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  • Un jour de pluie à New York (Woody Allen)

    Wonder wheel (2018), pourtant défendu dans ce blog, avait laissé à beaucoup une impression mitigée, voire hostile. Dans ce mélodrame clinquant et chargé, porté par l’excellente interprétation de Kate Winslet, la légèreté cédait le pas à l’aigreur et au pessimisme. Les schémas narratifs semblaient assez usés. Peut-être que les problèmes personnels du réalisateur, sa mise au ban d’Hollywood, causés par de très graves accusations d’agression sexuelle, avaient influé sur l’esprit du film. Un jour de pluie à New York est en comparaison une très bonne surprise. Woody Allen, en se relocalisant à Manhattan, au cœur de la société riche de New York, a retrouvé une vigueur et un registre virevoltant. Scarlett Johansson puis Emma Stone avait déjà régénéré son cinéma. L'utilisation plus affirmée d'acteurs jeunes a stimulé son énergie et sa créativité.

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  • The neon demon: fascination narcotique

    Travellings lents, musique obsédante, froideur robotique des acteurs, lumière de néon, rythme narcotique. Ai-je vu une publicité de deux heures pour Poison d’Yves Saint Laurent ou un remake languissant du clip Paparazzi de Lady Gaga ? The Neon demon a au choix un fort pouvoir de fascination ou d’endormissement. Peut-être était-ce l’objectif. Voisin de l’univers morbide de Bret Easton Ellis, ce film m’a transformé en un de ces personnages de Glamorama perpétuellement défoncé au xanax ou au zoloft. J’ai donc lutté de toutes mes forces pour ne pas sombrer dans l’indifférence et le sommeil.

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  • Somewhere, pas grand chose

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    Sofia Coppola filme les gens qui ont cette malchance de tout avoir sans devoir lever le petit doigt, ces heureux de ce monde qui s’ennuient, comme Marie-Antoinette à Versailles, comme Johnnie Marco à Hollywood. Il n’y a évidemment pas de raison à ce qu’une personne riche et gâtée par la vie soit moins intéressante qu’une personne misérable. Seulement la réalisatrice nous donne suffisamment d’arguments pour ne pas nous passionner pour Somewhere et pour ce genre de personnages en général.

    Succession de saynètes illustrant la solitude de Johnny Marco, star de films d’actions interprétée par le peu charismatique Stephen Dorff, Somewhere ressemble à une adaptation étirée et doucement assoupie d’une nouvelle de Brett Easton Ellis, ce qui n’est guère passionnant mais peut se laisser regarder. Au mythique Château Marmont ou quelque part à Hollywood, l’acteur traîne son ennui, brinqueballé d’une séance de massage qui tourne court à une conférence de presse où on lui pose des questions débiles. Dans cet environnement où les relations humaines sont évidemment superficielles, rien ne se passe de tragique et Sofia Coppola s’en accommode assez bien. Cela donne un film plaisant à voir mais qui manque singulièrement d’intérêt. Les idées de mise en scène étonnent par leur manque d’originalité. Johnnie Marco est souvent filmé en gros plan tandis que quelque chose se passe hors cadre. Mais bien sûr ! C’est pour nous faire comprendre qu’il est en dehors ou à côté des choses. On a aussi droit à la scène qui fait sens, où sa tête entièrement recouverte de latex est filmée en plan fixe pendant quelques secondes, avant que son maquillage enfin terminé ne montre un visage de vieillard. Johnny Marco, si tu n’y prends pas garde, tu seras bientôt seul, vieux et triste ! Il y a un gros plan sur des spaghetti déversées dans une passoire, doit-on y voir un subtil clin d’œil aux origines italiennes de la famille Coppola ou est-ce pour nous dire que manger des pâtes, pour une star de Hollywood, c’est vraiment un signe de déprime ? J’oubliais enfin la première scène, celle qui résume tout : Johnny conduit sa Ferrari qui rentre et sort du cadre, métaphore du héros qui bouge mais en fait, tourne en rond. Je ne décrirai pas la dernière scène qui reprend la métaphore de la voiture qui roule et qui nous fait sortir du film plus indifférent encore qu’on y était entré.

    Le film avance un argument dramatique: la relation père-fille. Johnny Marco a une fille, Cleo (Elle Fanning), dont il doit s’occuper pendant quelques jours. A l’image du reste du film, cette relation est esquissée à traits très légers. Malgré sa grâce juvénile, qui fait penser à la Margot Hemingway du Manhattan de Woody Allen, Elle Fanning est le plus souvent sous-utilisée. La voir pleurer, au bout de 1h15 minutes de film, parce que sa mère est loin et son père toujours absent, produit un microscopique pic d’émotion, qui fait événement. Libre aux critiques inspirés de touiller ensuite dans la biographie de Sofia Coppola et de voir dans cette relation, notamment lorsque Johnny emmène Cleo en Italie, une évocation de sa vie avec son réalisateur de père. Le regard réprobateur qu’elle lui jette après une de ses énièmes coucheries avec une blondasse italienne a peut-être à voir avec ce qu’elle a vécu avec lui mais nous n’en saurons rien. Somewhere doit être jugé pour ce qu’il est, un film frileux, effleurant tout juste les sentiments et l’affect de ses personnages.

    Pourtant, Somewhere aurait pu être drôle. Où que Johnny aille, il y a toujours une fille prête à baiser. Il est une star hollywoodienne, après tout. Il ouvre la porte de sa chambre d’hôtel, sa voisine lui fait de l’œil. Il baisse la vitre de son bolide, une femme le toise de son cabriolet. Il va à une fête, une blonde est là, qui le plan suivant, lui fait l’amour mais il s’endort lamentablement entre ses cuisses. Si la réalisatrice avait exploité toutes les potentialités comiques de cet univers hollywoodien vain, répétitif et souvent absurde, le film aurait gagné une énergie qui lui fait cruellement défaut. Elle s’y est parfois essayé mais sur un mode furtif, léger, qui laisse peu d’empreintes.

    Contrairement à ce qui a pu se dire, Somewhere n’est pas un film prétentieux ou branché. C’est un film restreint, qui dégage une sensation de désinvestissement et de molle fluidité. Il est un peu triste, un peu tendre et parfois un tout petit peu drôle mais cela finalement importe assez peu car il n’est pas grand-chose.