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jessica chastain

  • Le grand jeu (Aaron Sorkin)

    Voilà un biopic réalisé par le scénariste de Steve Jobs et de The social network. Celui-ci nous raconte comment Molly Bloom (Jessica Chastain), ex-championne de ski, est devenue une organisatrice de pokers clandestins auxquels participaient célébrités, hommes d’affaires et malfrats. Son ascension, sa chute, sa rédemption. Avant d’entrer dans les détails du film, je me pose la question : qu’a fait Molly Bloom d’exceptionnel pour qu’on lui consacre 2H20 de film hollywoodien ? A-t-elle fondé un empire économique ? A-t-elle filouté des millions d’honnêtes citoyens ? Est-elle comme le Jordan Belfort du Loup de Wall Street le symbole d’un système corrompu ? Non, les enjeux de ce grand jeu ne semblent pas se situer dans la condamnation morale ou la critique d’un système. On parle ici d’un parcours personnel exceptionnel.

    Mark Zuckerberg a fondé Facebook suite à un échec amoureux. La destinée de Steve Jobs est liée à un traumatisme originel. Ici Molly Bloom, programmée pour être une championne, se réinvente en maîtresse de jeu suite à un accident qui a brisé sa carrière de skieuse. Comment un événement fondateur engendre la réussite fulgurante de personnes intellectuellement brillantes mais solitaires. Comment les capacités stratégiques, doublées d’un sens absolu du contrôle permettent à des outsiders de devenir des winners. Mais la win a un goût amer : Sorkin fait le portrait de gens à la destinée exceptionnelle mais malheureux, sans amis. Bon, d’accord le système scénaristique est connu / rodé mais est-ce que ce sont là des raisons suffisantes pour aller voir Le grand jeu ?

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  • A most violent year: a most tepid film

    New York, 1981. L’atmosphère de la ville est viciée par le crime. Abel Morales (Oscar Isaac) est un entrepreneur en fuel qui essaie de s’imposer dans un secteur aux pratiques mafieuses. Ses camions sont braqués, ses chauffeurs agressés mais Abel tient bon. Il ne se salira pas les mains, il ne fera rien qui pourrait compromettre son affaire et son projet d’expansion. Il restera propre malgré les pressions de son épouse (Jessica Chastain) et de son avocat (Albert Brooks). L’ancien immigré latino parti de rien a en plus un procureur aux fesses (David Oyelowo). Mais il fera tout pour rester honnête et démasquer ceux lui veulent du mal.

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    Al Pacino constipé

    Sur l’affiche, il est dit « Magistral » (Télérama) et la majorité de la critique française chante les louanges de A most violent year de JC Chandor. Il est frustrant de sortir d’une salle de cinéma et de se dire « c’est ça, le chef d’œuvre de l’année ? » Rien de trépidant dans ce film que j’avais envie d’aimer parce qu’il invoque Sidney Lumet (Prince of the city, Serpico), un peu le Parrain,  James Gray, Al Pacino - auquel Oscar Isaac fait penser. Mais rien ne m’a vraiment captivé dans ce film, succession linéaire de scènes dialoguées dans lesquelles Abel, mécaniquement, s’en tient à son éthique et à sa panoplie de self-made-man respectable. Il n’y a rien de mal à décrire un personnage honnête mais encore faut-il nous faire comprendre pourquoi il s’en tient à ses principes contre vents et marées. Quel est son moteur ? Qu’est-ce qui l’incline à rejeter la violence et les magouilles alors que ce sont les règles du jeu ? Emprisonné dans son rôle, Gregory Isaac en est réduit à serrer les dents et à jouer comme un Pacino constipé. Il en devient ennuyeux, exagérément raidi dans son costume d’homme intègre. Face à lui, Chandor avait un personnage en or, celui d’Anna, l’épouse d’Abel, dont le père est un mafieux. C’est un élément sous-exploité alors qu’on la devine clé dans le parcours d’Abel et dans l’intrigue. Mais Anna reste en pointillé, toujours au second plan. Elle aurait dû être le grain de sable, l’étincelle qui fasse péter le couple mais le scénario désamorce toute explosion. D’ailleurs, il n’y a dans le film aucune scène qui prenne aux tripes.

    Retenu, étouffé,...

    Je retiens la beauté de nombreux plans et mouvements de caméra, comme celui embrassant d’abord les buildings de New York puis les rives de l’Hudson. L’aspect artistique du film est soigné mais ça ne suffit pas. D’un film qui évoque une année parmi les plus violentes, j’attendais à minima de la tension, de l’énergie, du fuel ! Or rien n’est intense dans la mise en scène de JC Chandor, tout m’a paru retenu, étouffé, constipé comme s’il ne fallait surtout pas imiter les anciens, les Scorsese, Friedkin, chroniqueurs  percutants et déjantés de la violence new-yorkaise. On me rétorquera que c'était l'intention. A most violent year évoque une transition douce, un passage symbolisé par Abel, entre le New York de French connection, violent, sale et cafardeux et la mégapole du capitalisme reaganien, en apparence plus propre, plus respectable. Abel symbolise une nouvelle génération d’immigrés intégrés car convertis aux affaires et à la légalité. JC Chandor est un type capable (Margin call, vraiment bien) qui dit des choses intelligentes mais avait-il besoin de faire un film aussi mou pour nous les faire comprendre ?

  • Zero Dark Thirty

    Disons que l’enjeu narratif de Zero Dark Thirty est la capture de Ben Laden mais que ce qu’exprime le film dépasse largement cet événement. Le premier plan est un écran noir d’où résonnent les échos catastrophés du 11 septembre 2001 et les voix de victimes prises au piège des tours. L’un des  derniers plans, situé après le 2 mai 2011, jour de la mort du terroriste, montre Maya (Jessica Chastain), l’agent de la CIA qui a réussi sa capture, pleurant toute seule dans un avion qui la ramène aux USA. L’héroïne, la « tueuse » comme on la décrit, craque. Ben Laden éliminé, elle peut faire son deuil. Le pays surmonte a minima l’affront qui lui a été fait.

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