Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ciné-club ambulant, voyage en cinéphilie - Page 2

  • Bâtiment 5 (Ladj Ly)

    Jusqu’au titre du film, on perçoit une chute sensible de qualité entre Bâtiment 5, le dernier film de Ladj Ly, et les Misérables qui a tant fait parler. Vue dans une petite salle MK2 la semaine de sa sortie, on comprend que cette dernière production ne connaîtra pas le succès commercial alors qu’elle ne manque ni de moments forts, ni d’un véritable fond. Le point de vue sur la banlieue s’est déplacé du terrain sécuritaire vers celui de la politique. Alors que les Misérables décrivait la cité comme un terrain de jeu viril entre policiers, grands frères, dealers, jeunes, salafistes et gitans, Ladj Ly a peut-être entendu par-ci par-là le reproche de ne pas avoir donné la parole aux femmes. Il le fait au travers du personnage d’Habi (Anta Diaw, excellente), jeune femme qui milite pour l'autonomie des habitants des quartiers face à des politiciens qui les méprisent. Habi ambitionne d’être maire pour changer la vie de ses congénères.

    Lire la suite

  • Killers of the flower moon (Martin Scorsese)

    Il n’y a plus d’adrénaline dans le cinéma de Martin Scorsese. Le dernier shoot date de 2013, de ce Loup de Wall Street gorgé de mauvais goût et férocement satirique. Après cette farce dont je ne me suis pas remis, j’ai dû capituler devant Silence (2016) puis The Irishman (2019) qui à ma grande honte m’ont tiré des bâillements d’ennui. Depuis 10 ans, il n’y a plus de bande-son rock’n’roll ni d’énergie morbide comme dans Casino (1995) mais la violence est toujours là et Scorsese a réussi à renouveler son cinéma, gardant le tragique mais troquant l’énergie animale pour quelque chose de funèbre. Les quasi 3H30 de ce Killers ont le rythme oppressant et l’ampleur d’une série documentaire effrayante, une sorte de Shoah dédié aux indiens d’Amérique. On parle ici de l’histoire véridique du peuple Osage, réfugié en Oklahoma, dont le malheur a été de découvrir du pétrole sur leurs terres. Tiré du livre enquête de David Grann, Killers raconte comment dans les années 20 ce peuple a été victime d’assassinats organisés qui ont conduit à une enquête du FBI.

    Lire la suite

  • Le règne animal (Thomas Cailley)

    La chair qui mute, qui dégénère pour le pire, c’est un thème que j’ai découvert à travers le cinéma de Cronenberg. Dans Rage (1977), une greffe de peau échoue et crée sur le corps d’une femme accidentée un dard assoiffé de sang. Dans la Mouche (1986), le code génétique d’un scientifique fusionne avec celui d’une mouche, provoquant sa longue agonie. La science transforme les corps en un autre chose qui s’apparente au monstrueux. L’humanité pénétrée de technologie accélère la catastrophe de sa propre chute. Dans Le règne animal de Thomas Cailley, remarqué pour l’excellent les combattants (2014), le thème de la transformation est traité de manière plus terre-à-terre et moins tragique que le cinéma glacial de Cronenberg. Centré sur un noyau familial auquel on peut s’identifier facilement (un père et son fils voient leur mère se transformer en animal), il tire son succès (plus de 600,000 entrées en salle) de sa proximité avec le spectateur: nous raconter quelque chose d’inquiétant, tout en utilisant les codes du film de genre (teen-movie, fantastique), de manière positive.

    Lire la suite

  • Les feuilles mortes (Aki Kaurismäki)

    Cela fait quatre ans que la Finlande est en tête du classement des Etats par indice du bonheur. D’après ce World Happiness Report, étude sérieuse menée sous l’égide des Nations-Unis, les Finlandais seraient les gens les plus heureux du monde. Dans les films de Kaurismäki, cela ne se voit et ne s’entend pas du tout !

    Lire la suite

  • Le livre des solutions (Michel Gondry)

    Sommé de s’expliquer par son producteur et ses financeurs atterrés devant les premiers extraits de son film, Marc Becker (Pierre Niney) n’a d’autre choix que d’en voler les images pour fuir Paris et terminer le montage dans les Cévennes chez sa tante Denise (François Lebrun). Il emmène avec lui son assistante Sylvia (Frankie Wallach) et sa monteuse Charlotte (Blanche Gardin). Quelque chose se joue pour Marc loin de la capitale : la préservation de son intégrité artistique mais peut-être davantage, son équilibre personnel rongé par la peur de l’échec et la dépression.

    Lire la suite

  • Yannick (Quentin Dupieux)

    On peut faire dire beaucoup de choses au cinéma de Quentin Dupieux, notamment politiques mais lui-même s’en défend : « Alors, politiquement, je ne pense rien, déjà. Il y a des artistes qui s’en chargent et qui sont parfaits. Mais, comme tout le monde, je vois les infos, je reçois tous les pépins de l’époque, ils viennent à moi. » (lire son interview sur le site Trois couleurs du réseau MK2) Effectivement, son cinéma absurde résonne de choses contemporaines, c’était très net dans Fumer fait tousser (2022), farce power-rangers habitée par l’angoisse de la fin du monde. Mais dans le temps assez court de ses long-métrages, qui durent rarement plus d’1h10, il n’est jamais question de discourir sérieusement en s’appropriant un sujet de société. Il y a toujours le goût prononcé du concept absurde, irréaliste, que le réalisateur se plaît à dérouler jusqu’au bout et qui l’emporte sur tout le reste. Son cinéma est comme un jeu nouveau proposé à des acteurs consentants, dont les spectateurs découvrent les règles au moment de la projection. Nous spectateurs sommes toujours un peu les cobayes du cinéma de Quentin Dupieux.

    Lire la suite