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Alien covenant (Ridley Scott)

Prometheus était un ratage. Une splendeur visuelle mais un salmigondis de personnages informes. Il y avait bien ce goût prononcé pour l’horreur, cette scène sidérante de césarienne, mais tant d’incohérences narratives et une malheureuse impression d’inachevé. Il est difficile de bâtir une fresque ambitieuse sur un départ aussi raté. Le problème de ce film prequel de la série Alien est dans le décalage entre son ambition mythologique, (expliquer la naissance de l’humanité, celle des Aliens), et son échec narratif total. Il fallait remonter la pente via Alien Covenant pour continuer la série et faire la jointure, après encore deux épisodes, avec le film fondateur qu’est Alien, le 8ème passager. Ne le nions pas : Alien Covenant est une réussite visuelle, un voyage beau et terrifiant sur une planète inconnue. Je n’ai aucun doute sur le savoir-faire de Ridley Scott mais je ne crois toujours pas à son talent de conteur, à sa capacité à bâtir une saga cohérente. Scott est un excellent faiseur et c’est déjà pas mal !

Stupidité des personnages humains

Alien covenant est un assemblage disparate de séquences mal reliées et déjà vues. Le prologue centré sur l’androïde Walter (Michael Fassbender) place le spectateur dans un questionnement métaphysique sur la création et le devenir de l’humanité. Ensuite, on revoit des choses usées jusqu’à la corde : un équipage se réveille dans un vaisseau faisant route vers une nouvelle planète, ils captent un signal mystérieux, ils décident d’aller voir, ils atterrissent sur une planète qui a gardé les traces d’une civilisation brutalement détruite. Les événements s’accélèrent en boucherie puis en course poursuite entre humains et xénomorphes féroces. Il faut fuir la planète maudite mais une créature immonde s’est invitée comme passager dans le vaisseau. Il faudra la tuer tout en annonçant les prochains épisodes.

Avec l’impression de déjà vu de ces séquences-là, c’est surtout l’extrême stupidité des personnages humains qui laisse songeur. Comment peut-on débarquer sur une planète inconnue, en toute tranquillité, sans combinaison, sans casque, alors que l’environnement bactériologique est inconnu ? Comment peut-on poser son vaisseau principal sur cette planète alors qu’on vient d’apprendre qu’il y avait du grabuge en bas ? Comment peut-on faire sa toilette toute seule (Rosenthal) dans un endroit non protégé ? Comment peut-on garder dans le vaisseau, sans isolement, un humain (Lope) contaminé par le xénomorphe ? Dans Alien Covenant, les humains prennent toujours les mauvaises décisions. Il n’y a aucun personnage fort ou malin comme Ripley. Le scénario les utilise comme appât pour entretenir la terreur et quelques scènes d’action. Ils sont de toute façon mal caractérisés, à l’image d’Oram (Billy Crudup) qu’on devine croyant et peu sûr de lui, mais sans que ce soit approfondi. Ni attachants, ni intelligents les humains font figure de faire-valoir. Les androïdes sont les maîtres du film. C’est le moment de parler de David, le second androïde…

Pas clair…

Allez, je me lance dans un nouveau pavé explicatif ! Tout ça me fait penser qu’un film nécessitant autant d’explications est un film loupé… Sur la planète inconnue, l’équipage rencontre David (Michael Fassbender, bis), androïde ayant survécu à Prometheus dix ans avant, avec le docteur Shaw (Noomi Rapace). David fait le lien scénaristique entre Prometheus et Covenant mais cela s’emberlificote et laisse beaucoup de questions en suspens. David et Shaw avaient fui la planète Prometheus, sur laquelle les xénomorphes avaient détruit la base militaire des « ingénieurs », des humanoïdes très avancés. In fine, les deux survivants avaient isolé des bactéries xénomorphes. Arrivés sur la planète inconnue, celle des ingénieurs, David s'était servi de ces organismes prédateurs pour les anéantir. Pourquoi avait-il fait ça ? Qu’était-il arrivé ensuite au Dr Shaw ? Tout ça n’est pas clair du tout.

Michael Fassbender s’amuse comme un petit fou, sur fond de Wagner et de multiples références artistiques, à jouer Walter et David puis l’androïde survivant, gagnant le droit de nous emmener dans les deux prochains épisodes. Il illustre un thème classique dans la science-fiction, celui du dépassement des humains par les androïdes. Il illustre surtout le thème mythologique de la créature qui se retourne contre son créateur. Sans doute est-ce intéressant mais le film est à ce point coincé entre ses obligations de film de genre efficace et son envie d’aller vers des terrains plus philosophiques qu’il en est bancal et parfois ridicule (la scène de flute). Je garde l’impression que la démarche de Prometheus était une erreur et que Scott n’a pas la dimension d’auteur pour mener un tel projet. Soyons un peu modeste : on voit un film esthétiquement au-dessus de la moyenne mais on ne croit pas à cette salade mythologique mal touillée. A la vision des quatre premiers Alien, jamais il ne m’était venu l’envie de connaître l’origine de ces bestioles-là et de la croiser avec celle de l’Humanité. L’idée était plutôt de jouir d’un excellent film de genre, servi à chaque fois par des formalistes doués (Scott, Cameron, Fincher, Jeunet : belle liste !). Conclusion comme message à Scott : Ridley, arrête les frais !

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