John Huston
Les aigles de la république (Tarik Saleh)
« Tu passes ton temps à jouer la comédie » lance la jeune Donya (Lyna Khoudri) à son amant George Fahmy (Fares Fares). Aussi célèbre soit-il, tout le monde dans l’entourage de George, superstar du cinéma égyptien, semble douter de sa sincérité. On ne sait pas ce qu’il pense mais on sait qu’il joue beaucoup. En tant que privilégié, George fréquente les bars, les hôtels, les palais et en tant que chrétien copte séparé de sa femme et buvant de l’alcool, il peut se donner l’illusion d’être libre, inclassable, à la limite de l’insolence vis-à-vis du pouvoir politique ou de la censure islamique qui passe ses films au crible. Il incarne malgré lui les contradictions d’une population qui balance entre l’aspiration à la liberté et l’allégeance aux pouvoirs de l’armée et de la religion. Le film s’ancre dans l’Egypte moderne et urbaine et se fait écho à des droits individuels. Le récit est censé se dérouler au Caire mais le film a été tourné à Istanbul, métropole dont on perçoit pareillement le gigantisme et la modernité, que ce soit dans de larges plans aériens ou dans l’ambiance nocturne de quartiers animés.