attaquée à une œuvre marquante que tout cinéphile un peu curieux peut trouver sans effort en VOD. Ayant vu les deux films, je recommande de les voir ne serait-ce que pour comparer les deux approches d’une même adaptation, étant entendu que la dernière version, celle de Coppola, est plus faible que l’originale. La réalisatrice de Virgin suicides s’est intéressée aux émois, aux rougissements de honte, à la sueur qui se dépose au premier trouble, aux rivalités un peu « chipies » entre jeunes femmes à peine pubères. Elle a fait preuve d’une délicatesse qui confinait parfois au fade. Le film de Siegel est beaucoup cru, gothique (et misogyne ?). Il est produit par une star virile des années 70, Clint, bien plus charismatique que n’a pu l’être Colin Farrell dans le remake. Époque oblige, le désir y est abordé de manière plus frontale et le film comporte son lot d’images choc. Les proies n’est pas si loin dans ses moments de tension des outrances du giallo. Tout en ayant gardé sa vigueur aujourd’hui, c’est un film bien de son époque.

    Lire la suite

  • Celle que vous croyez (Safy Nebbou)

    Ce n’est pas un hasard si Claire, l’héroïne de Celle que vous croyez, est professeure de littérature. Il est question ici de transformer une vie insatisfaisante en histoire romanesque, de puiser dans un imaginaire riche, celui de la littérature libertine, du romantisme ou de la poésie, afin de vivre sa vie plus intensément et repousser à plus tard la vieillesse et la mort. On est au départ assez surpris voire horripilé par cette histoire. Juliette Binoche incarne avec une étrange passion adolescente le rôle d’une femme de cinquante ans qui pour garder prise sur son amant Ludo (Guillaume Gouix) décide de se créer un faux profil Facebook pour séduire virtuellement le meilleur ami de celui-ci, Alex (François Civil).

    Lire la suite

  • Cinéclub : la viaccia (Mauro Bolognini)

    Il y a actuellement un cycle de cinéma italien sur arte.tv qui permet de redécouvrir quelques classiques comme L’avventura d’Antonioni ou Main basse sur la ville de Rosi. Dans ce choix réjouissant, on peut trouver La viaccia ou Le mauvais chemin (1961), un bijou de mélodrame réalisé par Mauro Bolognini. D’abord assistant-réalisateur pour Luigi Zampa, ce contemporain de Fellini ne vient pas en premier quand il faut citer un maître du cinéma italien. Constellée d’adaptations d’œuvres littéraires (Moravia, Svevo, Stendhal, Dumas fils, Gautier), sa filmographie se distingue par la prépondérance de mélodrames. Avant La viaccia, je n’avais vu que le Bel Antonio avec Marcello Mastroianni, une histoire de mariage non consommé dans la bourgeoisie sicilienne, drame de l’impuissance masculine et scénario de Pierpaolo Pasolini !

    Lire la suite

  • Le daim (Quentin Dupieux)

    Dans Dillinger est mort de Marco Ferreri, la découverte d’un pistolet emballé dans un journal finit par donner des envies de meurtre au personnage de cadre supérieur joué par Michel Piccoli. Dans Breakup – érotisme et ballons rouges (quel titre !), c’est un industriel joué par Marcello Mastroianni qui obsédé par le gonflement de ballons de baudruche perd la tête et se suicide. Il faut redécouvrir l’œuvre de Ferreri après celle de Buñuel. Derrière la façade de normalité se cachent la folie, l’aliénation et la barbarie. Quentin Dupieux, qui n’a pas inventé l’absurde au cinéma, serait un héritier de ce cinéma-là tant son œuvre travaille l’obsession et les situations absurdes. Il l’a dit en interview à Libération : « En fait, Buñuel est tellement fondamental que je trouverais anormal de ne pas passer par lui. » A la vision du Daim et aux souvenirs de Rubber et de Réalité, on devine aussi une forme de discours et d’auto-analyse sur sa propre condition de créateur dans le cinéma.

    Lire la suite

  • Cinéclub: Saint Jack (Peter Bogdanovich)

    Les raisons de révérer Peter Bogdanovich tiennent aux deux films vraiment délicieux que sont The last picture show (1971) et Papermoon (1973). Ces œuvres sont à placer haut parmi celles du Nouvel Hollywood, grande période de régénération du cinéma hollywoodien qui a vu éclore Scorsese, Coppola ou De Palma. Sa filmographie plus tardive est moins convaincante mais Saint Jack (1979), produit par Roger Corman et financé par Hugh Hefner, fondateur de Playboy (!!!) n’est pas dénué d’intérêt. Les rééditions en grande pompe en DVD – je vois passer des pubs sur le coffret Carlotta – et la diffusion cette semaine sur Arte ne m’ont pas fait considérer le film comme un chef-d’œuvre. Alors qu’il a le charme de son atmosphère, j’ai trouvé ses 1H50 longuettes, son récit très en retenue manquant de piquant dramatique pour m’emporter.

    Lire la suite

  • Parasite (Bong Joon-ho)

    La dernière Palme d’or est une comédie ! La catégorie « comédie » rassemble tellement de films médiocres aujourd’hui qu’on en oublie qu’il peut y en avoir de très bonnes. Or Parasite en est un exemple brillant, disons-le tout de suite. On dit toujours que Bong Joon-ho jongle avec maestria avec différents genres mais la plupart de ses films ont une tonalité comique prononcée. Que ce soit Memories of murder, Mother ou The host, on se retrouve sans cesse en face de personnages qu’on aurait du mal à qualifier de héros. S’il décrit les tares de ses contemporains, il ne les accable pas de mépris ou de cynisme. Qu’ils soient pauvres ou riches, victimes ou coupables, ils sont d’abord des humains piégés par un jeu social impitoyable. Ce réalisateur n’a pas peur de souligner par le rire le ridicule ou la cruauté de la société coréenne. Bong Joon-ho dit aimer Chabrol mais il me fait beaucoup penser aux cinéastes italiens des années 60-70, les Risi, Monicelli ou Scola. Parasite et son récit d’une famille pauvre qui « parasite » une famille riche, ce serait une rencontre bouillonnante et tragicomique entre la Cérémonie de Chabrol, The servant de Losey, Théorème de Pasolini et Affreux, sales et méchants de Scola.

    Lire la suite