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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 17

  • La cravate (Mathias Théry, Etienne Chaillou)

    Comme spectateur de documentaire au cinéma ou à la TV, on n’échappe plus à certaines formes qui sont devenus les canons du genre. Le documentaire façon Depardon, sans commentaire, parfois face caméra, capte sans arrangement visible la vérité d’un événement ou d’un personnage. A contrario, le documentaire militant, nourri d’archives, d’interviews d’experts, sert un commentaire orienté ou une démonstration politique, comme c’est le cas avec Michael Moore – jusqu’à la manipulation... Tous les soirs, sur la TNT, des reportages « exclusifs » nous livrent un récit de la réalité « comme si vous y étiez », une voix off nous guidant dans le sensationnel, décrivant des « personnages », repères faciles servant les représentations toutes faites du spectateur (l’urgentiste dévoué, le bon flic, le dealer, etc.). La cravate est un documentaire mais prend le contrepied de ces modèles. Son dispositif déroute par son originalité.

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  • Swallow (Carlo Mirabella-Davis)

    Hunter (Haley Bennett) a tout pour être heureuse. Elle est mariée à Richie (Austin Stowell), un entrepreneur fortuné dont elle attend un enfant. Femme au foyer soucieuse de son intérieur, elle s’occupe d’une maison spacieuse donnant sur l’Hudson River. Les plans larges et les scènes d’intérieur décrivent une villa cossue et aseptisée, comme une maison témoin pour classe sociale supérieure. Alors quel est le problème ? Envahie par l’angoisse, Hunter avale compulsivement des petits objets. Swallow décrit de manière clinique une névrose qui devient incontrôlable.

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  • 1917 (Sam Mendes)

    La promotion du film de guerre de Sam Mendes repose sur un argument de virtuosité technique. 1917 se déploie (apparemment) en un unique et impressionnant plan-séquence suivant deux soldats anglais. Ce procédé sans coupure permet au spectateur d’être à hauteur d’homme, immergé dans l’action, collé à une temporalité unique qui fait ressentir l’intensité des événements. On ressent un peu de gêne au départ à coller aux basques des soldats Schofield (George McKay) et Blake (Dean-Charles Chapman), missionnés pour transmettre un ordre de retraite au régiment Devon. Ils ont moins d’une journée pour traverser le front déserté par les Allemands et éviter un massacre à leurs camarades. Un rien embarrassé, on a la prime impression de ne pas voir la guerre à travers un regard singulier de réalisateur mais d’un système de filmage qui privilégie l'instantané.

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  • 2019: Quentin, Martin, Joaquin... et les autres

    De 2019, je retiens d’abord les paroles de Martin Scorsese sur les franchises Marvel et leurs reboot, sequel et spinoff : "Je ne les regarde pas. J'ai essayé vous savez. Mais ce n'est pas du cinéma. Honnêtement, ils me font penser, aussi bien réalisés qu'ils sont, avec des acteurs faisant du mieux qu'ils peuvent dans ces circonstances, à des parcs d'attractions. Ce n'est pas du cinéma avec des êtres humains cherchant à transmettre des expériences émotionnelles et psychologiques à un autre être humain." Comme le cinéaste, je ne goûte pas ces baudruches pixellisées aux scénarios simplistes et déplore qu’elles aspirent autant de moyens au détriment d’autres œuvres. D’ailleurs, j’aurais préféré voir son Irishman dans une salle et pas dans des conditions déplorables qui m’ont fait rater le coche. J’espère que dans les années 2020, on n’assistera pas à une migration massive de films d’auteur vers des plateformes numériques. Rien ne vaut l’expérience du grand écran pour goûter un film.

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  • Official secrets (Gavin Hood)

    On n’en finit plus de payer les conséquences de la seconde Guerre du Golfe et des erreurs américaines au Moyen-Orient. Si quelques films ont pu témoigner, avec plus ou moins de force, du malaise des militaires en opération (Démineurs de Kathryn Bigelow, Jarhead de Sam Mendes, Green zone de Paul Greengrass, American sniper de Clint Eastwood), ceux traitant des coulisses politiques de cette guerre sont rares. Le cinéma récent a peu traité de la légitimité de cette guerre et des conditions douteuses de son déclenchement. En début d’année, Vice d’Adam McKay a dénoncé en la personne de Dick Cheney le cerveau malhonnête de cet immense gâchis. Le vice-président de Bush junior était le plus grand promoteur du mensonge en politique. Alors que dans Vice le sujet de la manipulation se plaçait sous le registre de la farce féroce, Official secrets de Gavin Hood est un film beaucoup moins fracassant qui met en lumière le rôle des lanceurs d’alerte.

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  • Le lac aux oies sauvages (Diao Yinan)

    Le lac aux oies sauvages est un des nombreux lacs qui bordent la ville chinoise de Wuhan, dans la région centrale du Hubei. C’est un lieu décrit dans le film de Diao Yinan comme une zone de non-droit, où un délinquant en fuite peut se cacher. Au cours d’une rixe avec une bande rivale, Zhou Zenong (Hu Ge), chef d’un gang de voleur de motos a le malheur de tuer un flic. Il passera tout le film à se cacher et à fuir alors qu’une récompense de 300 000 yuans est promise par les autorités. Alors qu’il souhaite que sa femme touche la récompense pour sa capture, c’est Liu Aiai (Gwei Lun Mei), une prostituée qui vient à sa rencontre.

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