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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 33

  • Coffret Alan Clarke (Potemkine)

    Et si pour Noël, vous vous offriez l’essentiel de la filmographie d’Alan Clarke. Ah ah ah ! Rien de tel que les foudroyants Scum ou Made in Britain, entre le boudin et la bûche, pour se garantir une atmosphère chaleureuse ! Pour les cinéphiles qui ne le connaissent pas, ça sera une belle découverte que ce réalisateur britannique qui a surtout travaillé pour la télévision, la BBC en l’occurrence. Il a réalisé son premier téléfilm en 1967 mais le coffret Potemkine résume sa période « thatchérienne » : Scum, Made in Britain, The firm et Elephant vont de 1979 à 1989. Sans doute le big bang conservateur et ultra-libéral de l’époque, qui a fait des dégâts sociaux considérables, a-t-il marqué cette œuvre remplie de personnages jeunes, haineux et violents. Un autre réalisateur que Ken Loach a donc porté un œil très critique sur l’époque, en adoptant une écriture cinématographique singulièrement différente.

    Alan Clarke est mort en 1990 mais il a laissé un héritage conséquent. Il a fait débuter Tim Roth dans un rôle percutant de skinhead dans Made in Britain et permis à un Gary Oldman d’incarner un terrifiant meneur de hooligans dans The firm. Côté réalisateurs, Gus Van Sant a appelé son célèbre film Elephant comme le dernier de Clarke, son plus radical sorti en 1990 - produit par Danny Boyle ! Au regard des 4 films compilées dans le coffret, on comprendra ce que l’américain doit au britannique en termes de procédés de réalisation. Gerry, Elephant et Last days portent cette influence dans les choix de montage, l’utilisation de la steadycam, l’épure de la narration. Ne pas hésiter donc à écouter les commentaires de la critique et universitaire Andrea Grunert, qui résume les innovations d’un réalisateur principalement télévisuel. Le téléfilm, méprisé en France pour son indigence formelle, était davantage valorisé en Grande-Bretagne. Clarke comme Loach, Frears ou Leigh comptent beaucoup de téléfilms dans leurs œuvres.

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  • 12 jours (Depardon)

    Le nouveau documentaire de Raymond Depardon fait partie de ses œuvres douloureuses à regarder. La réalité sociale qu’il nous montre, désespérante au premier abord, est peu connue du grand public. La loi française impose à des personnes internées en hôpital psychiatrique sans leur consentement que leur situation soit examinée par un juge au bout d’un délai légal de 12 jours. Après avis des médecins, il dépend donc d’un magistrat qu’une personne internée puisse retrouver la liberté, à condition qu’elle soit inoffensive pour la société.

    La majeure partie du film est constituée d’audiences. On retrouve le mécanisme de mise en scène de confrontations, le même que dans 10ème chambre, instants d’audience, où des individus passaient en comparution immédiate devant un juge. De simples champs-contrechamps captaient une relation asymétrique entre des individus et l’institution judiciaire. Les décisions prises avaient de graves conséquences sur des gens complètement démunis. Ce qui se passait à l’écran témoignait de l’impuissance du simple citoyen, délinquant ou non, à se défendre face à une institution toute-puissante. La voix du juge, portant un langage difficile à comprendre, intimidait les justiciables. 12 jours reprend ce procédé de mise en scène d’un rapport de force mais produit un sentiment différent.

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  • Le musée des merveilles (Todd Haynes)

    Quand a commencé le nouveau film de Todd Haynes, j’ai eu le sentiment d’aborder une œuvre bien compliquée. Cela sentait la construction excessivement sophistiquée, cette histoire en parallèle de deux enfants sourds, à 50 ans de distance. En 1927, Rose (Millicent Simmonds), quitte la demeure de son père divorcé pour retrouver à New York sa mère, actrice star du cinéma muet (Julianne Moore) puis son frère chez qui elle s’installe. En 1977, Ben (Oakes Fegley), suite au décès de sa mère (Michelle Williams), part à New York aussi, à la recherche d’un père qu’il n’a jamais connu et dont on lui a toujours caché l’identité. Alors que Rose est sans doute sourde de naissance, le garçon a perdu l’ouïe par la foudre ayant frappé sa maison. Contrairement à la jeune fille, il peut donc parler mais ne s’entend pas. A un contenu qui se prête à du gros mélodrame qui tache se marie une construction dramatique jouant de correspondances entre deux temporalités. On a vu plus simple !

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  • Thelma (Joachim Trier)

    Oslo, 31 août (2011) et son personnage suicidaire inspiré du Feu follet de Drieu La Rochelle m’avait secoué, comme beaucoup. Les critiques très mitigées m’ont détourné du film suivant, Back home, à tort peut-être. A propos du norvégien Joachim Trier reviennent souvent les mêmes reproches. Ses scénarios sont sur-écrits et sa mise en scène penche vers une sophistication trop voyante. Ce sont des critiques qui peuvent être faites à Thelma. Néanmoins, à l’image de cette vaste couche de glace qui éblouit le premier plan du film, on saura gré au réalisateur d’aller regarder les choses inquiétantes qui se cachent derrière une surface lisse et brillante. Trier est citoyen d’un pays parmi les plus prospères et confortables du monde, la Norvège et il parvient très bien à montrer le malaise derrière la normalité apparente.

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  • Ciné-club : Un été avec Monika (Bergman)

    Je découvre Un été avec Monika (Sommaren med Monika) d’Ingmar Bergman maintenant, alors que je n’ai jamais été un familier du cinéma du maître suédois. J’ai vu il y a longtemps mais sans passion Le Septième sceau, Les Fraises sauvages mais pas plus, honte sur moi ! Or passer un été avec Monika a été un véritable délice, je l’avoue. Le film est empli de la sensualité et de la jeunesse de son personnage principal Monika (Harriet Andersson). Cette jeune femme, travaillant pour un épicier rencontre Harry (Lars Ekborg), du même âge et de la même condition modeste que lui. Vibrant du même désir et de l’envie de fuir cette société morne et contraignante des adultes, ils prennent tous deux le bateau pour un rivage sauvage, le temps d’un été. L’échappée amoureuse est le versant lumineux du film qui connaîtra ensuite un dénouement plus sombre, plus cruel. Après le temps des sens et de l’insouciance, celui de la désillusion entre deux êtres qui ne partageront plus les mêmes aspirations. Monika est une jeune femme sensuelle, dominée par ses rêves et ses désirs (elle entraîne Harry au cinéma), qui veut prolonger l’été le plus possible. Harry, moins fougueux que sa compagne, reprend un travail, des cours du soir et économise pour garantir au couple des jours meilleurs.

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  • Borg/McEnroe (Janus Metz Pedersen)

    Un dimanche de pluie comme aujourd’hui, on peut aller au cinéma voir le très plaisant Borg/McEnroe du danois Janus Metz Pedersen comme on suivrait un bon match de tennis à la TV. Je ne crois pas au tennis comme sport de cinéma, je ne vois pas un film qui le prouverait. Le tennis, sport roi de la classe moyenne, n’a pas la force populaire ni la simplicité de la boxe. Le court plus large que le ring et l’absence de contact physique entre adversaires rend sa mise en scène plus compliquée. Pour nous rappeler la finale mythique de Wimbledon 1980 entre Borg et McEnroe, il fallait donc s’appuyer sur autre chose que l’affrontement sur le court : la fameuse opposition psychologique.

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