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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 50

  • Le loup de Wall Street: let's party!!!

    Oubliez Taxi Driver. Oubliez Raging bull. Oubliez Casino. Le loup de Wall Street n’est pas de ce bois-là et pourtant il n’est pas mauvais du tout. Il est même très bon malgré une demi-heure de trop sur trois heures de temps. Le film fonctionne comme un mix de comédie déjantée et de teen-movie et ça n’a rien d’ironique sous ma plume.

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  • Ma vie avec la bataille de Blue Jasmine

    Deux comédies dramatiques m’ont fait retrouver de l’enthousiasme en ce beau mois de septembre 2013 : Ma vie avec Liberace et La bataille de Solferino. Une troisième m’a franchement déçu : Blue Jasmine de Woody Allen, qui bénéficie d’un enthousiasme de la presse assez étrange.

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    Ma vie avec Liberace de Soderbergh est un film assez trompeur. Nous sommes en 1977. Un peu du I feel love de Donna Summer résonne dans un bar gay et nous présageons d’un biopic flamboyant et hédoniste. Le personnage réel dont il est question, Liberace, est une star américaine qui n’a pas son équivalent ici. C’était un pianiste qui adaptait la musique classique au kitsch de Las Vegas. C’était une idole pour vieilles dames. Et un homosexuel qui n’assumait pas ses penchants, faisant condamner les journalistes indiscrets. Passé donc la très belle scène où Scott (Matt Damon) découvre Liberace (Michael Douglas) sur scène, toute la dramaturgie est repoussée en coulisses. Ce qu’on voit dans le privé ne peut être montré en public. La flamboyance et le rêve incarnés dans le show se dérobent très vite au profit d’une histoire beaucoup moins glamour, celle d’une idylle entre l’artiste et de son jeune amant, pleine de cruauté et de désespoir. Ma vie avec Liberace est un film trompeur car pour un biopic sur un homme de music hall, c’est un film dénué de spectacle et d’ampleur romanesque. Le scénario est linéaire, il serait même plat s’il ne racontait sur un ton très léger de véritables horreurs, le tout dans un décor comique à force d’être kitsch. Adepte du bistouri pour effacer des rides qui lui rappellent son père, Liberace oblige son amant à se faire le même visage que lui. Soulagé, Liberace parle de liberté à la sortie de l’enterrement de sa mère. L’artiste est dépeint comme un manipulateur qui n’offre rien qu’il ne reprenne quand il en a envie. Superbement joué par Michael Douglas, il offre le portrait d’un homme égoïste, dénué d’amour pour autrui. Peut-il en être autrement d’une folle qui ne s’accepte pas ? La haine de soi et la frénésie narcissique de plaisirs irriguent ce personnage qu’on ne peut pas tout à fait détester. Face à Douglas, Matt Damon livre une prestation supérieure à celle de son partenaire car plus subtile. Lui doit incarner toutes les facettes de l’amour et pour cela accepter toutes les métamorphoses. Il est tour à tour tendre plouc en quête d’amour, éphèbe énamouré et défiguré, amant délaissé et junkie, homme en reconstruction pendant les années sida. Le film a quelques longueurs mais il faut saluer la puissance d’incarnation de ses deux comédiens. Avec Liberace, Soderbergh a réussi le même pari qu’avec le Che : nous vendre comme un film à spectacle un film intimiste où tout est niché dans les détails.

    La bataille de Solferino de Justine Triet est une bien belle surprise. L’esprit du film est empreint d’humour et d’une fraîcheur de ton vivifiante. Le jour de l’élection de François Hollande, Vincent (Vincent Macaigne) tente de voir ses deux petites filles que son ex-compagne, Laetitia (Laetitia Dosch), reporter i-Télé envoyée rue de Solferino, a laissé à un baby-sitter largué. Effrayée par les accès de violence de Vincent, Laetitia demande au baby-sitter d’emmener les enfants rue de Solferino, afin de les protéger de Vincent. Vincent les rejoint, angoissé par la foule qui gonfle dans l’attente des résultats et la tension enfle. Laetitia interviewe les militants des deux camps, chauffés à blanc par la campagne électorale. La petite histoire rejoint la grande Histoire. Dans le cadre réel et bien vivant de la rue de Solferino, la réalisatrice a eu la bonne idée de mettre en scène une double bataille entre deux camps qui ne peuvent plus se parler. La métaphore des ex séparés qui sont comme deux camps politiques irréconciliables fonctionne très bien mais le film donne plus que ça. Entre les deux confrontations, c’est la moins artificielle qui nous émeut. Qu’est-ce qu’une élection présidentielle sinon un moment médiatique artificiel, gonflé de son importance ? Qu’est-ce que ça vaut à côté du déchirement d’un couple autour des enfants ? Pendant que les militants des deux camps alignent les énormités et singent, pour ceux du PS, une euphorie qu’on trouvera ridicule a posteriori, un homme et une femme tentent de protéger leurs enfants, de rester des parents et de communiquer. On ne saura pas si les scènes sont intégralement écrites ou si la réalisatrice a laissé un cadre très libre et propice à l’improvisation. On découvre un film qui respire la spontanéité, le vivant, l’humain, la drôlerie. On a parlé de film foutraque dans la presse. Caricature ! La bataille de Solferino laisse simplement les comédiens jouer pleinement ce truc bancal qu’on appelle la vie. On s’effraye des disputes entre Laetitia et Vincent puis on rit à voir ce dernier déambuler avec son « avocat », Arthur, un pote qui veut rendre service. Quand Laetitia reproche à son compagnon d’être un artiste raté pendant qu’elle, journaliste TV, fait un métier utile parce qu’elle prescrit l’opinion des gens, on voit où penche la réalisatrice, du côté de Vincent, pour le spontané, contre le formaté. Pendant que certains prétendent « changer la vie », d’autres se battent pour ne pas la subir complètement. Echoués dans un restaurant chinois, Vincent et Arthur peuvent vider quelques verres tout en se vannant, les élections sont déjà loin. 

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    La surprise et la spontanéité trouvées dans La bataille de Solferino sont absentes de Blue Jasmine, la nouvelle livraison annuelle de Woody Allen, la vache sacrée de la critique française. Je vais d’abord répéter ce que tout le monde sait : Cate Blanchett est une excellente actrice. Son interprétation angoissée de Jasmine French, femme née pour vivre riche, le démontre. Elle joue brillamment une Zelda Fitzgerald au temps de la finance débridée. Hélas, le scénario de Blue Jasmine est d’une construction très manichéenne, lestée de clichés balourds. Après avoir été mariée avec un simili-Madoff qui s’est suicidé, Jasmine French, part de New York pour retrouver à San Francisco sa sœur, Ginger (Sally Hawkins), adoptée comme elle, une prolétaire un peu idiote qui ne s’entiche que de « losers ». Tandis que Ginger sort avec des prolétaires, Jasmine, après avoir repoussé les minables qui ne lui plaisent pas, rencontre un homme riche promis à une brillante carrière politique. Elle va vraisemblablement retrouver la vie upperclass et douillette qui lui plaît tant. Dans ce scénario qui tourne en rond, les personnages n’évoluent pas d’un iota, comme si leur existence était déterminée par les gènes de la richesse ou de la pauvreté. Allen s’oblige parfois, pour sortir de cet enfermement et prendre un peu de hauteur morale, à quelques coups de théâtre peu inspirés. Il ressort de ce film deux portraits de femmes peu attachantes. Le spectateur est comme cette vieille dame que Jasmine colle tout au long de son New York – San Franscisco, il se demande, amusé et agacé à la fois, comment en finir avec cette bavarde égocentrique. Pour son retour en Amérique après l’Europe, on ne comprend pas bien ce que Woody Allen veut nous dire de son pays et s’il veut nous dire quoi que ce soit. Il renvoie dos à dos riches et pauvres, hommes et femmes, Côte Est et Côte Ouest, dans un film misanthrope, tantôt agréable, tantôt ennuyeux.

  • Appel à la friction !

     

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    Le cinéma d’aujourd’hui m’ennuie. La trame des histoires d’amour, de séparation, d’adultère est usée jusqu’à la corde. Les films de super héros sont puérils. Les comédies ne sont pas drôles. Les drames sont bourgeois et prévisibles. Les effets spéciaux et le numérique étouffent les personnages. Les intrigues sont mal écrites. Je sais de plus en plus à quoi m’attendre quand je regarde un film. Je n’apprends rien, je ne suis pas bousculé, je suis conforté par des recettes et des clichés. On ne me parle que de ce que je connais. Et pourtant, tant de choses dans le monde me dépassent et peuvent me fracasser : réchauffement climatique, trafics, terrorisme, prolifération du numérique, spéculation financière délirante, marchandisation des corps, migrations massives, toute puissance du sport etc. De plus, il y a dans l’histoire du monde la matière de millions de films et de scénarios originaux: conquêtes, grandes découvertes, révolutions, colonisations, etc. L’humain est dans l’Histoire comme un ours sur une banquise qui se détache, il ne sait pas ce qui va arriver. L’Histoire en action est donc un terrain de fiction à reconquérir.

    Quel français fera un film sur la Commune de Paris? Sur la Françafrique ? Qui osera faire un film critique sur le sport spectacle ? Qui traitera de l’invasion du numérique dans notre intimité ?

    De plus en plus, on se réfugie dans les séries pour voir des sujets qui ne sont plus traités sur grand écran. Le cinéma est devenu un art conformiste, un art de mollusque.

    La postmodernité, le référentiel, le clin d’œil, le second degré sont épuisés. Pour revivre, le cinéma doit parler de l’humanité en mouvement, pas reproduire des poses culturels et des références ad nauseam. Un film inspiré de la Nouvelle Vague est un film mort-né. Un film de Tarantino est un joujou sympathique.

    C’est pourquoi j’en appelle à une grande révolution du cinéma mondial pour sortir du conformisme, des recettes et de l’ennui qui nous guettent. J’en appelle à un cinéma du réel, du concret, de la friction. J’en appelle à la science-friction, à la politique-friction etc.

    Scénariste, réalisateur, écrivain, travailleur du 7ème Art, lève-toi et raconte-nous le monde ! Voici tes 13 commandements :

    1. Des livres d’Histoire, de sciences humaines et de la prospective tu liras et l’inspiration tu puiseras 
    2. La politique, l'économie et la technique point ne mépriseras
    3. le petit récit intime et les histoires de fesse bourgeoises tu éviteras
    4. Les rencontres, cassures et métissages entre plusieurs mondes tu exploreras
    5. Dans la dystopie et l’uchronie tu t’aventureras
    6. Un point de vue tranché tu risqueras : mieux vaut un film assumé qu’un film tiède
    7. Le tragique tu privilégieras, la comédie tu pourras (à condition d’être drôle et d'avoir le sens du rythme)
    8. Le point de vue de celui qui n’est pas toi (la femme, le vieux, l’immigré, l’enfant, etc.) tu tenteras
    9. L’épaisseur et la vraisemblance des personnages tu privilégieras
    10. La photo, le cadre, la mise en scène et le rythme jamais tu ne négligeras
    11. De l'esthétique TV / téléfilm / téléréalité / clip toujours tu t'affranchiras
    12. Au montage le Temps tu respecteras
    13. Cette liste de films tu regarderas, dont l’esprit tu méditeras :

    ·         Docteur Folamour (Kubrick)

    ·         Les temps modernes (Chaplin)

    ·         Conversation secrète (Coppola)

    ·         La bataille d’Alger (Pontecorvo)

    ·         Metropolis (Lang)

    ·         Lacombe Lucien (Malle)

    ·         M. Klein (Losey)

    ·         Le cuirassier Potemkine (Eisenstein)

    ·         Daratt (Haroun)

    ·         Little Big man (Penn)

    ·         La terre tremble (Visconti)

    ·         Soleil vert (Fleischer)

    ·         Total recall (Verhoeven)

    ·         L’homme qui voulut être roi (Huston)

    ·         Nous nous sommes tant aimés (Scola)

    ·         Votez McKay (Richie)

    ·         The parallax view (Pakula)

    ·         Emitaï (Sembene)

    ·         Raja (Doillon)

    ·         La chinoise (Godard)

    ·         Aguirre ou la colère des dieux (Herzog)

    Etc.

     

    AU TRAVAIL !!!

  • le film d’auteur français : beautés et limites…

    Cet été plus encore que les précédents , il a été décidé que le spectateur devait ingurgiter du blockbuster. Pacific Rim, Lone ranger, Wolverine et tant d’autres, voilà ce qui encombrait les salles de cinéma entre le 14 juillet et le 15 août. Autant dire rien d’intéressant pour qui voudrait faire fonctionner son cerveau. Alors je suis allé bravement à la chasse au film d’auteur, me disant qu’en été, on a le temps de lire des bons livres et aussi de regarder des films insolites. Des films qui laissent une trace, qui résonnent, qui hantent, qui happent. Des films sans les grosses ficelles et les conventions du cinéma commercial à l’américaine. Frances Ha, L’inconnu du lac et Michael Kohlhaas sont les rares moments étiquetés « film d’auteur » que j’ai pu m’offrir en cet été 2013.

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  • Zero Dark Thirty

    Disons que l’enjeu narratif de Zero Dark Thirty est la capture de Ben Laden mais que ce qu’exprime le film dépasse largement cet événement. Le premier plan est un écran noir d’où résonnent les échos catastrophés du 11 septembre 2001 et les voix de victimes prises au piège des tours. L’un des  derniers plans, situé après le 2 mai 2011, jour de la mort du terroriste, montre Maya (Jessica Chastain), l’agent de la CIA qui a réussi sa capture, pleurant toute seule dans un avion qui la ramène aux USA. L’héroïne, la « tueuse » comme on la décrit, craque. Ben Laden éliminé, elle peut faire son deuil. Le pays surmonte a minima l’affront qui lui a été fait.

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  • J'aime pas (vivement 2013!)

    J’aime pas les films de troupe, de copains. Une fâcheuse tendance du cinéma français qui produit des films d’acteurs pléthoriques, de têtes d’affiche, qui me donnent envie de fuir. Les petits mouchoirs, Nos plus belles vacances, Amitiés sincères bientôt (avec Jean-Hugues Anglade et Bernard Lanvin), le cœur des hommes etc. On parle de la vie, du couple, des petites trahisons entre amis mais on se retrouve à empiler les clichés, les numéros d’acteur et les scènes de repas. On dit « l’homme est volage, enfant gâté, et la femme une éternelle maman trompée » et on reprend une tranche de saucisson. N’est pas Claude Sautet qui veut. Ces films sont souvent mal écrits, pas drôles, poussifs. Chacun y fait son petit numéro. On se dit que les producteurs ont d’abord mis sur le papier des noms d’acteurs avant de se demander quoi leur faire jouer. Quatre mariage et un enterrement (1994) ou Peter’s friends de Brannagh (1992) sont des films de troupe, d’une certaine façon, et pourtant ils sont bien écrits et captivants, sans être des chefs-d’œuvre. Le comble : un pays « littéraire » qui produit à la chaîne des films mal écrits !

     

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    J’aime pas les films français avec des comiques à l’intérieur, films qui peuvent d’ailleurs être des films de troupe, de copains. Xavier Demaison, Elie Semoun, Omar et Fred, les KAIRA, Youn, Kad & O, les Robins des bois etc. Un certain type d’amuseur, qui vient en général de la TV, se vautre dans des productions dont le comique tient dans la bande-annonce. Connaissez-vous le théorème de Semoun ? Il dit ceci : « tout film dans lequel joue Elie Semoun est une merde ». J’aime plutôt le comique mais à ma connaissance il n’a jamais joué dans de bons films. Les comiques ne comprennent pas une chose : la comédie est un art exigent, qui demande du rythme, de la rigueur, de l’invention, donc une bonne mise en scène, donc un bon réalisateur. Beaucoup de comédies françaises sont des véhicules promotionnels permettant à des comiques paresseux de percer dans le cinéma. Je dis paresseux parce qu’on ne parle pas de Chaplin qui répétait 50 fois une scène avant qu’elle soit parfaitement drôle. Elles sont souvent réalisées par des tacherons, qui ne font pas d’ombre au casting et au final, le film, une succession molle et mal ficelée de sketchs, est une merde. RRRrrrr ! des Robins des bois, bien que réalisé par Chabat en 2004, par exemple. Autre nullité : le séminaire (2009), dérivé des sketchs TV Caméra café. Ça date mais la production a-t-elle vraiment changé depuis ? La majorité des comiques TV a probablement une culture cinéma qui se réduit aux Bronzés. Réunir quelques rigolos, tout miser sur les dialogues et les situations grotesques, rien sur la mise en scène et l’artistique. Ils n’ont pas compris ces imbéciles qu’il leur faut un Blake Edwards, un Jean-Paul Rappeneau, un De Broca ou un Billy Wilder pour briller, pas un Charles Nemes !

    J’aime pas l’inhumanité du cinéma américain à grand spectacle. J’ai envie de voir des personnages, des humains, du peuple, pas des « transformers », des loup-garou ou des oursons qui parlent. Je suis fatigué qu’on me divertisse comme un ado, qu’on me fasse voir des super-héros au lieu de gens ordinaires. Il y a plus d’humanité dans les films Pixar que dans beaucoup de productions grand public et je ne sais pas pourquoi (si en fait je sais un peu). Vol au-dessus d’un nid de coucous (1975) de Forman ou Five easy pieces (1970) de Rafelson étaient des succès publics. Ces films sont drôles, tragiques, leurs héros sont émouvants, pathétiques. Pourquoi le cinéma américain ne produit plus ou très peu ce genre de films populaires ? Avez-vous déjà vu Papermoon (1973) de Bogdanovich ? ou l’épouvantail (1973) de Jerry Schatzberg ? Ce sont des films écrits, subtiles, s'adressant aux spectateurs comme à des adultes. Ça pourrait exister dans le cinéma indépendant mais même là on ne tombe pas toujours bien. Prenons Another happy day (2011), comédie dotée d’un riche casting (Ezra Miller, Ellen Barkin, Demi Moore, Ellen Burstyn etc.), qui raconte un week-end familial. Film de famille typique du cinéma US, fatigant à force d’exhiber les névroses, les hystéries de chaque membre, comme si pour intéresser les spectateurs à une histoire banale, avec des gens ordinaires, il fallait pousser les compteurs du dysfonctionnel au maximum.

    J’aime pas la 3D, même pour Avatar qui est un film impressionnant - cela va de soi. Le cinéma n’est pas (encore totalement) une attraction foraine pour adolescent – décidemment j’en reviens toujours à cet âge. Je me fiche d’avoir l’impression que les balles vont m’atteindre ou qu’un piranha va me sauter au visage, d’autant qu’il n’existe pas de films reposant à 100% sur des scènes d’action. Je dois donc regarder une discussion autour d’un bureau ou un personnage buvant un café en 3D, et ça n’a aucun intérêt. Ça me fatigue les yeux de mettre des grosses lunettes et ça n’ajoute rien au fait que le film est bien écrit ou pas. Un film n’est pas (encore totalement) un réservoir à stimuli, il s’adresse aussi à mon intelligence. Sinon, autant placer sous les sièges du cinéma un câble électrique et balancer une décharge de temps en temps.

     

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    On l’aura compris, je n’aime pas le cinéma de rupin, le cinéma nouveau riche, qui exhibe comme arguments de vente ses stars, ses casting pléthoriques, ses joujous technologiques, ses tics d’auteur parfois, au détriment d’une écriture, d’une mise en scène. J’ai envie de m’identifier à des humains, j’ai envie d’être projeté dans des situations historiques, sociales, sexuelles que je ne connais pas. J’ai envie qu’on me parle du monde. Trois films en 2012 m’ont procuré cette sensation. Avec Margin call de JC Chandor, j’étais au cœur d’une banque d’affaires américaine, à la veille de la crise financière. Je voyais l’irrationnel, la cupidité, la logique implacable du capitalisme financier. Avec la désintégration de Philippe Faucon, j’observais une cellule islamiste en train de se former, la propagande à l’œuvre, les mécanismes de cette fameuse désintégration sur de jeunes hommes. Je voyais des Mohamed Merah en formation accélérée. Avec Laurence anyways de Xavier Dolan, je partageais les tourments d’un couple où l’homme se transforme petit à petit en femme. J’admirais les choix et les libertés formelles de Dolan, l’exaspération de Suzanne Clément, la douceur de Melville Poupaud. Films intéressants d’une année assez plate, pleine de films manqués, hélas, et de films surestimés. Vivement 2013 !