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  • L’île aux chiens (W. Anderson)

    Il se trouve que le cinéma de Wes Anderson n’est pas apprécié ici. A part La famille Tenenbaum et Fantastic Mr Fox bien aimés à leurs sorties mais pas revus depuis, le reste de la filmographie du texan m’a toujours exaspéré. De Rushmore à The Grand Budapest Hotel en passant par La vie aquatique, ce cinéma de playmobil, dans lequel les humains sont ramenés à quelques tics, repose sur une maniaquerie décorative qui provoque plus de migraine que d’enthousiasme. On y entend de plus cette même rengaine du mâle petit génie incompris par des adultes lobotomisés. L’agacement est d’autant plus aigu que les bons acteurs (Adrian Brody, Bill Murray, Tilda Swinton,…) se bousculent chaque fois pour participer au concours du meilleur automate. On aboutit à la conclusion que tous ces moyens, tous ces effets ne nous disent rien d’intéressant ni d’émouvant et que le « génie » de Wes Anderson est celui d’un vieil enfant égocentrique, sûrement collectionneur de babioles ou de jouets vintage. Ce n’est sans doute pas un hasard si passé bien des déceptions, Fantastic Mr Fox et surtout L’île aux chiens m’ont ravi. Ces deux films sont des animations en stop motion (filmage d’objets réels en 24 images par seconde) et font ressortir quelque chose que les personnages inventés par Wes Anderson n’arrivent pas à produire in vivo : de l’humain !

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  • Ciné-club: Man on the moon (Milos Forman)

    Hommage posthume à un réalisateur difficile à cerner. Cinéaste tchèque passé aux Etats-Unis en 1967, remarqué pour Les amours d’une blonde et Au feu les pompiers ! (pas vus) Réalisateur reconnu de deux énormes succès mérités : Vol au-dessus d’un nid de coucous (1975) et Amadeus (1984) mais cinéaste assez peu prolifique finalement : pas plus de trois films par décennie. Milos Forman est-il un auteur ou un brillant artisan ? Il est difficile de trouver une cohérence thématique flagrante dans sa filmographie. On devine une sensibilité à la contre-culture des années 70 (Taking off, Hair, Vol au-dessus…, Larry Flynt) une fascination aussi pour la liberté, celle des génies, des incompris, des dissidents (Amadeus, Larry Flynt toujours, Man on the moon). Avoir vécu derrière le rideau de fer le prédisposait sans doute à se défier des cadres de pensée rigides et autoritaires, tout en gardant une certaine légèreté de ton. Son œuvre n’a pas la noirceur paranoïaque de nombreuses productions du Nouvel Hollywood et Man on the Moon (1999), son dernier grand film populaire – je n’ai pas vu Les fantômes de Goya – montre un entrain comique communicatif tout en nous livrant une réflexion passionnante sur les notions d’identité et de spectacle.

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  • Ready player one (Spielberg)

    Le Steven Spielberg qui pontifie sur les grandeurs de la démocratie américaine n’est pas trop ma tasse de thé. Ses américains optimistes et fiers de leur « grand » pays m’ennuient. Je baille à chaque fois que j’aperçois les bajoues satisfaites du bon Tom Hanks. Le Pont des espions ou Pentagon papers sont plaisants à voir, bien réalisés mais lisses, consensuels. Ce sont des films qui ne se débattent pas : à part les extrémistes, tout le monde est pour la démocratie, la liberté, l’accès à l’information… et quand on sait que l’Amérique est naturellement bonne, généreuse, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

    Il y a deux Spielberg qui m’intéressent particulièrement : celui des fables sombres comme Minority Report, La guerre des mondes ou A.I. Artificial Intelligence (qui aurait pu être un chef-d’œuvre si sa fin n’était si larmoyante !), celui des films d’aventures virevoltants comme Les aventures de Tintin, les premiers Indiana Jones ou ce Ready player one. Il y en a un adulte, inquiet de l’avenir et du monde qu’on nous prépare, un autre qui nous entraîne dans ses rêves épiques de petit garçon. Dans ces deux registres, le robinet à guimauve est fermé et le réalisateur s’acquitte avec brio des séquences d’action.

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  • Les garçons sauvages (Mandico)

    « C’est le roman de Burroughs (paru en 1971) qui est à l’origine de l’idée première du film. De courts passages de celui-ci m’ont guidé : une séquence où de jeunes garçons copulent avec des végétaux hypersexués, puis une autre, encore plus lyrique, où ils s’en vont conquérir le monde. J’ai imaginé des boutures improbables avec des récits d’aventure à la Jules Verne. » (Interview de Bertrand Mandico dans Libération du 27/02/2018)

    Les garçons sauvages est un film diablement original, pas de doute. Mélanger le Jules Verne de Deux ans de vacances, la violence adolescente d’Orange Mécanique et l’œuvre de William Burroughs (The Wild boys) donne un film qui ne ressemble à rien de connu. Bertrand Mandico est présenté dans ses diverses biographies comme un artiste travaillant sur l’hybridation des genres. Son programme un peu « monstrueux », bien qu’imparfait sur la durée, est d’une belle audace dans le cinéma français actuel. Ajoutons que les effets spéciaux, comme ces plantes qui bougent ou ces végétaux « vivants » donnent au film le côté artisanal du cinéma muet.

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