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L’échange des princesses (Marc Dugain)

Non, L’échange des princesses n’est pas un dérivé de Secrets d’histoire de Stéphane Bern. Les décors et les costumes sont certes magnifiques, grâce à la photographie de Gilles Porte mais on ne peut pas dire que ce somptueux enrobage exalte les splendeurs perdues de l’Ancien régime, au contraire ! Ici, un épisode historique peu connu révèle les aspects les plus tragiques des pratiques dynastiques, dans l’Europe du XVIIIème siècle. Le film de Marc Dugain est une adaptation du roman éponyme de Chantal Thomas, se déroulant pendant la Régence.

En gage de paix et de concorde entre les royaumes de France et d’Espagne, Philippe d’Orléans (Olivier Gourmet), propose à Philippe V de Bourbon (Lambert Wilson), un échange de deux princesses, qu’il accepte. La petite Marie Anne Victoire de Bourbon, 5 ans, héritière de Philippe V épousera le futur Louis XV, 11 ans. Quant à la fille du Régent, Louise-Elisabeth de Montpensier, elle se mariera au prince des Asturies, Louis 1er, adolescent comme elle. Peu importe que le spectateur retienne les détails des généalogies et des enjeux de géopolitique. L’échange des princesses nous montre avec soin le drame d’enfants écrasés par la volonté des adultes. Leurs sentiments ne comptent pour rien dans les affaires des royaumes.

Innocence bafouée par le monde adulte

On ne nous convie donc pas à un spectacle épique mais à une histoire intime qui reste dans le secret des antichambres, des cabinets, des appartements royaux. L’échange des princesses est un drame psychologique qui s’apprécie par ses nombreux dialogues et la théâtralité de ses personnages. Si la prestation neutre d’Olivier Gourmet n’a rien de mémorable, Lambert Wilson joue avec délectation un souverain imprévisible, balançant entre exaltation et découragement. Chaque jeune acteur compose avec beaucoup de justesse une forme d’innocence bafouée par le monde adulte. Igor Van Dessel est un jeune Louis XV taciturne, privé par la mort de l’affection de ses parents. Juliane Lepoureau est une innocente de 5 ans attachée à ses poupées, dont l’entourage de Louis XV se plaint qu’elle ne soit en âge de procréer ! Kacey Mottet Klein est en Louis 1er un puceau fébrile, accablé par ses obligations d’époux. Anamaria Vartolomei joue en Louise-Elisabeth une jeune femme vive et insolente, contrainte à se donner à un jeune homme qu’elle n’aime pas.

Cette distribution juvénile fait l’intérêt du film, on voit finalement assez peu de films historiques mettant en scène des enfants et leurs souffrances. Il est question ici de l’apprentissage du sexe et de la mort par des innocents. Dans des temps d’épidémies féroces (peste, variole) qui déciment jusqu’aux familles royales, ces enfants ont le devoir accablant de perpétuer leurs lignées. L’obscénité de leur situation ne leur sera jamais dissimulée. A voir la façon dont les familles royales traitaient les enfants, sans aucune tendresse, on se dit qu’elles ne pouvaient bien traiter leurs sujets. Mais le film rate hélas ce lien avec les peuples. La petite bergère qui surprend Louise-Elisabeth dans la forêt, est très vite évacué du plan.

Il y a une belle concordance entre l’histoire de ces enfants et celle de l’après Roi Soleil. Il ne reste quasi rien du « Grand Siècle ». Versailles est vide. Les jardins et les appartements sont déserts. La sympathique princesse Palatine (Andrea Ferreol), autrefois mariée au frère de Louis XIV, est un des derniers vestiges de cette époque. La régence est une période de transition pour le royaume français. Ce royaume prestigieux qui a rayonné sur l’Europe est confié à des adolescents. Le tout jeune Louis XV est entouré d’une cour de jeunes cons (insupportable Condé !) qui ne pensent qu’à baiser !

Manque d’audace dans les descriptions

Marc Dugain a réussi à donner vie à ses personnages et à rendre palpable la cruauté de la vie de cour. Toutefois, on aurait aimé davantage d’ampleur historique et d’audace dans ses descriptions. Deux personnages emblématiques ont été à peine développés : le jouisseur Philippe d’Orléans (Gourmet) et la bigote reine d’Espagne (Maya Sansa). Il manque donc à cette histoire habilement reconstituée les souffles contradictoires de la décadence et de la répression religieuse ! En outre, cet échange de princesses est censé assurer la paix entre deux royaumes ravagés par les guerres et les épidémies. On l’entend mais on voit si peu ce qui se passe en dehors des palais qu’on se demande à la fin pourquoi tant d’efforts pour ces unions. Il est dommage que le film ne donne pas une image plus consistante des deux royaumes, de leur état de misère et d’injustice.

A côté du polisson et politique Que la fête commence… de Bertrand Tavernier (1975), qui décrivait l’ambiance décadente de la Régence et annonçait la Révolution française, L’échange des princesses, travaillant par petites touches et par allusions, se révèle assez timide. Les limites de son budget ont paraît-il rogné les ambitions du film, qui a néanmoins de belles qualités à faire valoir.

Commentaires

  • Bonjour,
    Nous avions une idée folle : faire un long-métrage avec 10’000€... challenge accepted ! Le film sort au cinéma le 24 Janvier. Ça vous dirait de parler du film?
    http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19575682&cfilm=261139.html

    N’hésitez-pas à me contacter si vous avez des questions.

    Excellente soirée,

    Nadia Van de Ven
    www.nadiavandeven.com

    www.cachecachelefilm.com

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