John Huston
Avengers : Age of Ultr(ac)on ?
Avengers : Age of Ultron n’a pas vraiment sa place sur ce blog. Déjà je ne me suis pas coltiné toutes les œuvres Marvel en Pléiade donc la genèse de Captain America ou les névroses de Iron Man.... Et puis ce déluge de cinéma numérisé, quand on aime le réalisme un peu cafardeux des années 70, je ne dis pas que ça n’est pas du cinéma, c’est juste un autre cinéma… qui n’est pas ma tasse de thé.
Des dialogues, plein de dialogues
Ça commence pendant l’assaut par les Avengers d’une forteresse en Sokovie, un pays imaginaire entre la Roumanie et l’Ukraine et c’est du gros badaboum en forêt, comme un shoot them up et là déjà on voit les limites du numérique : c’est impressionnant ça part dans tous les sens mais cette bouillie d’images est tellement peu réaliste que c’en est emmerdant, les soldats et les chars sont juste là pour se faire dégommer. Nos héros, Iron Man, Captain America, Thor, Hulk, Black widow et Hawkeye, défoncent leurs ennemis à tout va. Ils déboulent chez Strucker (qui ? j’ai loupé le premier Avengers donc je suis mal) et là il y a deux jumeaux « optimisés » qui ont des superpouvoirs et qui dans leur jeunesse ont été traumatisés par Iron Man. Il y a dans ce château un sceptre avec à l’intérieur une pierre de gemme et tout ça a des tas de pouvoirs qui menacent tellement le monde que c’en est effrayant. Surtout qu’on ne sait pas trop si Tony Stark alias Iron Man n’a pas été embobiné par la jumelle sokovienne qui s’appelle… je m’en souviens plus. C’est là que j’ai sérieusement décroché d’autant qu’avec le sceptre, Iron Man et Hulk redevenu Bruce Banner créent une sorte de programme hyper-chiadé qui va protéger le monde et qui en plus est beaucoup plus évolué que Jarvis qui est euh… un programme mais pas très évolué genre Windows XP. Alors le programme étant un peu infecté, il est animé de mauvaises intentions et va détruire l’Humanité en se répandant sur Internet et en fusionnant avec le très méchant Ultron et va donner un gars tout rouge dont on ne sait pas si il est gentil ou méchant. Mais en fait on s’en fout. Là je crois que je raconte n’importe quoi car je ne sais plus exactement à quel moment Ultron se manifeste. C’est pas fini : il y a une romance entre Natasha Romanoff (Black widow) et Hulk mais Hulk sent bien qu’être vert de rage n’est pas l’idéal pour filer le parfait amour avec Natasha. Il y a des flashbacks aussi. Et des dialogues, plein de dialogues pour faire tenir ça ensemble et pour justifier l’arrivée inopinée de Don Cheadle, de Samuel Jackson et de pages de scénario qui ont dû se mélanger dans la photocopieuse du studio Marvel. Ça n’est pas si grave car les acteurs, Downey Jr, Hemsworth, Ruffalo, Johansson etc., plutôt bons, jouent le jeu et débitent leur texte avec insouciance et sans faire dans le shakespearien.
Ecrit avec les pieds
Bon, c’est Joss Whedon le réalisateur qui a écrit ça et je ne le connais pas. Il a paraît-il réalisé le premier épisode. Je pense qu’il est sûrement agrégé en Marvelologie pour avoir pu remplir 2h22 de pages de scénario. Je ne parlerais pas de ce film si je ne pensais que ce cinéma-là, malgré toute sa technologie ne tient pas la route et vieillira aussi vite sur petit écran que les Matrix. Tu peux en mettre plein la vue sur un grand écran, il n’en reste pas moins que c’est écrit avec les pieds, incompréhensible, vaguement philosophique (l’avenir de l’humanité et tout ça…), saturé de personnages, gavé de dialogues abscons, parfois drôle et tellement pétaradant que je n’ai pas pu dormir comme devant Taxi Teheran – oui, la honte absolue mais j’étais crevé et les voyages en voiture me donnent le sommeil. Il faudrait avoir vu le premier épisode, connaître un peu cet univers bla bla bla, me soutiendront les fans. Non, avant d’aller voir un film, je n’ai pas besoin d’avoir vu les œuvres complètes. Je n’ai rien contre les super-héros et aller au cinéma c’est aussi découvrir de nouveaux univers. Ce n’est pas le genre qui pose problème. C’est un type de réalisation immédiate, qui veut en mettre tellement plein la vue qu’elle ne crée aucune tension, qu’elle ne prend jamais aux tripes et qu’elle se vautre dans le grotesque avec un scénario tiré par les cheveux. Mais comme ce grotesque vaut cher à produire et fait un carton, ça passe et la critique est plutôt bienveillante. En comparant ce machin avec un succès commercial du type Terminator 2, qui date de 1991 et intégrait des effets numériques, on a comme l’impression que quelque chose s’est perdu en route dans le cinéma commercial américain.