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Electric Boogaloo (2014): l'enfance du nanar

En 1985, avec Yannick et Steve, copains de CM1, nous mettions en commun notre argent de poche pour louer au vidéoclub du quartier des films de ninjas. Des productions assez mauvaises dont les pochettes étaient plus excitantes que l’histoire, souvent poussive. Les mecs lançaient des shurikens (étoiles japonaises très tranchantes), et la star s’appelait (souvent) Michael Dudikoff. Nous n’étions pas exigeants ni cinéphiles, pas encore pour ma part. Nous ne savions pas que beaucoup de ces films sortaient de la Cannon, compagnie fondée par Menahem Golan et Yoram Globus. Parmi les chefs d’œuvre produits par ces deux israéliens passionnés de cinéma, il y eut aussi la série des Portés disparus avec Chuck Norris, Delta Force (avec Norris et Lee Marvin quand même) et puis le Justicier dans la ville, revenge movie facho ayant permis à Charles Bronson de payer ses factures. Ils ont même lancé JCVD avec Cyborg !

Films low cost

Voir le documentaire Electric Boogaloo de Mark Hartley, c’est découvrir une fantastique aventure cinématographique, celle des navets (rarement plus de 5/10 sur IMDB) et des direct to videos pimentés de sexe et de violence dont les moins honteux continuent à faire carrière sur RTL9. La Cannon faisait honte à Hollywood et il y avait de quoi. Le film est rempli à ras-bord d’extraits dont certains sont tellement tordants qu’ils donnent envie de se faire une soirée pizza en leur compagnie. Lou Ferrigno en Hercule ! Dolph Lundgren en Musclor ! On a peine à croire que Faye Dunaway ait joué dans la Dépravée (1983), nanar à costumes de Michael Winner très porté sur la fesse ou que Mathilda May ait été la vedette ultrasexy de Lifeforce (1985), grosse production culte de Tobe Hooper. Menahem Golan, le cinéphile du duo (Globus étant le businessman), avait le don pour produire à la chaîne des films décrits par un des participants de la saga, comme des « Frankenstein », assemblages monstrueux d’éléments qui ne vont pas ensemble. La Cannon excellait dans la production de films low cost qui passaient dans les salles bis du monde entier. Mais la grenouille, dopée par sa réussite, s’est vue plus grosses que le bœuf et elle n’a pas eu les exigences de qualité artistique permettant de monter en gamme. Quand elle l’a fait, comme pour Barfly de Barbet Shroeder ou Runaway train de Konchalovsky, personne ne la prenait au sérieux. Le documentaire prête un œil goguenard aux témoins de l'aventure Cannon mais n'enfonce jamais Golan et Globus, véritables entrepreneurs et amoureux du cinéma, sans doute trop pressés et instinctifs pour peaufiner leurs films. Certes ils ont produit l'Aventure africaine avec un nain déguisé en singe mais aussi Love streams de John Cassavetes!

20 ans d’avance sur Hollywood

Ce qui fascine dans cette saga drôle et percutante, c’est que le duo avait 20 ans d’avance sur le Hollywood d’aujourd’hui. Quand on voit les extraits navrants de Masters of the Universe, de Supermen IV ou d’Over the top (avec Stallone), on se dit qu’avec des scénarios plus tenus, de bons techniciens à la réalisation et une attention portée à la finition, cela donne les blockbusters d’aujourd’hui et toute cette production à la chaîne de suites, prequel, sequel et reboot. Golan et Globus auraient pu produire les Transformers. Sauf que cette industrie se prend terriblement au sérieux alors que la Cannon, pourvoyeuse de films pour grands enfants, renvoyait à une forme d’innocence très touchante.  C’était débile mais que de scènes mythiques pour cours de récréation.

 

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