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The Warriors (Walter Hill)

Walter Hill encore sur notre site : après le savoureux Southern comfort (1981) et The driver (1978) évoqués ici, voici The Warriors (1979) ! Avec ces premiers films, Walter Hill, moins une référence en France que John Carpenter pour le cinéma de genre, se montre un petit maître du film d’action sans grands moyens ni stars. Par son budget modeste,  son ambiance et son scénario calqué sur le western, The Warriors est proche d’un film comme Assaut (Assault on precinct 13), réalisé en 1976, qui montre aussi des gangs de jeunes délinquants. C’est un pendant new-yorkais du film de Carpenter qui lui se déroule à Los Angeles. Ici, tous les gangs convergent vers le Bronx pour écouter le chef du gang dominant, les Riffs. Mais le congrès des petites frappes ne se passe pas comme prévu et les Warriors, menés par Swan (Michael Beck), sont pris en chasse par tous les loubards de la ville. Pour rentrer chez lui à Coney Island, le petit groupe doit traverser tous les quartiers de la ville à ses risques et périls. C’est le Far west avec les autres bandes jouant le rôle des indiens et les flics en embuscade qui sont comme des tuniques bleues.

Une ode aux petites frappes

En quoi The Warriors est-il un « petit film » ? Il n’emploie aucune star mais de jeunes comédiens qui ont de la gueule comme Michael Beck, James Remar ou Marcelino Sanchez. De plus, il n’est pas farci d’explosions ou de cascades dispendieuses, Joel Silver, déjà producteur à l’époque  avait sûrement un œil sur les comptes, ce qui semble lui avoir réussi par la suite (il a produit Matrix, V for Vendetta, Predator, 48 heures…). Le film n’est pas taillé pour les cinémathèques ou les festivals prestigieux mais pour les salles « bis » et les collectionneurs de VHS. En quoi The Warriors est-il un film délectable (pas un grand film) ? Grâce à son ambiance nocturne magnifiée par la photographie d’Andrew Laszlo. New York by night, c’est une ville lumineuse mais aussi sale et dangereuse. Les nocturnes colorés éclairent les rames de métro vétustes, les graffitis, le labyrinthe des couloirs, les parcs et les rues désertes laissés à la loi des gangs. Il y a aussi un défilé de costumes extravagants qui attrapent l’œil du spectateur. Les mecs ont des dégaines stylées: peaux rouges, skinheads, teddy boys, bumpers, karatékas etc. The Warriors, c’est une ode aux petites frappes ! Voilà un film qui en plus ne fait pas des jeunes un troupeau de sadiques mais de guerriers sexy et multi-ethniques. Ils ont des belles gueules juvéniles. Ils sont solidaires de leurs copains de bande. Il y a même des filles et elles n’ont peur de rien.

Contenu politique

Le début est un modèle de montage: convergence des gangs vers le Bronx, flash-back rapides pour expliquer, défilé de costumes et de gueules, métros qui foncent… l’inquiétude est palpable : Cyrus, le boss des Riffs, convoque 20,000 voyous pour leur exposer ses plans. Après tout se délite dans une magnifique séquence, très dynamique, où tous les voyous fuient comme des rats. Seule compte la survie : il faut traverser New York sans se faire dérouiller. Le filmage tendu de Walter Hill, aidé par la musique du duo Joe Walsh / Barry de Vorzon, joue  à fond la carte de la jungle urbaine. Y a-t-il un contenu politique à ce film fun ? C’est en pointillés. Cyrus, leader noir, projette de contrôler New York grâce à cette armée de jeunes blancs, noirs, latinos, chinois, ritals. Une jeunesse pauvre qui prend le pouvoir et qui emmerde les flics, ça n’est pas courant dans un film américain. C’est un échec hélas car la violence prime dans les rapports entre individus et entre groupes - on est aux États-Unis tout de même ! Mais ces petits voyous sont bien différents de ceux de Carpenter dans Assaut ou de ceux de L’inspecteur ne renonce jamais (avec Clint Eastwood) : le scénario ne leur dénie pas leur humanité ni leurs aspirations. Avant les années Reagan et à l’époque des revenge movies avec Charles Bronson, voilà un film de genre rafraichissant qui apporte une touche légèrement dissonante, dans un contexte urbain ultra-violent.

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