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  • Inception, entre blockbuster boum-boum et sous-Matrix prétentieux

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    L’inception est une technique permettant d’implanter une conviction ou une idée fixe dans l’esprit de quelqu’un en s’introduisant dans ses rêves. S’il veut revoir ses enfants et rentrer aux USA où il est recherché par la justice, Cobb (Leonardo Di Caprio) doit introduire une idée dans l’esprit d’un jeune héritier milliardaire, pour le compte d’un industriel japonais. Il pourra alors rentrer au pays.

    Malgré un premier quart d’heure intrigant, on flaire vite le concept séduisant qui va s’engluer dans le conventionnel. En effet, le film s’engage dans une fuite en avant stérile, entre blockbuster boum-boum et sous-Matrix prétentieux. Les rêves qu’on peut superposer et imbriquer constituent une très belle idée de scénario, une mine de chausse-trappes. La matière même du rêve est riche de visions et d’angoisses. Ces aspects-là ne seront que peu exploités par Christopher Nolan. Tout comme ces grandes architectures visuelles qu’il déploie sous nos yeux, belles mais sans épaisseur, son film ne cache pas grand chose, n’emmène pas très loin, émeut peu. Au lieu de construire un déroutant dédale fantasmatique, l’artificier a assemblé quelques pièces de lego, les a balancé dans un grand seau et secoué frénétiquement, comme un moutard surexcité par ses nouveaux jouets. On a le droit à des scènes d’action utilisant décors variés, montage saccadé et ralentis, comme dans n’importe quel James Bond. On se fiche complètement de l’inception en question (cette fade histoire d’héritier), elle n’est que le paravent d’une histoire intime, entre Mall (Marion Cotillard) et Cobb qui nous joue pour la millionième fois le père séparé de ses enfants et obsédé par sa femme (disparue ? morte ? partie ?). Une histoire de papa-maman déjà vue dans Shutter Island avec le même Di Caprio et qui s’achèvera par les retrouvailles avec deux petits enfants blonds ! Mais comme Nolan est un « surdoué » et qu’on ne la lui fait pas, c’est peut-être un rêve que Cobb a créé pour se cacher la réalité, donc mystère et boule de gomme...

    Outre le fait que ce film met des moyens considérables au service d’un enjeu microscopique (« rentrer à la maison pour revoir Fifi et Loulou »), on est surpris par moment de la quantité de dialogues censés nous faciliter la compréhension de l’intrigue. Pour l’occasion la pauvre Ellen Page (cf.  Juno) a été transformée en commentatrice effarée de tout ce bordel, une sorte de traductrice pour sourd-muet d’un programme qui va trop vite pour elle. Ce besoin de baliser ce qui peut l’être répond en tout point aux exigences d’un film hollywoodien. Surtout ne pas se perdre. On n’est pas dans le croisement monstrueux entre Mulholland Drive et Mission Impossible. Nolan n’est pas un Lynch qui aurait appris le maniement des armes. Il est le réalisateur d’un film tout en imagerie et faux nez esthétiques, qui a trop peur de larguer son spectateur pour être vraiment troublant.

    Je m’étonne que cette prétentieuse camelote ait autant de succès et surtout me pose la question : que peut-il bien rester d’un film si artificiel quelques semaines après l’avoir vu ? Inception n’arrivera en tout cas pas à réaliser sa propre inception dans mon cerveau. Il n’y restera pas longtemps.