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Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 38

  • Ma vidéothèque idéale : il grido de Michelangelo Antonioni

    Venant après le très beau et triste Le amiche (1955), il grido – le cri en italien – précède la période plus « radicale » de Michelangelo Antonioni, celle de l’Avventura (1960) à partir de laquelle ses scénarios seront plus nébuleux, moins linéaires. Le cri est donc, si on peut dire, le dernier film « classique » du maître italien. Le sujet est comme souvent avec lui d’un profond pessimisme : Irma (Alida Valli) apprend que son mari, immigré depuis plusieurs années en Australie, est mort. Cet événement, au lieu de sceller sa liaison avec un ouvrier, Aldo (Steve Cochran) dont elle a eu une fille, accélère leur séparation. Elle avoue à Aldo qu’elle fréquente un autre homme. Aldo, désemparé, emmène sa fille Rosina avec lui et dérive lentement, de lieu en lieu, de femme en femme, sans espoir.

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  • Grave (Julia Ducournau)

    Justine (Garance Marillier) a été élevée par ses parents, vétérinaires et végétariens, dans l’horreur de la viande. Elle intègre une école de vétérinaire où elle retrouve sa sœur Alexia (Ella Rumpf) et sympathise avec Adrien, un garçon de milieu modeste (Rabah Nait Ouffella). Elle est plongée dans la période du bizutage, faite de rites bestiaux (manger des abats d’animal mort) et de libération sexuelle. La séquence de la première soirée d’école dévoile le programme du film : le corps gracile de Justine, assourdi par la musique, bousculé par les danseurs, est projeté dans un monde chaotique de désirs.

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  • The lost city of Z (James Gray)

    Décidément, je m’attendais à beaucoup mieux concernant The lost city of Z. James Gray a beau être un admirateur de Coppola, il n’arrive pas à insuffler la même puissance romanesque dans son cinéma. A part Two lovers que j’avais placé très haut – Joaquin Phoenix y est excellent – je continue à voir en James Gray un bon réalisateur mais possédant un talent de réalisation moindre que ses maîtres. The yards ou We own the night, c’était pas mal mais c’était comme du Sydney Lumet… en moins bien.

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  • Le secret de la chambre noire (Kiyoshi Kurosawa)

    Avec Le secret de la chambre noire, Kiyoshi Kurosawa agrippe le cinéma français, ses décors, ses acteurs pour un film imparfait mais rempli de moments géniaux. Le réalisateur de Tokyo Sonata et Shokuzai (quelles claques !) aime à faire surgir le fantastique dans un environnement réaliste. Première image : le toit et les fils électriques d’un train. Mouvement de caméra : des voitures de RER qui nous amènent en lointaine banlieue parisienne. Elles déposent Jean (Tahar Rahim) pour son rendez-vous avec Stéphane Hégray (Olivier Gourmet), artiste réputé pour ses daguerréotypes et ses photographies de mode. Le jeune homme devient l’assistant du photographe et s’attache à sa fille Marie (Constance Rousseau). Hégray est un veuf malheureux hanté par l’image de son épouse suicidée. Sa fille à laquelle il impose de longues séances de pose souhaiterait partir. Bientôt, Jean, jeune homme pauvre, tente de gagner la confiance du père car un promoteur (Malik Zidi) lorgne la propriété de l’artiste.

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  • Jours de France (sortie le 15 mars 2017)

    Une fois Jours de France visionné, on fourmille de questions pour son réalisateur, Jérôme Reybaud. Jours de France comme la revue sur les grands de ce monde qu’on distribuait pour les salles d’attente des dentistes ou des médecins jusqu’à la fin des années 80 ? Cela a comme un air de passé et de province. Pourquoi Jours de France et pas Tour de France ? Le film aurait pu s’appeler comme cela puisqu’on y voit Pierre (Pascal Cervo) quitter Paul (Arthur Igual) pour un voyage en voiture sans but dans notre pays. Il parcourt cet espace si peu caractérisé par le cinéma français : le centre. C’est un polygone aux multiples zones désertes, dont les villes ont pour nom Bourges, Vierzon, Issoudun, etc. Paul part à la recherche de Pierre en utilisant les possibilités GPS de Grindr, application de rencontres gays permettant de repérer des plans drague dans un rayon de quelques kilomètres.

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  • American honey (Andrea Arnold)

    Star (Sasha Lane), 18 ans, rencontre Jake (Shia Labeouf) et quitte sa famille sur un coup de tête. Elle rejoint ainsi un groupe de jeunes vendeurs de magazines parcourant le Midwest (Kansas, Oklahoma, Nebraska). Sous les yeux d’une cheftaine jalouse, Krystal (Ryley Keough), elle apprend à vendre quelque chose d’inutile à des gens qui n’en a pas besoin. C’est un moyen comme un autre de survivre pour des gosses pauvres mais l’ambiance est bonne. Dans le van, on boit, on fume et on déconne. Sur la route, on écoute aussi de la musique, beaucoup et de la bonne. Le film tire son nom d’un titre du groupe de country Lady Antebellum. La chanson a eu du succès aux USA en 2010, suffisamment pour être reprise lors d’une séquence du film emprunte de nostalgie. L’américaine « pure sucre » tel que c’est traduit représente une figure d’innocence à laquelle on se réfère, stable et libre à la fois. Dans ce road trip mettant en scène de jeunes gens pauvres, la musique est primordiale et sonne toujours juste. Que ce soit ce hip hop sudiste (« trap ») qui célèbre le fric et la débrouille ou ce tube de Rihanna qui semble écrit pour Star et Jake (We found love in a hopeless place), les chansons sont en phase avec les valeurs d’une jeunesse nomade et marginalisée, qui prend le plaisir là où elle le peut.

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