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  • C'était comment 2017 au cinéma?

    Palmarès personnel de l’année 2017: Detroit de Kathryn Bigelow ex-aequo avec Le musée des merveilles de Todd Haynes. Detroit est un grand film éprouvant, faisant d’un fait-divers ancien (Algiers Motel, 1967) la métaphore d’une Amérique raciste, impitoyablement liguée contre sa minorité noire. Le musée des merveilles est une vibrante recherche d’identité, le diorama nostalgique et cinéphile d’un cinéaste en état de grâce.

    Pour le reste, je suis moins enthousiaste ! Je vais débaptiser d’urgence ce blog pour cinéclubdeblasé.hautetfort.com ou monblogdegrossnob.com. Je ne sais pas ce que j’ai eu en 2017, j’ai eu le coup de mou, le chipotage en bandoulière (même pas capable d’adorer Au revoir là-haut !), l’enthousiasme en berne. Autant j’avais la niaque l’année dernière (Julieta ! Toni Erdmann ! Paterson ! Manchester by the sea !), autant 2017 m’a souvent déçu. Donc en cette année très hétéroclite, pas de palmarès exhaustif mais un bilan en blocs thématiques :

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  • Seule la terre (Francis Lee)

    On retiendra qu’en 2017 a été évoqué avec beaucoup de sensibilité le déclin du monde paysan. Grâce à deux films très différents, le spectateur aura ressenti le profond malaise de gens attachés à la terre par tradition familiale. Tandis que Petit paysan d’Hubert Charruel utilisait le registre du thriller réaliste pour nous conter la faillite d’un jeune éleveur, Seule la terre de Francis Lee est une idylle homosexuelle sur fond de paysages rudes et désolés. A la description naturaliste d’un milieu paysan solitaire, Lee associe l’évocation picturale, toute en teintes vert de gris, de paysages magnifiques. Cette terre rude du Yorkshire contraint tellement ses habitants qu’ils n’en voient plus la beauté. Le film débute sur le plan nocturne d’une ferme isolée, suivi d’un plan intérieur sur Johnny Saxby (Josh O’Connor), en train de vomir. C’est de dégoût dont il est question pour ce jeune agriculteur vivant avec son père Martin (Ian Hart) et sa grand-mère Deidre (Gemma Jones). Dégoût d’une vie sans joie, faite de bitures et de coups d’un soir avec de jeunes hommes. La vie de Johnny va changer quand arrive un ouvrier agricole roumain, Gheorghe (Alec Secareanu), venu pour aider pendant la période de l’agnelage (la période de naissance des agneaux).

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  • Coffret Alan Clarke (Potemkine)

    Et si pour Noël, vous vous offriez l’essentiel de la filmographie d’Alan Clarke. Ah ah ah ! Rien de tel que les foudroyants Scum ou Made in Britain, entre le boudin et la bûche, pour se garantir une atmosphère chaleureuse ! Pour les cinéphiles qui ne le connaissent pas, ça sera une belle découverte que ce réalisateur britannique qui a surtout travaillé pour la télévision, la BBC en l’occurrence. Il a réalisé son premier téléfilm en 1967 mais le coffret Potemkine résume sa période « thatchérienne » : Scum, Made in Britain, The firm et Elephant vont de 1979 à 1989. Sans doute le big bang conservateur et ultra-libéral de l’époque, qui a fait des dégâts sociaux considérables, a-t-il marqué cette œuvre remplie de personnages jeunes, haineux et violents. Un autre réalisateur que Ken Loach a donc porté un œil très critique sur l’époque, en adoptant une écriture cinématographique singulièrement différente.

    Alan Clarke est mort en 1990 mais il a laissé un héritage conséquent. Il a fait débuter Tim Roth dans un rôle percutant de skinhead dans Made in Britain et permis à un Gary Oldman d’incarner un terrifiant meneur de hooligans dans The firm. Côté réalisateurs, Gus Van Sant a appelé son célèbre film Elephant comme le dernier de Clarke, son plus radical sorti en 1990 - produit par Danny Boyle ! Au regard des 4 films compilées dans le coffret, on comprendra ce que l’américain doit au britannique en termes de procédés de réalisation. Gerry, Elephant et Last days portent cette influence dans les choix de montage, l’utilisation de la steadycam, l’épure de la narration. Ne pas hésiter donc à écouter les commentaires de la critique et universitaire Andrea Grunert, qui résume les innovations d’un réalisateur principalement télévisuel. Le téléfilm, méprisé en France pour son indigence formelle, était davantage valorisé en Grande-Bretagne. Clarke comme Loach, Frears ou Leigh comptent beaucoup de téléfilms dans leurs œuvres.

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  • 12 jours (Depardon)

    Le nouveau documentaire de Raymond Depardon fait partie de ses œuvres douloureuses à regarder. La réalité sociale qu’il nous montre, désespérante au premier abord, est peu connue du grand public. La loi française impose à des personnes internées en hôpital psychiatrique sans leur consentement que leur situation soit examinée par un juge au bout d’un délai légal de 12 jours. Après avis des médecins, il dépend donc d’un magistrat qu’une personne internée puisse retrouver la liberté, à condition qu’elle soit inoffensive pour la société.

    La majeure partie du film est constituée d’audiences. On retrouve le mécanisme de mise en scène de confrontations, le même que dans 10ème chambre, instants d’audience, où des individus passaient en comparution immédiate devant un juge. De simples champs-contrechamps captaient une relation asymétrique entre des individus et l’institution judiciaire. Les décisions prises avaient de graves conséquences sur des gens complètement démunis. Ce qui se passait à l’écran témoignait de l’impuissance du simple citoyen, délinquant ou non, à se défendre face à une institution toute-puissante. La voix du juge, portant un langage difficile à comprendre, intimidait les justiciables. 12 jours reprend ce procédé de mise en scène d’un rapport de force mais produit un sentiment différent.

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  • Le musée des merveilles (Todd Haynes)

    Quand a commencé le nouveau film de Todd Haynes, j’ai eu le sentiment d’aborder une œuvre bien compliquée. Cela sentait la construction excessivement sophistiquée, cette histoire en parallèle de deux enfants sourds, à 50 ans de distance. En 1927, Rose (Millicent Simmonds), quitte la demeure de son père divorcé pour retrouver à New York sa mère, actrice star du cinéma muet (Julianne Moore) puis son frère chez qui elle s’installe. En 1977, Ben (Oakes Fegley), suite au décès de sa mère (Michelle Williams), part à New York aussi, à la recherche d’un père qu’il n’a jamais connu et dont on lui a toujours caché l’identité. Alors que Rose est sans doute sourde de naissance, le garçon a perdu l’ouïe par la foudre ayant frappé sa maison. Contrairement à la jeune fille, il peut donc parler mais ne s’entend pas. A un contenu qui se prête à du gros mélodrame qui tache se marie une construction dramatique jouant de correspondances entre deux temporalités. On a vu plus simple !

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