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  • Le daim (Quentin Dupieux)

    Dans Dillinger est mort de Marco Ferreri, la découverte d’un pistolet emballé dans un journal finit par donner des envies de meurtre au personnage de cadre supérieur joué par Michel Piccoli. Dans Breakup – érotisme et ballons rouges (quel titre !), c’est un industriel joué par Marcello Mastroianni qui obsédé par le gonflement de ballons de baudruche perd la tête et se suicide. Il faut redécouvrir l’œuvre de Ferreri après celle de Buñuel. Derrière la façade de normalité et prospérité se cachent la folie, l’aliénation et la barbarie. Quentin Dupieux qui n’a pas inventé l’absurde au cinéma serait un héritier de ce cinéma-là tant son œuvre travaille l’obsession et les situations absurdes. Il l’a dit en interview à Libération : « En fait, Buñuel est tellement fondamental que je trouverais anormal de ne pas passer par lui. » A la vision du Daim et aux souvenirs de Rubber et de Réalité, on devine aussi une forme de discours et d’auto-analyse sur sa propre condition de créateur dans le cinéma.

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  • Cinéclub: Saint Jack (Peter Bogdanovich)

    Les raisons de révérer Peter Bogdanovich tiennent aux deux films vraiment délicieux que sont The last picture show (1971) et Papermoon (1973). Ces œuvres sont à placer haut parmi celles du Nouvel Hollywood, grande période de régénération du cinéma hollywoodien qui a vu éclore Scorsese, Coppola ou De Palma. Sa filmographie plus tardive est moins convaincante mais Saint Jack (1979), produit par Roger Corman et financé par Hugh Hefner, fondateur de Playboy (!!!) n’est pas dénué d’intérêt. Les rééditions en grande pompe en DVD – je vois passer des pubs sur le coffret Carlotta – et la diffusion cette semaine sur Arte ne m’ont pas fait considérer le film comme un chef-d’œuvre. Alors qu’il a le charme de son atmosphère, j’ai trouvé ses 1H50 longuettes, son récit très en retenue manquant de piquant dramatique pour m’emporter.

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  • Parasite (Bong Joon-ho)

    La dernière Palme d’or est une comédie ! La catégorie « comédie » rassemble tellement de films médiocres aujourd’hui qu’on en oublie qu’il peut y en avoir de très bonnes. Or Parasite en est un exemple brillant, disons-le tout de suite. On dit toujours que Bong Joon-ho jongle avec maestria avec différents genres mais la plupart de ses films ont une tonalité comique prononcée. Que ce soit Memories of murder, Mother ou The host, on se retrouve sans cesse en face de personnages qu’on aurait du mal à qualifier de héros. S’il décrit les tares de ses contemporains, il ne les accable pas de mépris ou de cynisme. Qu’ils soient pauvres ou riches, victimes ou coupables, ils sont d’abord des humains piégés par un jeu social impitoyable. Ce réalisateur n’a pas peur de souligner par le rire le ridicule ou la cruauté de la société coréenne. Bong Joon-ho dit aimer Chabrol mais il me fait beaucoup penser aux cinéastes italiens des années 60-70, les Risi, Monicelli ou Scola. Parasite et son récit d’une famille pauvre qui « parasite » une famille riche, ce serait une rencontre bouillonnante et tragicomique entre la Cérémonie de Chabrol, The servant de Losey, Théorème de Pasolini et Affreux, sales et méchants de Scola.

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  • Douleur et gloire (Pedro Almodovar)

    A l’heure de la reconnaissance – on diffuse son film Sabor à la filmoteca de Madrid – le cinéaste Salvador Mallo (Antonio Banderas) revoit les images de son enfance et croise les personnes qui ont compté dans sa vie. Grâce à Salvador, Pedro Almodovar fait son introspection douloureuse. L’homme est seul, fatigué et hypocondriaque. Des médicaments soignent ses douleurs physiques et morales. Filmé au fond de la piscine, il est littéralement au fond du trou. Il écrit un peu mais n’a plus la force de tourner.

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