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  • Dark Waters (Todd Haynes)

    A mes yeux de cinéphile, Todd Haynes a le privilège de faire partie d’une caste dorée, celle des quelques réalisateurs américains qu’on peut qualifier sans rougir d’auteurs. Un auteur marquant à côté de quelques autres de sa génération (Paul Thomas Anderson, les frères Coen, Jarmush, Wes Anderson, Tarantino, Van Sant). Sa filmographie se distingue par sa sophistication esthétique et son sens de la reconstitution, évidents dans des films comme Carol, Loin du paradis ou Le musée des merveilles. J’avais été touché aussi par Velvet Goldmine, déclaration d’amour au glam rock de David Bowie et Roxy Music.

    D’un point de vue thématique, Haynes est un cinéaste des identités multiples et contradictoires, ses personnages ont plusieurs visages comme Bob Dylan dans I’m not there (incarné par cinq acteurs différents) et des déchirements comme Carol, à la fois épouse modèle et lesbienne. Haynes est un auteur typiquement américain en ce qu’il utilise des images fortement reconnaissables et stéréotypées de son pays (l’Amérique des années 50 par exemple) pour mieux en explorer les failles et les tourments. Dark Waters a été considéré à sa sortie comme un film insolite dans son œuvre. C’est un film dossier basé sur des faits réels mais qui reste fidèle à ses préoccupations. Rob Bilott, incarné par le toujours bon Mark Ruffalo, est un personnage typiquement « haynesien ». Cet homme devait suivre un destin déjà écrit avant de dévier de sa trajectoire.

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  • Cinéclub: Le Rebelle (King Vidor)

    Regarder Le Rebelle de King Vidor, film datant de 1949, c’est découvrir ce phénomène proprement américain qu’est Ayn Rand. De son nom Alissa Zinovievna Rosenbaum, cette immigrée née en Russie, arrivée en 1926 aux USA, ayant travaillé comme scénariste à Hollywood, est devenue l’écrivain le plus vendu et le plus culte aux Etats-Unis depuis la parution de son roman The Fountainhead (La source vive) en 1943, dont Le Rebelle est l’adaptation. Suivront Atlas shrugged (La grève), roman fleuve vendu à des millions d’exemplaires puis des essais comme La vertu de l’égoïsme, qui résume bien sa philosophie. Rand est une des inspiratrices du libertarisme américain, mouvement politique chérissant la liberté individuelle et prônant un état minimal, garant de la propriété privée. Les « vertus » de l’égoïsme et de la liberté parlent aujourd’hui à nombre de milliardaires comme Jeff Bezos, Richard Branson, les frères Koch ou Rupert Murdoch.

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  • Histoire d’un regard (Mariana Otero)

    La vie du photoreporter Gilles Caron, interrompue à seulement 30 ans, avait de quoi nourrir un passionnant biopic. On l’a vu récemment avec Sympathie pour le diable consacré à Paul Marchand : le reporter de guerre fait d’excellents personnages romanesques et ambigus. Ils sont toujours acteurs des conflits qu’ils couvrent, autant horrifiés par ce qu’ils voient que stimulés par l’adrénaline de l’action. Gilles Caron, photographe à l’agence Gamma, a connu en peu de temps la Guerre des Six jours, le Biafra, le Vietnam et la guerre civile en Irlande et au Tchad. Il a aussi couvert Mai 68 à Paris et de nombreux événements mondains et politiques qui constituaient le quotidien de son métier.

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