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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 18

  • Sorry we missed you (Ken Loach)

    On en est au générique de début et entre Ricky (Kris Hitchen) et Maloney (Ross Brewster), l’entretien va pour le mieux. Ricky est du genre bosseur mais il n’aime pas trop avoir un patron qui lui dit comment faire, il aime sa liberté. Cela tombe bien, Maloney lui offre un statut enviable de livreur autoentrepreneur. Il va pouvoir livrer un maximum de colis en un minimum de temps, se faire de l’argent, payer les dettes de sa famille, envisager l’achat d’une maison. En moins d’une minute et sans grand artifice, Ken Loach illustre finement les mécanismes de la nouvelle économie des services. Comment un discours de promotion individuelle et d’entreprenariat aboutit à ce que des gens de bonne volonté tombent dans l’auto-exploitation. Sorry we missed you est l’histoire édifiante d’une famille entraînée dans un système économique pervers qui lui fait perdre pied.

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  • Cinéclub : J. Edgar (Clint Eastwood)

    Avant d’aller voir Le cas Richard Jewell, je me suis intéressé à J. Edgar, le biopic sur Edgar Hoover que je n’avais pas vu à sa sortie en 2012. Le thème du héros américain a été abordé, questionné avec American Sniper et Sully. Eastwood racontait les destinées véridiques d’américains moyens devenus héros. Hoover, fondateur et directeur du FBI pendant presque 50 ans, est lui un personnage clé de l’histoire contemporaine américaine. C’est un homme réputé diabolique, tirant les ficelles, possédant des informations sur tout le monde. James Ellroy par exemple en a fait une figure centrale dans sa trilogie Underworld USA. Peut-on raisonnablement le qualifier de « héros américain » ?

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  • La cravate (Mathias Théry, Etienne Chaillou)

    Comme spectateur de documentaire au cinéma ou à la TV, on n’échappe plus à certaines formes qui sont devenus les canons du genre. Le documentaire façon Depardon, sans commentaire, parfois face caméra, capte sans arrangement visible la vérité d’un événement ou d’un personnage. A contrario, le documentaire militant, nourri d’archives, d’interviews d’experts, sert un commentaire orienté ou une démonstration politique, comme c’est le cas avec Michael Moore – jusqu’à la manipulation... Tous les soirs, sur la TNT, des reportages « exclusifs » nous livrent un récit de la réalité « comme si vous y étiez », une voix off nous guidant dans le sensationnel, décrivant des « personnages », repères faciles servant les représentations toutes faites du spectateur (l’urgentiste dévoué, le bon flic, le dealer, etc.). La cravate est un documentaire mais prend le contrepied de ces modèles. Son dispositif déroute par son originalité.

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  • Swallow (Carlo Mirabella-Davis)

    Hunter (Haley Bennett) a tout pour être heureuse. Elle est mariée à Richie (Austin Stowell), un entrepreneur fortuné dont elle attend un enfant. Femme au foyer soucieuse de son intérieur, elle s’occupe d’une maison spacieuse donnant sur l’Hudson River. Les plans larges et les scènes d’intérieur décrivent une villa cossue et aseptisée, comme une maison témoin pour classe sociale supérieure. Alors quel est le problème ? Envahie par l’angoisse, Hunter avale compulsivement des petits objets. Swallow décrit de manière clinique une névrose qui devient incontrôlable.

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  • 1917 (Sam Mendes)

    La promotion du film de guerre de Sam Mendes repose sur un argument de virtuosité technique. 1917 se déploie (apparemment) en un unique et impressionnant plan-séquence suivant deux soldats anglais. Ce procédé sans coupure permet au spectateur d’être à hauteur d’homme, immergé dans l’action, collé à une temporalité unique qui fait ressentir l’intensité des événements. On ressent un peu de gêne au départ à coller aux basques des soldats Schofield (George McKay) et Blake (Dean-Charles Chapman), missionnés pour transmettre un ordre de retraite au régiment Devon. Ils ont moins d’une journée pour traverser le front déserté par les Allemands et éviter un massacre à leurs camarades. Un rien embarrassé, on a la prime impression de ne pas voir la guerre à travers un regard singulier de réalisateur mais d’un système de filmage qui privilégie l'instantané.

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  • 2019: Quentin, Martin, Joaquin... et les autres

    De 2019, je retiens d’abord les paroles de Martin Scorsese sur les franchises Marvel et leurs reboot, sequel et spinoff : "Je ne les regarde pas. J'ai essayé vous savez. Mais ce n'est pas du cinéma. Honnêtement, ils me font penser, aussi bien réalisés qu'ils sont, avec des acteurs faisant du mieux qu'ils peuvent dans ces circonstances, à des parcs d'attractions. Ce n'est pas du cinéma avec des êtres humains cherchant à transmettre des expériences émotionnelles et psychologiques à un autre être humain." Comme le cinéaste, je ne goûte pas ces baudruches pixellisées aux scénarios simplistes et déplore qu’elles aspirent autant de moyens au détriment d’autres œuvres. D’ailleurs, j’aurais préféré voir son Irishman dans une salle et pas dans des conditions déplorables qui m’ont fait rater le coche. J’espère que dans les années 2020, on n’assistera pas à une migration massive de films d’auteur vers des plateformes numériques. Rien ne vaut l’expérience du grand écran pour goûter un film.

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