Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

2019: Quentin, Martin, Joaquin... et les autres

De 2019, je retiens d’abord les paroles de Martin Scorsese sur les franchises Marvel et leurs reboot, sequel et spinoff : "Je ne les regarde pas. J'ai essayé vous savez. Mais ce n'est pas du cinéma. Honnêtement, ils me font penser, aussi bien réalisés qu'ils sont, avec des acteurs faisant du mieux qu'ils peuvent dans ces circonstances, à des parcs d'attractions. Ce n'est pas du cinéma avec des êtres humains cherchant à transmettre des expériences émotionnelles et psychologiques à un autre être humain." Comme le cinéaste, je ne goûte pas ces baudruches pixellisées aux scénarios simplistes et déplore qu’elles aspirent autant de moyens au détriment d’autres œuvres. D’ailleurs, j’aurais préféré voir son Irishman dans une salle et pas dans des conditions déplorables qui m’ont fait rater le coche. J’espère que dans les années 2020, on n’assistera pas à une migration massive de films d’auteur vers des plateformes numériques. Rien ne vaut l’expérience du grand écran pour goûter un film.

Justement, cette année le plus grand plaisir sur grand écran m’a été procuré par Quentin Tarantino. Once upon a time in Hollywood est plein de moments gratuits où le cinéaste s’est fait plaisir mais j’ai aimé son film pour ses acteurs (Di Caprio au zénith de la crétinerie, Pitt au sommet du cool), sa bande-son, son humour de mauvais goût, son amour fétichiste des années 70 et du cinéma bis. J’avais envie d’être avec Rick Dalton et Cliff Booth sur les collines de LA. Quentin Tarantino n’est sans doute pas le cinéphile à aimer démesurément Bergman ou Tarkovski et prend plus son pied devant des séries B de karaté ou des westerns spaghettis. Que le personnage soit contestable, sûrement mégalo, on ne lui enlèvera pas son amour du grand écran. Son film est une déclaration d’amour au Hollywood en mutation des années 60-70.

De 2019, je retiens aussi :

- la relecture ambitieuse du mythe mafieux par Marco Bellocchio dans Le traître

- la rencontre tragicomique entre classes sociales coréennes dans Parasite de Bong Joon-ho

- le visage traumatisé de Florence Pugh, aspirée par la secte du Midsommar d’Ari Aster

- les incarnations bouleversantes des victimes du père Preynat dans Grâce à Dieu de François Ozon

- le vertige amoureux s’emparant de la douce Asako dans le film de Ryusuke Hamaguchi

- l’épreuve spatiale de la séparation pour Eva Green dans Proxima d’Alice Winocour

- la folie en veste à franges de Jean Dujardin dans Le daim de Quentin Dupieux

- une série (je n’en regarde pas beaucoup) : Chernobyl, remarquable, à coupler à la lecture de La supplication de Svetlana Aleksievitch

- les bons ou très bons films que sont : So long my son, Le lac aux oies sauvages, J’accuse, El reino, Douleur et gloire, Les misérables, Les oiseaux de passage, Portrait de la jeune fille en feu, La mule, Green book, Un jour de pluie à New York, La favorite, 90s, Martin Eden, M

- les franches déceptions laissées par : Roubaix une lumière, Bacurau, Atlantique, Ad Astra, Les éternels, Le jeune Ahmed, Yves, Si Beale Street pouvait parler

Quelques mots sur Joker : très glauque et désespéré, pas toujours fin ni clair sur ses intentions politiques, le film de Todd Philipps a créé une exception troublante dans l’univers DC Comics. Ce n’est ni spectaculaire ni aseptisé. Joaquin Phoenix en a fait un objet glaçant et décalé. Espérons qu’une brèche se soit créée dans les franchises de super-héros et que quelque chose de plus malsain et adulte (scorsesien ?) contamine ces grosses machines à popcorn !

En 2019 enfin, la découverte de classiques continue. Quelques-uns m’ont transporté : Que la bête meure (Chabrol), Dead man (Jarmush), Obsession (De Palma), Terreur aveugle (Fleischer), La vérité (Clouzot), Ludwig (Visconti)

Les commentaires sont fermés.